Cycle 1996-1997 : La modernité – 5

5) Les femmes : un défi pour la modernité ?

de Françoise GASPARD, le 21 novembre 1996

Dans sa conférence d’introduction Pierre Chaunu, définissant les grandes lignes de la modernité et en cherchant le sens, a été conduit à distinguer deux temps dans la modernité: d’abord la modernité dans l’esprit puis, plus tardive, la modernité dans les faits. Peut-être, concernant notre sujet, cette distinction a-t-elle quelque pertinence. On s’aperçoit en effet que, dans l’ordre des idées, la place des femmes dans la société et leur rôle furent d’abord conçus, vécus et théorisés en quelque sorte comme une anti-modernité. Et que, dans l’ordre des faits, ce ne fut que très peu à peu que la modernité finit par se réaliser au bénéfice des femmes.

Mais peut-être convient-il pour commencer, lorsque nous parlons de modernité, de bien définir les mots que nous utilisons.

La modernité pré-démocratique

Nous entendrons ici par modernité le modèle de construction sociale, économique, idéologique et politique qui s’est mis en place dans les sociétés occidentales au tournant du 18e siècle. Ce modèle, on le sait, a débouché sur ces importantes ruptures que furent les révolutions, à l’origine desquelles on trouve le rejet de sociétés dont la hiérarchie était fondée sur la naissance et sur le sang. Dès le milieu du 18e siècle, les « ordres » avaient été dénoncés comme archaïques et comme un obstacle au développement naturel de la société.

Les transformations économiques – on parle dès ce moment-là, même si elle ne se passe pas au même moment dans tous les pays occidentaux, de révolution industrielle – ces transformations exigeaient une plus grande fluidité sociale. Elles préparent la naissance de sociétés urbaines. Elles annoncent la fin des terroirs, avec leurs communautés repliées sur elles-mêmes, relativement coupées du monde environnant dès lors que la distance dépasse quelques dizaines de km. À la société morcelée se substitue une société unifiée et, il faut y insister, unifiée au plan du droit comme au plan de la culture. Au-delà  des transformations économiques et sociales, la philosophie des « Lumières » invente ainsi une nouvelle conception des rapports entre les personnes. Après les révolutions anglaises (déjà ancienne) et américaine (toute récente), la Révolution française fait surgir l’idée de citoyenneté nationale.

Ainsi brièvement résumé, ce système nouveau, que nous nommons modernité, s’identifie, sans totalement le recouvrir, au concept de démocratie, dont il marque l’émergence. Pour reprendre des expressions de Durckheim, les révolutions politiques de la fin du 18e siècle permettent aux individus d’échapper aux solidarités « mécaniques » pour entrer dans l’ère des solidarités « organiques ». Echappant ainsi à une société où l’individu était d’abord essentiellement défini comme membre d’une famille, d’une tribu, d’un groupe fermé, celui-ci devient le sujet d’un univers plus vaste, capable et libre de choisir ses appartenances.

En d’autres termes, la Révolution française inscrit, au niveau du droit comme à celui de l’organisation sociale et politique, la notion même d’individu. Nous sommes les héritiers de cette histoire qui a vu naître ce que l’on pourrait appeler une modernité « pré-démocratique ».

La place des femmes dans cette histoire

De cette histoire les femmes, comme on le verra, ne sont pas absentes.

Mais à l’occasion de cette histoire, curieusement, elles furent privées de la citoyenneté. Il faut s’interroger sur les fondements de cette séparation des femmes et des hommes, d’autant qu’il s’agit d’une exclusion qui perdure aujourd’hui encore dans les sphères du pouvoir, alors même que les lois ont changé et qu’aujourd’hui les femmes et les hommes sont considérés comme bénéficiant de droits égaux.

Comprenons-le bien: la condition, la situation, le statut des femmes, ont été, depuis la Révolution, un enjeu central de la modernité. Il n’y a pas une « question des femmes », parmi d’autres questions. La question des femmes est centrale. Elle est centrale dans notre évolution sociale et dans la constitution de ce que l’on nomme la modernité. Ce n’est d’ailleurs pas simplement une question occidentale, les évènements contemporains le montrent chaque jour. C’est une question universelle. L’Iran, l’Algérie, l’Afghanistan, autant de lieux qui nous permettent de mesurer que les femmes sont, ont été et demeurent un défi pour la modernisation sociale.

Il y a donc lieu de revenir sur le passé, un peu longuement, en faisant ce constat que la modernité naît sans les femmes et peut-être même au prix de leur exclusion. À cet égard, la Révolution française marque une rupture qui n’est pas forcément celle que nous avons apprise. L’histoire de nos manuels scolaires fait de la Révolution l’étape décisive qui rejette la période ancienne dans ce que l’on nommera désormais « l’Ancien Régime » et qui ouvre une ère nouvelle, celle du « contemporain », identifié à la rationalité et au progrès. Il y a, dans le récit républicain, un « avant » et un « après » 1789. La « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » est évidemment le « monument » qui acte la naissance de la société nouvelle.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen  ? … c’est là que les femmes interviennent, mais en creux. Elles ne sont pas des hommes, et donc pas des citoyennes. Elles ne sont pas, en conséquence, des individus autonomes. Pas des sujets, pas des actrices de la modernité qui émerge. Pourtant la Révolution ne s’est pas faite sans elles. Elles ont pris la Bastille; elles ont ramené le roi, la reine et le dauphin à Paris le 3 octobre. Mais la modernité naissante, qui supprime dans la nuit du 4 août les ordres anciens, fonde, en droit, un nouvel ordre qui n’existait pas auparavant, celui des femmes, lesquelles, en raison de leur sexe biologique, sont privées de la citoyenneté politique et aussi de la citoyenneté civile. Les femmes ne seront pas des citoyennes. Les citoyens qui feront la loi seront des hommes et ces hommes rédigeront des lois qui font des femmes des mineures civiles. N’accusons pas Napoléon et son code; le code civil est rédigé par une commission qui est mise en place dès 1791.

Persistance de l’idéologie antiféministe

Vieille histoire, dira-t-on: deux siècles ont effacé ce que la Révolution a eu de mysogine; Les femmes ont désormais acquis en droit l’égalité. Pourquoi revenir sur ces deux siècles d’exclusion  ? On connaît la thèse rassurante de Mona Ozouf. Le fait que les femmes n’ont pas été reconnues comme citoyennes actives relèverait, selon elle, d’une sorte d’accident de l’histoire. Cela, au fond, ne serait pas très grave puisque les relations, dit-elle, entre les hommes et les femmes sont, en France, à la différence de ce qui se passe dans d’autres pays, particulièrement civilisées, marquées par le sceau d’une « exquise courtoisie ».

Un évènement récent suffit à montrer que cette thèse ne peut être retenue et qu’il n’est pas inutile de revenir sur ce soi-disant accident de l’histoire et d’interroger les rapports entre les sexes. La Ligue des droits de l’homme organisait, il y a quelques jours, un colloque qui avait pour thème l’égalité. Dix penseurs, vivants ou morts, étaient mobilisés pour donner, dans un document distribué, leur définition de l’égalité. Non seulement aucun de ces textes ne permettait de penser l’égalité des femmes et des hommes, non seulement aucune femme n’était citée, mais un auteur l’était qui donne à réfléchir sur la dite égalité et sur la conception qu’on peut encore en avoir.

Il s’agit de Sylvain Maréchal, rédacteur du célèbre Manifeste des Egaux de Gracchus Babeuf. Sylvain Maréchal a rédigé aussi, en 1801, un projet de loi « portant défense d’apprendre à lire aux femmes ». Vous riez. Mais s’agissait-il d’une plaisanterie ? Pas du tout. Le projet, très étudié, comportait 101 articles. Il ne fut pas adopté; mais, vendu sous forme de brochure, il connaîtra dans la première moitié du 19e siècle, et encore dans la seconde moitié, un succès de librairie considérable. Dans la foulée, on peut d’ailleurs évoquer les propos anti-féministes de Proud’hon et l’impact de sa pensée non seulement sur les socialistes, mais aussi sur les républicains fondateurs de la Troisième République. Dans la bibliothèque de Gambetta il y avait des ouvrages de Proud’hon, soigneusement annotés, et dans sa correspondance avec Jules Ferry, ne manquent pas les références à Proud’hon, lequel donnait le choix aux femmes « entre mère et putain ». L’enjeu du projet de Maréchal est donc facile à saisir: on doit empêcher les femmes d’accéder à la vie publique et de faire publicité de leur expression, tout en leur interdisant en plus l’autonomie d’une activité individuelle.

Imagine-t-on que l’on puisse convoquer à témoigner, dans un colloque organisé par une quelconque organisation défendant les droits de la personne, un auteur qui, tout en ayant dit un certain nombre de vérités sur les libertés et l’égalité, aurait commis des dérapages xénophobes, racistes ou antisémites ? Evidemment non. En revanche, aujourd’hui encore, l’antiféminisme ne dérange pas, y compris là où l’on attendrait un minimum d’attention par rapport à cette question. L’antiféminisme continue seulement de faire sourire, alors que, dans les pays soumis à l’intégrisme, c’est souvent de leur vie que les femmes paient.

Voilà donc une raison de revenir sur le passé, car on ne peut expliquer le présent sans tenter de comprendre, plus qu’on ne l’a fait, la rupture révolutionnaire qui d’un côté, on l’a dit, libère les individus des entraves de la naissance mais de l’autre réserve la notion d’individu libre en droit à la seule moitié mâle de la société.

I – La Révolution française et les femmes

Essayons donc de regarder la Révolution en ne la considérant plus seulement du côté de cet « homme » dont on nous a dit qu’il porte majuscule et qu’il doit être entendu comme « l’homme et le femme », mais dans sa dimension sociale, qui a exclu les femmes. Car, pour les femmes, la Révolution constitue l’aboutissement d’une construction, celle de leur genre, et marque une rupture qui les renvoie définitivement dans la sphère privée, dans celle de la tradition et dans celle de la nature.

Alors que naît le droit moderne, un droit écrit et censé être le même pour tout le monde, une distinction, dès 1789, est établie en fonction du sexe biologique et, en raison de leur sexe, les femmes sont privées de l’autonomie juridique. Cette construction a des conséquences importantes. On va assister avec la Révolution à une radicalisation de la séparation en raison du sexe, séparation qui est nouvelle. Il ne s’agit pas, évidemment, de décrire l’Ancien Régime comme une époque idéale pour les femmes, et on ne peut ignorer que la domination masculine est une très vieille affaire. Certains disent même qu’il s’agirait d’une donnée anthropologique structurelle (cf. Françoise Héritier) revêtant certes des formes variables, mais à laquelle aucune société n’échappe.

Mais on peut répondre aussi que la soif de liberté et d’égalité est quelque chose d’universel. S’il y a toujours eu une oppression des femmes, dans toutes sortes de sociétés, depuis les sociétés « primitives » jusqu’aux sociétés « modernes », il y a toujours eu aussi – beaucoup d’études le montrent – une révolte des femmes contre leur condition. C’est une donnée constante de l’histoire, même au fin fond de l’Afrique (cf. Dodelier) : grève des ventres, grève de la cuisine au mari… Il y a donc dans les sociétés traditionnelles une grande variabilité de l’oppression des femmes et des rôles qui leurs restent, et donc une grande variété de leurs revendications. Cela semble contredire la thèse d’une différence anthropologique et structurelle.

Les sociétés de la modernité, quant à elles, ont enfermé les femmes dans leur rôle domestique.

Les origines d’une idéologie

Il s’agit là d’un phénomène historique précis. Quand on regarde les deux ou trois derniers siècles dans nos sociétés, on constate qu’il n’y a pas de relation entre le progrès (pour autant qu’on admette ce dernier) et les conditions relatives des femmes et des hommes ou leurs droits respectifs. Par contre les travaux les plus récents sur le sujet montrent qu’avec l’émergence de la modernité il y a eu, si l’on peut dire, « fabrique du sexe » (pour reprendre le titre d’un ouvrage récent d’un anthropologue américain, Thomas Laker).

On a pu ainsi montrer de façon très intéressante comment il y a eu alliance, en France au 18e siècle, entre les médecins et les philosophes pour « naturaliser » les femmes. Elles sont renvoyées du côté de la nature, avec un corps voué à la procréation, faible au regard de celui de l’homme (auparavant les corps étaient représentés égaux), alors que les hommes sont renvoyés du côté de la culture, de la raison et de la force. Les révolutions, et singulièrement la Révolution française, marquent ainsi l’aboutissement d’un très lent travail de différenciation fondé sur la biologie, mais dont furent tirées des conclusions sociales et politiques.

Il n’y a pas sur ce point de meilleur modèle que la Sophie de l’Émile de Rousseau : les femmes ne sont pas inférieures mais différentes et de cette différence on déduit le nouvel ordre social. Les femmes feront les mœurs, éduqueront le citoyen. Les hommes feront les lois, car eux seuls peuvent être des citoyens.

Cette formule de Rousseau peut de prime abord paraître étrange : comment séparer ainsi radicalement les lois et les mœurs ? Dans un sens ou dans l’autre, les unes ne sont-elles pas le reflet des autres ? On retrouve pourtant la formule chez Tocqueville et chez B. Constant. En fait elle signifie « les femmes à la maison, les hommes dehors » (livre V de l’Émile). Les mœurs concernent la vie domestique, les lois, la vie publique (conception du 18e siècle). Cela veut dire aussi que les femmes avaient la tâche fondamentale de transmettre le savoir. Elles n’ont pas seulement une fonction de génération. On leur donne un rôle, différent de celui de l’homme.

On voit ainsi la différenciation déboucher sur la distinction des fonctions qui entraîne, à son tour, une séparation, plus radicale encore qu’elle ne l’était sous l’Ancien Régime, entre le « public » et le « privé ». Un « public » auquel seuls les hommes participent et qui, chez les philosophes, chez Hegel par exemple, est identifié au politique. Un « privé » auquel les hommes participent aussi, mais dans lequel les femmes se trouvent claustrées. L’infériorisation des femmes est ainsi construite en dépit d’un discours, auquel d’ailleurs les femmes adhèrent, qui exalte leur fonction de mère, d’épouse et de vestale.

Tentatives de résistance

Lorsqu’on regarde les choses de près, cette exclusion des femmes, telle qu’on la constate à ce moment-là, est antinomique avec l’idée même de modernité démocratique. Aussi, dès l’origine, la non-citoyenneté des femmes a-t-elle été dénoncée comme contradictoire avec la construction d’une société moderne. Des voix se sont élevées, dès 1789, pour dire qu’il était paradoxal de parler de liberté et d’égalité, alors que les femmes étaient mises en marge. Condorcet et d’autres sont souvent cités.

Il faudrait y ajouter les voix plus anonymes des femmes elles-mêmes, celles des clubs ou de la rue qui ne se sont pas contentées, comme l’ont raconté les historiens du 19e siècle, de ramener à Paris le roi, identifié au boulanger, mais qui ont exigé de porter la cocarde et des piques et de participer à la vie publique. Un colloque, tenu à Toulouse en 1989, a conduit à démystifier le regard traditionnel de l’histoire et à faire comprendre que nous sommes encore tributaires de la vision du 19e siècle qui a minimisé le rôle politique des femmes en 1789. On a alors décrit leur action comme n’étant que le prolongement de leur rôle naturel, c’est-à-dire maternel : les femmes n’auraient agi que pour défendre la nourriture de leurs époux et de leur progéniture. Cela paraît aujourd’hui fortement réducteur.

Il n’en demeure pas moins que ces protestations ont été étouffées et que surtout, en réalité, elles étaient assez largement minoritaires. Les textes habituellement cités de Condorcet n’ont pas connu un rayonnement considérable.

Les jeux sont faits

Citons Charles-Guillaume Thérémin, qui écrit en 1799 un petit livre qui va nous montrer comment les choses avaient évolué vers la fin de la Révolution. Ce livre, de tendance libérale, s’intitule : « De la condition des femmes dans les républiques ». Il n’est pas anti-féministe. Il déclare par exemple : « les femmes ne sont frivoles que parce que nous les voulons ainsi… Il n’y a si peu de femmes raisonnables que parce que l’on n’a pas besoin de femmes raisonnables… Elles ne paraissent capables de rien que parce que l’on ne les emploie à rien ». Pour autant Thérémin, conditionné par son environnement, ne défend pas comme Condorcet le droit de vote des femmes. Pour lui c’est impossible. Puisque le mari vote, on ne voit pas pourquoi la femme voterait, thème que l’on retrouvera tout au long du 19e siècle. Thérémin constate cependant qu’il n’est pas juste que les femmes ne participent pas de la vie publique et soient enfermées dans le privé. Il lui paraît indispensable que les républiques leur donnent un rôle et il suggère deux choses : que les femmes soient « instructrices » (on dirait aujourd’hui institutrices) et qu’elles soient les organisatrices des fêtes républicaines. Il est assez extraordinaire de retrouver là, avec l’institutrice, la transmission des mœurs et avec l’organisatrice des fêtes républicaines le prolongement des festivités familiales comme, par exemple, les anniversaires.

Nous sommes, en fait, à la croisée des chemins, à un moment d’hésitation sur la nature des femmes. Thérémin, à la fois, est universaliste et n’admet pas que les femmes soient écartées, mais en même temps est imprégné du différentialisme qui est à l’œuvre et du rousseauisme ambiant selon lequel les femmes sont identifiées aux mères génitrices et seulement à cela.

Thérémin est un juriste. Il est contemporain de Maréchal et de son projet, en 101 articles, d’interdire la lecture et l’écriture aux femmes. Mais il est aussi contemporain de Fourier qui, lui, dit en 1804 que le progrès se mesure par la place faite aux femmes par les sociétés. On voit donc déjà que toutes les idées sont lancées et qu’il y a possibilité de débat et de dialogue sur la question.

L’important, pour nous, est que ce que savaient des hommes comme Maréchal, Fourier ou Thérémin, sont des choses que nous avons oubliées. Les uns et les autres savaient, d’expérience directe, que les femmes ont occupé, avant la Révolution, des fonctions publiques et que la séparation entre les femmes et les hommes n’était pas aussi rigide avant la Révolution qu’elle le devint pendant la Révolution. À tel point que les républicains anti-féministes comme Maréchal ne vont cesser, pour empêcher les femmes d’accéder à la vie publique, d’évoquer le rôle des femmes aristocrates, des reines, des régentes, dont le rôle va être considérablement déprécié, et en particulier la figure de Marie-Antoinette. On a souvent évoqué la loi salique pour expliquer la singularité française. Il s’agit en réalité d’une explication a posteriori qui élude ce double fait que les femmes, sous l’Ancien Régime, ont exercé les pouvoirs de régentes ou de diplomates et que des femmes ont voté en 1789 pour la désignation des députés aux États Généraux, et pas seulement des femmes de la noblesse ou des abbesses, mais aussi des femmes du tiers-état.

En réalité, au moment où Thérémin d’un côté, Maréchal de l’autre, s’expriment, les jeux sont faits. Le code civil achève un travail séculaire de séparation nouvelle du « public » et du « privé », en revenant de plus, en 1804, sur des acquis révolutionnaires comme par exemple le divorce. Désormais les femmes non seulement ne sont pas des citoyennes, mais elles n’ont plus de droits autonomes.

II – L’exclusion des femmes au 19e siècle

Les femmes hors de la vie publique

Tout au long du siècle, l’exclusion, qui a eu comme effet la domestication des femmes, leur enfermement dans la sphère privée, a assez bien fonctionné. Le 19e siècle voit les femmes disparaître de la sphère publique, ou tout au moins s’y faire rares.

Elles pouvaient, au 18e siècle, occuper des charges dans ce que l’on appellera plus tard le service public. Des femmes, par exemple, pouvaient être « directrices de Postes » (ancêtre de nos P&T) si leur mari, qui avait acheté la charge, venait à mourir. On se trouva donc en 1789 avec des femmes directrices de Postes. Qu’advint-il en la circonstance ? La Révolution interdisait les femmes de citoyenneté active. Une manifestation eut donc lieu, de ceux qu’on appellerait aujourd’hui les postiers, qui rédigèrent des pétitions et demandèrent que l’on retire ces femmes du « circuit ». Ces « postiers » proposaient d’ailleurs une solution, qui sera adoptée : que l’on donne à ces femmes une pension pour qu’elles puissent laisser leur place à des hommes.

L’Administration naissante sera donc, dans sa généralité, exclusivement masculine; comme les académies, comme aussi des sphères qui ne sont pas de nature publique, la franc-maçonnerie par exemple. Il est tout à fait intéressant de voir que la franc-maçonnerie était mixte avant 1789 et que, lorsqu’elle renaît sous l’Empire, elle est résolument et entièrement masculine. Il faudra des dizaines d’années de batailles pour que les femmes arrivent à rompre cette exclusion.

Dans un autre ordre d’idées, citons un cas très intéressant qui embarrassa la conscience des hommes politiques et des juristes tout au long du 19e siècle. Il s’agit des femmes majeures et célibataires. Ce qui est normalement prévu par le code civil, c’est que la femme est mariée. Dès qu’elle échappe, à 21 ans, à la tutelle de son père (ou à défaut de son oncle ou de son frère), elle tombe sous la tutelle de son époux. Que faire des célibataires majeures ? Dès la première moitié du 19e siècle on a eu des propositions de loi disant : « il faut que ces femmes votent; elles sont libres. Ce n’est qu’en raison de leur absence de liberté, de la tutelle de leur mari, que les femmes ne votent pas ». Bien sûr ces projets n’aboutirent pas. La société se tira de ce cas non prévu par la dérision : une majeure célibataire est un être anormal, une laissée pour compte, une vieille fille.

Quoi qu’il en soit, les femmes – les femmes mariées, cela s’entend – ne sont bien sûr pas enfermées ; mais elles disparaissent de la rue, ou presque. Flora Tristan, dans son tour de France au début des années 1840, remarque que les femmes ont disparu des auberges et des estaminets, qui sont devenus des clubs essentiellement masculins. Une femme qui voyage seule, dit-elle, se fait remarquer, regarder, suivre, inquiéter. Elle n’est pas à sa place. C’est à l’époque que naît l’expression de « fille publique ». Une honnête bourgeoise, quant à elle, ne se promène pas seule. Une femme qui est dans la rue ou dans un lieu public est soupçonnée d’être une femme de mauvaise vie.

Cette situation durera. On en trouve la trace dans le récit que Madeleine Pelletier, une des premières femmes médecins, la première femme psychiatre, fait de son voyage en Russie communiste en 1920. Dans cet ouvrage passionnant, qui vient d’être réédité (« Mon voyage aventureux en Russie communiste »), elle note ceci : « je dois subir dans les rues de Mulhouse la curiosité des passants. L’esclavage de la femme est encore à tel point enraciné dans les mœurs qu’on n’admet guère qu’une femme puisse voyager seule »; et plus loin : « je circule à peu près librement dans Berlin. Je dis à peu près, car j’ai le malheur d’être femme et l’Allemagne, très civilisée à d’autres égards, ne semble pas encore habituée à ce qu’une femme voyage seule ».

On peut trouver dans nos mémoires récentes, et peut-être encore aujourd’hui en milieu rural, l’existence de lieux publics où l’on rencontre peu de femmes. La conférencière raconte aussi avoir été prise d’une sourde colère alors qu’il y a quelques années elle se trouvait à la terrasse d’un café en plein centre d’Alger. Elle y était seule. Il faisait chaud et elle avait soif. Et le serveur passait et repassait devant elle, en ne la voyant pas et en ne l’entendant pas. Insupportable société misogyne où les femmes sont transparentes et où l’on ne peut se faire servir un verre d’eau! Françoise Gaspard se souvient aussi du sentiment qu’elle eut d’une transgression énorme lorsque, venant de passer son bac, elle osa, avec quelques camarades, pénétrer dans un bistrot du centre-ville.

Tout cela pour dire que n’est pas si lointaine cette séparation sexuée des espaces publics.

Au 19e siècle, certes, et a fortiori au 20e siècle, les femmes circulent dans la rue mais elles ne le font pas « en cheveux », portant, selon leur condition, coiffe ou chapeau, ce dernier souvent assorti d’une voilette ou même du voile de crêpe du deuil. Ce ne sont pas des souvenirs si lointains. Ma grand-mère, nous dit Françoise Gaspard, n’a jamais franchi le portail de sa maison du centre-ville en cheveux. C’était impensable; il y avait là comme un interdit. De tels souvenirs pourraient peut-être nous conduire à apprécier avec plus de distance, une distance ethno-anthropologique, l’actuelle question du « foulard » dit islamique.

Donc les femmes circulent dans la rue, mais pas n’importe comment. Les femmes travaillent contre salaire (et pas seulement à domicile, comme c’est le cas au 19e siècle de centaines de milliers de femmes dans le textile). Elles travaillent dans les champs, Elles travaillent dans l’industrie, y compris dans les mines. Mais ce sont seulement celles des milieux populaires.

Phénomène remarquable : le prolétaire épouse, dès le 19e siècle, la conception du bourgeois. Son rêve est que sa femme reste ou revienne à la maison. Ne parle-t-il pas d’ailleurs, pour nommer son épouse, de sa « bourgeoise », ce qui est tout à fait significatif de cette volonté de la femme à la maison. Le modèle dominant est celui du travailleur identifié à l’homme et ce modèle n’est le sujet d’un débat politique ni à droite ni à gauche. L’immense majorité des hommes partagent la même conception, indiscutée. C’est celle des penseurs libéraux du 19e siècle, tels Tocqueville ou Constant, pour qui la république est à deux étages. Il y a la république politique, publique, celle où les hommes s’affrontent ; et, à un autre niveau, comme une réplique en petit de la première, il y a la république privée, la famille. Là l’homme, le « pater familias », est le souverain, comme le chef de l’État au niveau de la nation.

III – L’évolution au 20e siècle

On peut, dans cette évolution, voir deux phases successives.

Première phase : les femmes se font une place, mais la société tend à la limiter

C’est d’abord essentiellement sous les besoins de l’économie, et en raison des guerres, que le modèle que l’on vient de décrire a commencé à se fissurer.

Les femmes, on le sait, sont l’armée de réserve du prolétariat. Les emplois délaissés par les hommes, les emplois qui requièrent leur habileté supposée ou les compétences qui sont supposées leur être propres, elles les occupent. L’éducation des filles se développe. Il faudra des institutrices, puisque l’éducation n’est pas mixte. On n’enverra pas des instituteurs éduquer des filles. Les bureaux ont besoin de dactylos. La machine à écrire va être regardée comme un instrument réservé aux femmes et va provoquer, à la fin du 19e siècle, l’entrée en masse des femmes dans les bureaux. Autrement dit, la modernité a besoin des femmes.

Mais la modernité cependant réinvente, reconstruit, redéfinit sans cesse la ségrégation. Il y aura des emplois féminins et des emplois masculins, ces derniers étant mieux payés et mieux considérés.

Les guerres entament la ségrégation horizontale du travail, mais le retour à la paix renvoie les femmes à la maison pour y faire des enfants. Les femmes protestent, bien sûr. Elles réclament le droit de vote et l’égalité civile. Elles font valoir leurs compétences, passent le baccalauréat. Ainsi de Julie d’Aubier, première femme à passer le baccalauréat, sous le Second Empire. Pour commencer, l’administration impériale lui refuse son diplôme. L’arrivée de la république lui rend espoir de l’obtenir enfin. Elle va voir le ministre républicain… qui lui répond : « je ne veux pas déconsidérer mon ministère » !

Les femmes demandent à entrer dans les métiers masculins, comme Emma Courieau par exemple. Mais elle se heurte à la misogynie du syndicat des typographes. D’autres femmes, dans d’autres secteurs, se heurteront à la même misogynie. Elles entrent dans les professions libérales; elles deviennent avocates, médecins, professeurs, journalistes, magistrats … Mais, comme Louise Weiss le raconte, les élites les regardent au mieux comme des pionnières, au pire, ce qui est le plus fréquent, comme des exceptions. Le mouvement ouvrier, quant à lui, dénonce dans le féminisme naissant un mouvement bourgeois.

Deux exemples plus récents, provenant de pays en voie de développement, montrent, dans le concret, comment la modernité, loin d’assurer la libération des femmes, peut conduire parfois à renforcer leur mise en tutelle.

Le premier exemple relate les conséquences de l’installation de l’eau courante dans les maisons, dans la région du Cap Bon, en Tunisie. Une fois l’eau au robinet, les hommes n’ont plus voulu que les femmes sortent de chez elles et qu’elles palabrent autour du lavoir ou de la pompe publique. La société des femmes qui pouvait se créer à cette occasion a été détruite.

Autre exemple (fourni par Germaine Tillion) : vers 1950, en Algérie, elle note que, dans les campagnes, les femmes ne portent pas le foulard mais qu’elles le portent à la ville. Celles qui portent le voile en ville, Alger, Oran…, sont des femmes qui viennent de la campagne. Son enquête montre que les hommes – qui ont peur de la ville, de la modernité, d’une pluralité d’échanges possibles qu’ils ne pourraient plus contrôler – lorsque les femmes arrivent à la ville, par peur, essaient de les enfermer à la maison et, quand elles sortent, leur mettent un foulard. Ce foulard n’est donc pas en soi pas un signe d’archaïsme mais au contraire une réaction à la modernité, de la part de populations sorties de leur cadre traditionnel.

Pour en revenir à nos pays et à des choses d’un niveau différent, la première guerre mondiale débouchera sur le suffrage universel, mais cependant pas en France. De même, dans notre pays, l’égalité civile ne connaîtra pas de progrès significatif entre les deux guerres. Parlant de la France et des Français, on pourrait donc parler d’une étrange résistance. Il faut cependant refuser de donner trop de poids à cette idée d’une spécificité française. Celle-ci existe certes, mais ne saurait être exagérée sans risquer d’oublier que la domination sur les femmes n’est pas un phénomène seulement français.

Deuxième phase : vers la parité

Nous en arrivons maintenant à la deuxième phase de cette évolution et aux transformations récentes; au passage de l’exclusion à la parité, ou, tout au moins, à la popularité acquise par l’idée de parité.

Nos sociétés ont connu au cours des trente ou quarante dernières années (les « Trentes glorieuses » et leurs suites) des transformations considérables dont il est encore difficile de mesurer tous les effets. Nous citerons trois transformations décisives pour le sujet qui nous occupe.

La première est la mixité de l’école qui date chez nous des années 70. Nous avons aujourd’hui dans la vie active la première génération de garçons et de filles qui sont allés ensemble à l’école, de la maternelle jusqu’aux études supérieures. Il y a là un retournement complet de la situation.

La deuxième transformation est la maîtrise de la procréation. La maternité est désormais un choix et non plus un destin. C’est un changement fondamental sur lequel il est inutile d’insister.

Enfin, troisième transformation, le travail des femmes, dont on vient de voir comment il avait peu à peu progressé. Il n’est plus considéré maintenant comme une exception. Il y a bien sûr toujours des tendances pour renvoyer les femmes à la maison et dire qu’on pourrait leur payer un salaire (médiocre) pour qu’elles restent chez elles. Mais pour la majorité des gens, et en tout cas pour les femmes, le travail salarié des femmes est devenu quelque chose de naturel. Depuis 1960 il y a eu en France deux millions de femmes en plus dans le monde salarié et un million d’hommes en moins. Aujourd’hui, la population active est à 45 % composée de femmes et, pour la première fois dans l’histoire, une crise économique n’a pas fait retourner les femmes à la maison.

Cela ne veut pas dire pour autant que l’on en soit à l’égalité. Il y a toujours des inégalités, conséquences notamment de la crise, et qui s’approfondissent avec cette dernière. Les femmes sont toujours en première ligne pour le chômage et pour les bas salaires. Par ailleurs le recul du « Welfare State » est directement payé par les femmes.

L’inégalité dans le pouvoir

Or dans cette situation de mutations sociales, alors que règne maintenant le sentiment que l’égalité est acquise, il y a eu comme une sorte de découverte : on s’est rendu compte que les décisions continuent d’être prises par les hommes.

Il y a toujours 95 % d’hommes à l’Assemblée nationale. Et pourtant, depuis 1970, plus de filles que de garçons entrent à l’université et l’on voit maintenant les femmes nombreuses dans les professions libérales. On dira que pour arriver à une profession libérale il faut faire des études alors que pour devenir député il faut être élu, ce qui n’est pas du tout la même chose. Mais poser ainsi la question, c’est mal la poser. Combien, en réalité, y a-t-il de femmes professeurs de médecine et dans les postes de décision du monde médical ? Combien pour les postes de recteurs d’université ? Pour les postes de grande responsabilité dans les diverses professions libérales ? Le même pourcentage qu’en politique.

C’est que les femmes n’ont peut-être pas toujours le désir, ou la possibilité, d’occuper des fonctions « publiques » importantes. Il faut souligner ici le poids de données tout à fait concrètes, par exemple la répartition des tâches domestiques entre les femmes et les hommes (Suède 18 % et 6 % de temps passé respectivement à la maison. France 28 % pour les femmes). Ou encore la question des heures auxquelles se réunissent les dirigeants. Ce sont souvent les heures où il faut une présence à la maison, ce qui décourage les femmes de briguer certains postes. Il faudrait interdire toute réunion entre 18h et 20h. (Françoise Gaspard cite une expérience vécue à la mairie de Dreux). On peut s’interroger sur la nécessité d’être systématiquement au bureau entre 18h et 20h, comme le font certains hommes.

Les femmes hésitent peut-être aussi, surtout dans les pays latins, à se lancer dans le combat nécessaire pour arriver à des postes de responsabilité, en particulier dans le domaine politique. Cependant, il semble bien y avoir, en tout cas en France, une grande spécificité du monde de la politique : c’est un club masculin. Il y a bien 30 % de femmes dans les partis, mais elles y sont complètement bloquées et réduites aux tâches d’exécution.

Rappelons ici que les partis politiques sont nés sans les femmes (bien qu’il y ait eu quelques femmes dans les partis politiques, avant même d’ailleurs qu’elles n’aient le droit de vote, ce qui est assez extraordinaire). Les règles du jeu de la politique et des partis se sont créées sans les femmes. Ces règles ont été faites pour les hommes. Les femmes, pour des raisons culturelles, ont du mal à les comprendre.

Exemple concret : une femme en politique a le sentiment de perdre un temps considérable dans les réunions. Réunion d’un groupe parlementaire : trois heures de réunion au bout desquelles on ne décide rien. Mais trois heures où, les uns après les autres, les hommes, et surtout les petits chefs, demandent la parole pour dire tous exactement la même chose. Les femmes, quand elles demandent la parole, se contentent pour leur part de dire, quand c’est de circonstance : « je n’ajouterai pas au débat, je pense comme un tel ».

Or qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que les femmes n’ont rien compris aux règles du jeu, car la politique c’est la bataille de la parole. On s’impose par la joute oratoire. On devient un candidat crédible lorsqu’on a beaucoup parlé, et pas du tout parce qu’on a beaucoup décidé. On est le meilleur quand on parle beaucoup. Cela, on ne l’apprend pas aux femmes quand elles arrivent dans les partis. Mais qu’on essaie de le leur apprendre et elles diront n’en avoir rien à faire. Car si elles veulent faire de la politique c’est en raison de leurs convictions, pour que des décisions soient prises et pour que les choses changent.

Le blocage se situe ainsi dans les règles du jeu politique français : cumul des mandats ; possibilité d’une « carrière », c’est-à-dire professionnalisation des politiques ; du fait du cumul des mandats prime aux sortants (95 % d’hommes) en matière d’élections ou de candidatures ; prime aux notables (majorité d’hommes également). Tout cela verrouille un système qui s’auto-reproduit.

Une telle situation est ressentie, regardée désormais comme un archaïsme. La question, désormais, est posée en permanence : dans notre vie publique, qui décide ? Ce sont toujours les hommes. Cela conduit à interroger les concepts mêmes de citoyenneté civile, de citoyenneté sociale et de citoyenneté politique. Le pouvoir lui-même fait question par son caractère passéiste. L’entrée des femmes en politique ne règlerait certes pas tous les problèmes, mais, comme cela s’est vu dans les pays nordiques, transformerait la nature même du jeu politique et le démocratiserait.

Conclusion

En conclusion, ce qui ressort de cette histoire rapidement retracée, c’est que la modernisation de notre société n’est pas pensable sans les femmes, et encore moins contre les femmes ; et que les femmes par ailleurs – les pays nordiques le montrent aujourd’hui de façon évidente – sont des agents de modernisation, non seulement de la vie économique et sociale, mais aussi de la vie démocratique et de la vie politique. La modernisation, et c’est là que les femmes sont un défi pour la modernité, suppose la co-décision des femmes et des hommes; elle suppose que l’on sorte de l’idée que la mixité suffit. Il n’y a pas véritablement mixité quand il n’y a pas de parité, quand il n’y a pas égalité dans la décision.

Bien sûr, lorsque sera atteint, je souhaite le plus vite possible, un équilibre de décision entre les femmes et les hommes, ce ne sera pas pour autant le terme de la lutte pour la démocratie et pour la modernisation. Je ne pense pas qu’on puisse craindre, comme l’ont dit certains, la « fin de l’histoire ». Mais il y aura très certainement alors quelque chose de changé et qui, à tous égards, sera positif pour nos sociétés. Quelque chose aussi qui conduira – et peut-être sur ce point y aura-t-il des résistances – à repenser ce qui fut créé aux origines, au moment de la pré-démocratie du 18e siècle, à savoir les notions mêmes de « privé » et de « public ».

Là est l’enjeu. Là est ce qui provoque des peurs. C’est aussi un défi auquel, je l’espère, les femmes et les hommes sauront répondre à égalité.

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