1 Jean 2, 12 à 28

1 Jean 2, 12 à 28

 

Ce long passage est consacré au thème de « la foi au Christ ».

L’auteur s’adresse à ses lecteurs en les appelant « petits enfants », signe de son autorité spirituelle, et rappel du lien historique qui les lie. Les commentateurs s’accordent à penser que cette formule, « petits enfants », s’adresse à tous les membres de la communauté ecclésiale, indépendamment de leur âge ou de leur statut.

Jean s’adresse ensuite aux « pères » puis aux « jeunes gens », une façon de différencier entre les personnes selon leur degré de maturité, bien qu’on puisse aussi y voir une manière d’englober la totalité – c’est une façon de dire le tout en citant les extrêmes.

Les affirmations concernant le pardon des péchés, la connaissance de « celui qui est dès le commencement », et la victoire sur les forces du mal, concernent donc finalement tous les fidèles. Tous sont au bénéfice du pardon reçu, tous ont la connaissance nécessaire pour lutter contre « le Mauvais ». Elles sont appuyées par la reprise « je vous l’ai écrit », qui reprend ce qui vient d’être dit. La formulation (au passé et au présent) indique que ce que Jean affirme est déjà réel pour ses lecteurs : ils connaissent, ils sont forts, ils ont vaincu le Mauvais ; ils sont donc déjà pleinement en communion avec Dieu. Jean leur rappelle ce qu’ils ont déjà vécu, pour les fortifier dans leurs convictions.

Néanmoins, en différenciant les destinataires entre « pères » et « jeunes gens », l’auteur montre qu’il prend en compte la diversité de ceux à qui il s’adresse. Aux « pères », l’auteur rappelle qu’ils sont au bénéfice d’une connaissance reçue, qu’ils ne doivent pas à leur expérience de vie ou à leur sagesse d’aînés. Aux « jeunes gens », l’auteur rappelle qu’ils sont des vainqueurs. Leur victoire sur le mal ou le malin vient de ce que la parole de Dieu demeure en eux et que c’est elle qui les rend forts. Leur victoire et leur force ne sont pas dues à eux-mêmes, elles sont issues de leur attachement à la parole de Dieu, incarnée en Jésus. De cette manière, aux uns et aux autres, l’auteur rappelle qu’ils ont déjà tout reçu et qu’ils n’ont donc aucunement besoin d’aller voir du côté de l’hérésie !

« N’aimez pas le monde », cette injonction est à comprendre dans la pensée de Jean : le monde est à la fois ce lieu et cette humanité que Dieu aime et où il envoie son Fils pour le sauver (Jean 3, v.16), mais aussi tout ce qui résiste à Dieu, tout ce qui est sous l’emprise du Mauvais.

C’est un monde marqué par la convoitise, par la peur du vide, du manque, qui nous pousse à vouloir posséder les choses et les êtres, à vouloir profiter de tout sans discernement, et à nous confier dans nos possessions, sans laisser de place à Dieu. Ce monde-ci est appelé à passer, pour laisser place au monde nouveau inauguré par Jésus.

Cette évocation du caractère passager du monde conduit Jean à parler de « la dernière heure ». Nous savons que les premiers chrétiens s’attendaient à une fin du monde imminente, on en trouve beaucoup de traces dans divers textes du Nouveau Testament. Jean voit dans la survenue de ceux qu’il appelle « antichrists », un signe de l’approche de cette « dernière heure ».

« Antichrist » : « anti » peut signifier « en opposition avec » ou « au lieu de », c’est-à-dire quelqu’un qui prend la place de, un « pseudo-christ ». Les deux sens peuvent s’appliquer à ceux que Jean désigne sous ce nom, ce sont des personnes qui s’opposent au Christ tel que la foi chrétienne le décrit, et qui tentent de prendre sa place, en revendiquant pour elles l’autorité, et en induisant les fidèles en erreur par des enseignements non conformes à ce qu’ils connaissent « depuis le commencement ».

Le danger que représentent ces « antichrists » est d’autant plus grand qu’ils viennent « de l’intérieur » : « c’est de chez nous qu’ils sont sortis ». C’étaient des membres de la communauté, mais ils s’en sont séparés.

Jean leur oppose la position de ses lecteurs, il insiste sur le fait qu’il ne doute pas de leur fidélité, il veut les fortifier dans leur connaissance de la vérité. Cette vérité c’est la foi que l’homme Jésus est bien le Christ, envoyé du Père. Nier cela, c’est « nier le Père et le Fils » : tout ce que nous pouvons savoir de Dieu, c’est ce que Jésus en révèle, par sa vie et par sa mort. Ceux que Jean appelle « menteurs » prétendent séparer entre le Jésus humain et le Christ divin, ils n’admettent pas l’incarnation et tout ce qu’elle signifie. Jean rappelle à ses lecteurs que le Fils est le seul chemin, le seul accès au Père.

C’est cela le message qui doit « demeurer en vous » : Jean utilise 8 fois ce verbe dans le passage que nous lisons aujourd’hui, c’est dire l’importance qu’il attache à ce mot. Si la parole du Christ demeure en nous, c’est Christ lui-même qui témoigne et agit en nous par son Esprit.

C’est ainsi que nous sommes en communion avec Dieu : non pas en cherchant à acquérir une connaissance qui nous élèverait au-dessus des autres, mais en « demeurant » dans l’écoute de ce qui nous a été enseigné « depuis le commencement », et en restant fidèles aux commandements de Dieu – et en premier lieu celui de l’amour fraternel. C’est cela, « marcher dans la lumière ».

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