1 Jean 2,29 à 3,10

1 Jean 2, 29 à 3, 10

 

Nous entamons le second « cycle », qui va jusqu’à 1 Jean 4, 6, et dont le thème « être enfants de Dieu », est annoncé en 2,29 : « quiconque pratique la justice est né de lui ».

« Puisque vous savez… reconnaissez… » : Jean continue, comme il l’a déjà fait auparavant, à rappeler à ses lecteurs l’enseignement qu’ils ont reçu. C’est une façon de les encourager à tenir bon dans leur foi, sans se laisser ébranler ou détourner.

Être né de Dieu, être « engendré », ce mot était aussi utilisé par les « antichrists », qui le comprenaient comme ce qui devait amener les élus à se dégager petit à petit de la chair ; pour Jean, celui qui est né de Dieu c’est celui qui croit, cela n’est donc pas réservé à une élite, et surtout cela a des implications concrètes : « pratiquer la justice »

Toutefois si nous sommes « nés de Dieu », ce n’est pas grâce à nos mérites, grâce à notre pratique de la justice… mais par pure grâce : « voyez de quel grand amour le Père nous a fait don ». Nous pouvons parler de Dieu en l’appelant Père, puisque nous sommes nés de lui, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu. « Appeler » a un sens très fort, celui de « donner une vocation » : nous sommes « déclarés » enfants de Dieu. Ce n’est pas simplement un nom qu’il nous donne, c’est une réalité qu’il crée. La forme au passif montre que c’est l’action de Dieu, et non la nôtre, ce n’est pas une récompense mais une grâce. Jean insiste : nous ne sommes pas seulement « appelés », mais nous sommes réellement enfants de Dieu, c’est une certitude qu’il tient à partager avec ses lecteurs.

Pour les encourager, parce que cette réalité n’est pas toujours évidente, parce que nous vivons dans un monde qui n’a pas « découvert Dieu », et qui donc ne peut pas nous « connaître » en tant qu’enfants de Dieu. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas trouver de confirmation de cette « adoption » en dehors de la foi…

Notre dignité d’enfants de Dieu est une réalité actuelle, pour notre foi, mais c’est aussi une espérance, liée à la victoire définitive du Christ « lorsqu’il paraîtra… ». Les chrétiens sont en tension entre d’une part la réalité présente, dans laquelle Dieu est présent, dans laquelle nous avons à vivre, à expérimenter notre qualité d’enfants de Dieu, et d’autre part l’espérance qui nous anime de la venue finale du Christ.

« Mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » : nous sommes enfants de Dieu, c’est une réalité, une certitude, mais nous avons encore à le devenir. Nous le serons pleinement « lorsqu’il paraîtra ». Être enfants de Dieu n’a rien d’immobile, de statique, ce n’est pas une donnée intangible mais au contraire un moteur, une force qui nous aide à avancer, qui nous fait évoluer, changer.

Ce moteur, cette force, c’est notre espérance. Et cette espérance, nous dit Jean, nous pousse à nous « rendre purs ». Nous rendre disponibles pour faire ce que Dieu nous demande.

Si la qualité d’enfants de Dieu nous est donnée gratuitement, elle ne nous laisse pas tranquilles pour autant. Nous avons à la prendre au sérieux, et à orienter nos vies pour qu’elles répondent à cette vocation, à cet appel.

« Le péché, c’est l’iniquité ». Ce verset est difficile, on ne sait pas bien quelle différence Jean fait entre « péché » (‘amartia en grec, ce qui est manqué, raté) et « iniquité » (anomia, qui évoque le chaos des temps de la fin dans la littérature apocalyptique) Le péché c’est ce qui nous sépare de Dieu, c’est quand on rate la cible, quand on ne réussit pas à faire la volonté de Dieu ; l’iniquité ce serait la volonté délibérée de se passer de Dieu.

Jésus est celui qui est « sans péché » (comme il a été dit plus tôt qu’il est « pur » et « juste »).

« Quiconque demeure en lui ne pèche plus » : cette phrase semble en contradiction avec ce que Jean affirme en 1,8, quand il rappelle avec réalisme ce qui est l’expérience quotidienne de chacun : nous sommes pécheurs. Ici il affirme ce qu’est l’œuvre de Dieu en nous : nous sommes pardonnés, justifiés par Dieu. Ce sont les deux facettes d’une même pièce – Luther le dira à sa manière : nous sommes à la fois pécheurs et justifiés.

« Que personne ne vous égare » : c’est la 3è fois que ce verbe égarer apparaît dans l’épître. S’égarer, c’est s’éloigner de l’enseignement reçu, se perdre dans les spéculations intellectuelles ou spirituelles au détriment de la simple obéissance à Jésus Christ. C’est perdre de vue ce qui est le cœur de l’Evangile : Dieu s’est fait homme, par amour. C’est croire qu’on peut se passer de « pratiquer la justice ».

Pour Jean il n’y a pas de doute, ce qui s’oppose à Dieu est « du diable », le diable (ce qui signifie le diviseur) nie tout ce qui vient de Dieu.

La « semence » qui « demeure » dans le croyant et lui permet de ne pas pécher, c’est la parole de Dieu, et/ou son Esprit, c’est ce qui le guide sur son chemin. C’est la certitude d’être né de Dieu.

Mais cette certitude doit être « révélée » dans la vie quotidienne : « pratiquer la justice » et « aimer son frère » sont les indicateurs des « enfants de Dieu ». La foi s’exprime dans les actes et les paroles de la vie de chaque jour. Si nous croyons que, en Jésus, Dieu s’est incarné, est venu vivre de notre vie, dans notre monde, alors notre foi nous pousse à nous impliquer nous aussi dans ce monde, à y répandre ce que Dieu nous a donné, son amour et sa parole.

 

 

 

 

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