1 Jean 3, v.11 à 4,v.6

1 Jean 3, v.11 à 4, v.6

 

On retrouve ici les thèmes de l’amour fraternel, qui est la marque distinctive des « enfants de Dieu », puis celui de la foi au Christ comme critère absolu de la vérité.

A nouveau Jean rappelle à ses lecteurs quel est « le message [qu’ils ont] entendu dès le commencement » : l’exhortation à « nous aimer les uns les autres ».

Jean a conscience que « dès le commencement », dès les premiers chapitres de la Genèse, la haine est à l’œuvre, une œuvre de mort, qui s’oppose à la vie offerte par Dieu. Caïn, meurtrier de son frère Abel, est le symbole de la force de haine qui ne sait que détruire, qui est principe de mort.

A l’opposé, le principe de vie, le signe distinctif de ceux qui se réclament du Christ, c’est « d’aimer nos frères ». C’est de suivre l’exemple que Jésus lui-même nous a donné, lui qui « a donné sa vie pour nous ». Littéralement il a « déposé son âme en faveur de nous », c’est volontairement, librement, qu’il a donné sa vie – et nous sommes conviés à en faire autant, à « déposer nos âmes en faveur des frères ».

Jean nous fait prendre conscience que dans la lutte entre la haine et l’amour, se joue le combat fondamental entre la mort et la vie ; donner prise à la haine en nous, c’est être un meurtrier !

Et il nous rappelle aussi que les belles phrases ne suffisent pas : c’est dans le concret de nos vies que nous manifestons que « l’amour de Dieu demeure en nous » – ou que c’est la haine qui nous dirige… Nos actes témoignent pour nous, et disent si « nous sommes de la vérité ». Pour Jean, aimer c’est être dans la vérité.

C’est ce qui nous permet « d’apaiser notre cœur », littéralement de le « convaincre » : nous sommes facilement inquiets, conscients de nos faiblesses, de nos insuffisances, mais « devant lui », c’àd devant Dieu, nous pouvons nous apaiser, « car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur ».

Nous pouvons toujours compter sur la miséricorde de Dieu, qui connaît nos cœurs et qui sait, mieux que nous, ce qui nous motive.

Jean va jusqu’à dire que si nous sommes vraiment dans l’obéissance, si ce qui nous anime est de faire la volonté de Dieu, alors nous sommes assurés d’obtenir ce que nous demandons – puisque nous demandons uniquement ce que Dieu veut.

Croire et aimer sont les deux facettes de la vie chrétienne, l’une ne va pas sans l’autre, et c’est bien en vivant ces deux facettes que l’on « demeure en Dieu ». Ce qui n’a rien d’une extase mystique, mais décrit la vie du croyant enraciné dans la foi et l’obéissance. C’est le rôle en nous de l’Esprit saint que de nous guider dans cette obéissance au commandement de croire et d’aimer.

Les mentions de « croire » et de « l’Esprit saint » servent de transition avec la suite du texte (4, 1 à 6), qui invite les lecteurs à « éprouver les esprits », en donnant des clés pour discerner ce qui est « de Dieu ».

Jean fait le constat que le danger est là, bien présent : « beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde ». Cet état de fait a semé la dissension dans la communauté à laquelle il s’adresse, et a entraîné le départ d’une partie des membres.

Face à cela, Jean appelle à faire preuve de lucidité. Ne pas se laisser subjuguer par de belles paroles, ne pas se laisser impressionner par des envolées mystiques ou des promesses de révélation, mais « éprouver les esprits ». Le verbe choisi par Jean signifie « examiner la qualité d’un métal ou d’une monnaie » – ici il s’applique à des personnes ou plus exactement à des doctrines, dont il faut vérifier la fidélité à l’Evangile.

Le critère absolu, pour Jean, c’est la confession de foi, elle est la norme, la mesure de cette fidélité : « Jésus Christ venu dans la chair ». Ces quelques mots sont tous chargés de sens : la foi de l’Eglise ne « divise » pas Jésus, elle ne sépare pas entre l’homme Jésus, qui a vécu la vie humaine, jusqu’à la mort sur la croix, et le Christ ressuscité, monté auprès du Père. La vraie foi, dont Jean se fait le héraut dans sa lettre, tient ensemble ces deux aspects, alors que les « prophètes de mensonge » ne s’intéressent qu’au Christ céleste, ce qui vide l’incarnation de tout son sens. C’est en cela que l’esprit qui les anime est celui de « l’antichrist », ils prêchent un « Christ » qui n’est pas celui des Ecritures.

Les destinataires de la lettre de Jean sont déjà « vainqueurs » de ces prophètes de mensonge, parce qu’ils sont « de Dieu », ils partagent la foi confessée par Jean en « Jésus Christ venu dans la chair », ils s’appuient fermement sur ce qu’ils ont reçu. Ils ne se sont pas laissé séduire par les beaux discours, ils demeurent dans la vérité, qui est à la fois une juste croyance et un comportement d’amour fraternel.

Ils sont vainqueurs, c’est acquis, même si les apparences sont contraires. La supériorité de Dieu ne se voit pas de façon éclatante. Le monde, au sens de l’humanité qui se dresse contre Dieu et rejette le Fils, le monde préfère écouter les prophètes de l’antichrist, qui lui parlent un langage plus acceptable, plus conforme à ce qu’il a envie d’entendre.

Ecouter la parole des apôtres, c’est vouloir avancer dans la connaissance de Dieu, c’est mettre en pratique l’enseignement reçu. C’est grâce à la tradition dont Jean est le témoin, que les croyants peuvent discerner entre la vérité et l’erreur. C’est un enjeu de taille pour les Eglises de la fin du 1er siècle, qui doivent apprendre à se passer de la voix des premiers témoins, tout en luttant contre des doctrines et des interprétations qui falsifient l’Evangile.

 

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