Introduction 1ère épître de Jean

1ère épître de Jean

 

Cette épître n’a de « lettre » que le nom : on n’y trouve aucune mention d’expéditeur ni de destinataire. Néanmoins l’auteur s’adresse à ses lecteurs en les appelant « mes petits enfants », ce qui laisse entendre qu’il exerçait sur eux une autorité religieuse. Depuis les premiers Pères de l’Eglise, on attribue ces épîtres à l’apôtre Jean – les deux autres « épîtres de Jean » sont signées « l’Ancien », ce qui n’indique pas tant un responsable de communauté, qu’un membre du groupe des disciples, ou qui avait connu l’un des disciples, ce qui lui donne une autorité considérable, en tant que témoin des premiers temps de l’Evangile. L’auteur de 1 Jean affirme d’ailleurs qu’il a été témoin oculaire de la vie de Jésus.

Il s’agit d’une exhortation pastorale à l’usage d’Eglises qui se trouvent confrontées à une « hérésie », un enseignement de doctrines incompatibles avec la foi chrétienne, par des « antichrists », des « prophètes de mensonge » … On peut déduire de la lecture de l’épître de Jean une partie de cet enseignement, un enseignement qui s’appuie sur l’importance de la « connaissance ». En grec connaissance se dit « gnose », plus tard aux IIè et IIIè siècles des mouvements dits « gnostiques » seront fermement combattus par l’Eglise.

L’idée de ces courants gnostiques est que le salut s’obtient par une connaissance approfondie des « mystères » divins, connaissance réservée à un petit cercle d’élus, d’initiés. Et cette connaissance s’appuie sur une vision dualiste du monde, où tout ce qui relève de la « matière » est relié au mal, aux ténèbres, tandis que ce qui relève de « l’esprit » est lié au bien, à la lumière, à Dieu. En accumulant du savoir, de la connaissance, on pouvait espérer se libérer de la matière, et s’élever vers Dieu, vers le monde spirituel.

Dans cette conception, l’incarnation de Jésus devient problématique, voire inacceptable : comment penser un Dieu qui prend corps humain, un Dieu qui se glisse dans la matière « mauvaise », comment admettre un Dieu qui se laisse mettre à mort ? Les gnostiques avaient beaucoup de mal à admettre que Jésus-Christ ait été à la fois Jésus et Christ, c’àd à la fois homme et Dieu. Certains prétendaient qu’il était un homme, qui aurait été « habité » par le Christ divin à partir de son baptême, et jusqu’à la Cène… et que seul l’homme Jésus était mort sur la croix !

L’auteur de l’épître n’entre pas directement en discussion avec ceux qu’il appelle « prophètes de mensonge », mais il donne à ses lecteurs des « billes », des arguments, pour qu’ils puissent les reconnaître et réfuter leurs idées. Ces « antichrists » ne sont pas des étrangers, mais des personnes qui ont été membres de l’Eglise, et qui l’ont quittée – non sans susciter trouble et interrogations. A ses lecteurs, Jean rappelle ce qu’est vraiment la foi chrétienne, et il le fait en utilisant le langage des gnostiques : le verbe « connaître » apparaît ainsi très souvent, pour montrer ce qu’est la « connaissance » chrétienne, de même que les notions de « lumière » et de « ténèbres », très prisées par les gnostiques, qui voyaient dans la succession du jour et de la nuit le combat incessant entre les forces du bien, de la lumière, et les forces du mal, des ténèbres.

Il est un peu difficile de déterminer un plan précis de l’épître, les commentateurs s’accordent à dire que la pensée de l’auteur se déploie en « spirale » : les mêmes thèmes reviennent, dans le même ordre, en trois « cycles », autour d’un thème central, celui de notre communion avec Dieu. Ces trois thèmes sont la pratique de la justice, le commandement d’amour, la foi au Christ. Les trois cycles – 1 Jean 1,5-2,28 : marcher dans la lumière ; 1 Jean 2,29-4,6 : être enfants de Dieu ; 1 Jean 4,7-5,13 : Dieu est la source – sont encadrés par un prologue (1 Jean 1,1-4) et une conclusion (1 Jean 5,14-21)

 

Bibliographie :

Les lettres johanniques, Suzanne de Dietrich, Labor et Fides 1964

TOB, introduction aux épîtres de Jean

 

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