Jean 1, 29-34 – Moi j’ai vu et je rends témoignage

 

Pasteur Bernard Mourou

Moi, j’ai vu et je rends témoignage.

Avec cette déclaration, Jean-Baptiste se place d’emblée sur le plan de l’expérience personnelle. Il rend compte de ce qu’il a vu.

Ainsi, Jean-Baptiste n’est pas seulement une voix qui appelle à la repentance, il est aussi, et peut-être même avant tout, un regard, un regard qui a su percevoir la véritable nature de Jésus. Il l’exprime dans son langage, avec ces mots : Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.

Qu’il soit une voix ou qu’il soit un regard, Jean-Baptiste fait tout avec une grande justesse.

Quel est son regard ? Que voit-il ?

Il voit dans Jésus l’agneau de Dieu, c’est-à-dire celui qui protège du péché en le supprimant.

Dans le judaïsme, quand la société subissait le chaos qu’entraîne le péché, les prêtres intervenaient.Ils rétablissaient l’ordre et l’harmonie en procédant à des sacrifices dans le Temple de Jérusalem.

A ce titre, l’agneau était une offrande parmi d’autres.

Mais ici, il symbolise toutes les bêtes sacrificielles, il les récapitule, en quelque sorte. En effet, c’était un agneau qui constituait l’holocauste perpétuel dans le Temple de Jérusalem, deux fois par jour, le matin et le soir. Et plus avant dans le temps, c’est aussi par un agneau que les premiers-nés des Hébreux furent sauvés de la mort en Egypte et qui depuis lors était consommé pendant la fête de la Pâque.

Pour toutes ces raisons, l’agneau représente l’archétype de l’animal sacrificiel.

Si Jésus est l’agneau de Dieu, cela signifie que le cycle des sacrifices est devenu obsolète et qu’une nouvelle ère a commencé. Et de fait, le temple disparaîtra vingt ans avant la rédaction de cet évangile. Désormais, ce ne sont plus les prêtres, mais Jésus lui-même qui met fin au chaos provoqué par le péché et rétablit l’harmonie perdue.

Mais le texte de dimanche dernier nous a montré qu’avant le début de son ministère Jésus est d’abord un disciple de Jean-Baptiste parmi d’autres. Dès lors, s’il ne se distingue en rien, comment pourra-t-il rétablir cette harmonie ?

En fait, l’évangéliste développe l’idée qu’effectivement Jésus ne se distingue pas de ses contemporains, sauf sur un point : le péché, qul lui est étranger. Il ne perd jamais sa communion avec son Père céleste. Son humanité ne l’empêche pas d’être pleinement Dieu.

Jean-Baptiste l’a bien compris, c’est pourquoi il déclare : Moi, j’ai vu.

Et il en rend témoignage.

Depuis les évangiles jusqu’à l’Apocalypse, en passant par les épîtres, le Nouveau Testament est tout entier constitué de témoignages.

C’est pourquoi il n’est jamais moralisateur. Un témoin ne dit pas ce qu’il faut faire ou ne pas faire : il se contente de montrer, de révéler ce qu’il a vu.

Témoigner, c’est parler avec justesse. Mais pour parler avec justesse il faut aussi, comme Jean-Baptiste, voir avec justesse.

Et nous, qu’avons-nous vu ? Et de quoi pouvons-nous rendre témoignage ?

Pour cela, il nous suffit de répondre à une question : Qui est Jésus pour nous ?

Est-il celui qui rend inutile tout sacrifice, que ce soit les sacrifices d’animaux autrefois dans le Temple de Jérusalem, ou aujourd’hui les sacrifices que nous sommes tentés de nous imposer pour obtenir une hypothétique faveur divine ?

Si comme Jean-Baptiste nous voyons avec justesse, alors notre parole sera aussi libératrice que la sienne et nous pourrons témoigner de Jésus-Christ autour de nous de manière appropriée.

Plus loin dans ce même évangile nous lisons : Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. C’est cette même attitude qu’aura celui que l’évangéliste appelle l’autre disciple quand il entrera dans le tombeau vide : Il vit et il crut.

Nous voyons qu’ici la vue est suivie de la foi. Le témoignage ne fait pas tout. Il sera inopérant si la personne en face n’y ajoute pas la foi. Pour être efficace, il doit être suivie de la foi. Mais il est indispensable car sans lui la foi ne peut même pas être suscitée.

Mais la suite ne concerne pas le témoin. Le résultat ne le regarde pas.

C’est pourquoi témoigner est à la portée de tout croyant. Il n’y a aucune difficulté à rendre compte de ce que l’on a vu.

J’espère que ce passage vous aura encouragé à témoigner. A ce propos vous êtes invités à un exercice pratique : je vous rappelle que nous attendons vos contributions dans « L’Eau vive », sous la forme d’articles dans lesquels vous rendrez compte de votre foi.

Amen

 

 

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