Marc 6, 30-34 – Enseigner

 

Pasteur Bernard Mourou

Dans les évangiles, lorsque Jésus n’opère pas de guérisons, il enseigne. L’étude et l’enseignement représentait – et représente aujourd’hui encore – une dimension importante du judaïsme.

Pour nous en tenir à l’évangile selon Marc, que nous lisons cette année, nous voyons souvent Jésus enseigner dans des lieux très divers, et parfois improbables : au bord du lac de Galilée, dans la synagogue de Nazareth, dans les villages de Galilée, dans le Temple de Jérusalem.

Ses disciples le reconnaissent comme enseignant. C’est le titre qu’ils lui donnent : ils l’appellent Maître, Rabbi.

Mais cela ne s’arrête pas là, Jésus ne se contente pas d’enseigner lui-même, il a un objectif pour ses disciples : au terme d’un long compagnonnage, il les invite à enseigner à leur tour, il les charge de cette mission.

C’est d’ailleurs immédiatement après avoir répondu à cet appel à aller enseigner que les disciples reçoivent le titre d’apôtres, apostoloi, c’est-à-dire envoyés. Dans l’évangile selon Marc c’est la seule fois où ce terme apparaît, au début de notre passage.

Ce titre d’apôtre n’est pas seulement donné à ceux ont vécu dans la proximité de Jésus. En effet, les Douze ne sont  pas les seuls à bénéficier de ce titre : Paul sera aussi appelé apôtre alors qu’il n’a jamais vu Jésus en chair et en os. C’est aussi le cas de Barnabé.

Par la place que Jésus lui donne dans son ministère, nous comprenons le rôle important que joue l’enseignement.

Mais revenons à notre texte. Beaucoup de gens sont venus vers Jésus. Ils ont parcouru de longues distances, sans se soucier ni de leur confort ni de leur subsistance. Et maintenant ils sont loin de chez eux et loin de tout. Ils se trouvent dans une grande précarité, dénués de tout.

S’ils se sont mis dans cette situation délicate, c’est parce qu’ils ont une soif spirituelle. Elle passe avant tout autre chose. C’est un fait, parfois la quête d’absolu enlève les sécurités auxquelles nous sommes habitués.

La foule est consciente de ses besoins. Mais Jésus et ses disciples ont aussi leurs propres besoins, et ce ne sont pas les mêmes, car pour eux le moment est venu de prendre du recul et se reposer loin des gens.

C’est pour cette raison que Jésus prend une barque, traverse le lac de Galilée et se rend dans un endroit désert, c’est-à-dire un endroit où ils seront sûrs de ne rencontrer personne.

Mais la soif spirituelle de de ces foules est si intense que ces gens ont continué à marcher, au point que dans leur impatience ils sont allés plus vite que Jésus et ses disciples et qu’ils les ont devancés. Le texte nous dit : qu’ils coururent là-bas  et arrivèrent avant eux, de sorte qu’en débarquant, Jésus vit une grande foule

Pour trouver la tranquillité dans un endroit désert, c’est manqué…

Les événements ont suivi un cours inattendu. Comme cela arrive souvent, devant des personnes qui éprouvent un manque, Jésus est pris de compassion.

Il s’adapte donc à ces circonstances imprévues. Il les accepte telles qu’elles se présentent à lui, sans vouloir à toute force parvenir à réaliser ses objectifs. Il change donc ses projets. Il renonce à se mettre à l’écart et il s’occupe de ces foules.

Mais ici, nous voyons que sa compassion, dans un premier temps, ne le conduit pas à guérir les malades ou à leur donner à manger, comme c’est souvent le cas à d’autres moments.

Non, sa compassion le conduit à enseigner ces foules qui sont venues à lui animées d’une grande attente.

Pour enseigner les foules, Jésus met provisoirement de côté son désir de se mettre à l’écart, lui et ses disciples, et de se reposer, parce qu’il considère ce besoin d’enseignement comme aussi impérieux que peuvent l’être les guérisons.

C’est d’ailleurs pour cela que ces gens sont venus à lui. Ils n’ont pas cherché à recevoir des guérisons ou biens matériels, comme c’est souvent le cas dans d’autres récits. Pour eux, la connaissance des biens spirituels prime sur la jouissance des biens matériels.

Jésus a compris que ces gens attendent cela de lui et cela le réjouit. Il approuve leur désir sans aucune réserve.

C’est en adéquation avec le judaïsme. Le Premier Testament ne dit pas autre chose quand il compare souvent l’enseignement à une nourriture. Le livre du prophète Amos l’exprime annonce : Voici venir des jours – oracle du Seigneur Dieu –, où j’enverrai la famine sur la terre ; ce ne sera pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles du Seigneur. Cette soif est celle des foules qui viennent à Jésus ici.

Jésus est toujours du côté de ceux qui ont une soif spirituelle et il désire la satisfaire. Si nous sommes là ce matin, alors que nous vivons dans une société qui semble souvent ne rechercher que les biens matériels, c’est que nous avons la même préoccupation que ces gens qui ont suivi Jésus jusqu’au bout du monde. Soyons donc assurés que Jésus-Christ souhaite étancher notre soif.

Amen

 

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