Commémorons pour l’avenir !

« Une commémoration est une cérémonie officielle organisée pour conserver la conscience nationale d’un évènement de l’histoire collective et servir d’exemple et de modèle. … », C’est sa définition sur Wikipédia. Et si c’est marqué dans Wikipédia, c’est que ça doit être vrai !
Donc, si c’est vrai, une commémoration regarde le passé pour préparer l’avenir, pour éviter de faire les mêmes erreurs que dans le passé, pour un monde sans guerre, sans Shoah, sans esclavage…
Surement, après deux guerres mondiales ayant morcelé l’Europe, décimé des millions de femmes, d’enfants et d’hommes, des hommes politiques éclairés ont réussi à construire une Europe ayant assuré la paix et la prospérité depuis 70 ans en imaginant des solutions innovantes, mais surtout d’avenir.
70 ans plus tard, il n’y a jamais eu autant de commémorations : pour la guerre d’Algérie, l’accession au trône d’Angleterre de Guillaume le Conquérant (1066), l’invention du stéthoscope par René Laennec (1816), etc… Mais est-ce que ces commémorations remplissent encore leur rôle ? Ne nous poussent-elles pas à ce que l’histoire ne serve que d’exemple, n’avons-nous pas oublié le modèle pour continuer à construire l’avenir alors même que les difficultés s’amoncellent devant nous : qu’elles soient environnementales, allant vers le déséquilibre du climat de la planète ; de répartition des richesses, entrainant des populations entières à risquer leur vie pour essayer de survivre…
Hélas une fois encore l’actualité tragique du 13 novembre dernier montre que les commémorations successives ne nous ont pas permis de trouver des solutions d’avenir, de comprendre nos ennemis, de comprendre pourquoi des jeunes français partent s’entrainer à l’étranger pour se retourner contre leur pays et ses habitants.
Ces commémorations ne servent-elles plus qu’à regarder le passé pour se rassurer, pour essayer de trouver un ciment national commun ? Cette « commémorationite »  ne cache-t-elle pas les difficultés à fédérer la société derrière un projet d’avenir, comme a pu l’être l’Union européenne et qui aujourd’hui rencontre plus de réfractaires derrière le nom pudique d’ « euro-sceptiques » ?
Et nous chrétiens dans tout cela, quel rôle avons-nous à jouer, sommes-nous bien placés pour sortir de ce repli vers le passé ? Des personnes étrangères à notre religion, ne pourraient-elles pas nous reprocher les mêmes travers avec la sainte scène, que nous répétons depuis deux millénaires ?
Pourtant dans Luc 22, 17-20, ce dernier repas de Jésus partagé avec ses disciples est très clair. Dans un premier temps Jésus présente le pain, « ceci est mon corps, en mémoire de moi », comme une commémoration pour ne pas oublier sa venue parmi nous. Ensuite il présente une coupe de vin, « Cette coupe  est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous ». Ce deuxième temps va vers l’avenir, différent puisqu’il est nouveau avec de nouvelles relations avec Dieu. En deux phrases, Jésus nous montre le chemin, ne pas oublier le passé pour mieux vivre l’avenir.
Alors pourquoi arrivons-nous à commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale et son lot de barbarie, mais n’arrivons-nous pas à mettre fin à l’hécatombe des migrants aux portes de l’Europe ? Pourquoi fêtons notre fête nationale avec l’abolition des inégalités pour une nation libre et fraternelle et n’arrivons-nous toujours pas à offrir à tous les habitants de notre pays de quoi se loger et vivre décemment ? Pourquoi fêtons-nous les morts alors que nous avons tant de difficultés à regarder les vivants ?
En tant que chrétiens à l’exemple de la sainte scène, ne devons-nous pas réapprendre à regarder toutes ces commémorations différemment, pour construire un avenir pour toutes les femmes, les enfants et les hommes, même pour ceux nous semblant si différents ?

Patrick Mériat

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