Contre la peur

 

Contre la peur.

Ces derniers mois ont été marqués par de terribles attentats dont certains tout près de nous. Des femmes, des hommes, des jeunes qui sortaient  pour regarder un feu d’artifice, prendre un verre, assister à un concert ou à une célébration religieuse, ont été assassinés par d’autres hommes qui prétendaient commettre ces actes au nom de leur dieu ou de leur religion. Nous avons dû accepter le fait que nous ne sommes nulle part à l’abri de telles menaces. Désormais, quand nous nous trouvons dans une foule, la peur est là, qui nous accompagne aussi, la peur qui blesse l’amour qui est en nous. Ces attentats nous ont volés l’insouciance, une part de confiance et ils nous ont rendus encore plus méfiants vis-à-vis de tous ceux que nous ne connaissons pas.  

Pour cette rentrée, les mêmes questions se posent à chacun, à tous les niveaux : comment réagir à la prochaine agression dont on a compris  qu’elle  viendrait ? Comment prévenir de nouvelles menaces ? Comment se protéger de cette peur qui paralyse  sans sacrifier ce qui fait l’essentiel de notre démocratie, alors même que les agresseurs voudraient nous voir nous replier sur nous-même et cultiver comme eux   la haine de l’autre ? Je ne prétends pas connaître la réponse à toutes ces questions. Je doute qu’il y en ait une seule et unique qui soit à notre portée : je me méfie des réponses simplistes. La réponse, au fond, c’est l’amour, mais nous en sommes si loin ! Je vous propose donc de relire dans l’évangile de Marc (4,35-41) le récit de la tempête apaisée qui pourrait nous ouvrir une piste de réflexion.  

Jésus  et  ses  amis  traversent  une tempête en barque. La peur qui s’installe à  bord  induit  des  réactions  très différentes : les uns changent leur peur en  activisme  et  rament  avec  plus  de  zèle, espérant vaincre les forces de la nature. D’autres crient ou accusent leurs compagnons  de  voyage ;  d’autres encore, paralysés par la violence subie s’effondrent,  incapables  de  faire  quoi que ce soit.  
Seul Jésus garde son calme dans la tempête et parvient même à dormir. Pourtant, il subit la même épreuve, se trouve dans la même barque, face au même danger. Réveillé et interrogé par ses amis il leur pose la question : « Pourquoi avez-vous si peur, n’avez-vous pas encore la foi ? » Par sa foi  et sa sérénité affichée, Jésus parvient à apaiser ses amis, et la tempête est regardée pour ce qu’elle est, une épreuve à franchir.  

Oui nous avons peur, mais ne nous laissons pas envahir par la peur de l’autre, premier pas vers la haine de l’autre. Mettons à l’instar de Jésus notre confiance en l’amour de Dieu ; il nous aidera à vaincre nos peurs. Pour œuvrer à la paix dans la tempête quand la menace est là, en cette rentrée, c’est de lucidité, de courage, de foi et de sérénité dont nous avons besoin.     

Richard Taufer, pasteur.

 

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