Esclaves de Jésus-Christ

 

Quand on entend le thème de ce numéro de Cap de Caux, « l’être humain n’est pas à vendre », il est difficile de ne pas penser à l’esclavage et aux différentes formes qu’il a pu prendre au fil de l’histoire : statut social établi dans l’Empire gréco-romain, traite des noirs, esclavage domestique…

Si depuis quelques années il existe une « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », nous savons aussi qu’aujourd’hui encore, y compris dans notre pays, des hommes, des femmes et des enfants sont privés de toute liberté et de leurs droits les plus fondamentaux. Ainsi, nous apprenions il y a quelques mois que plus de 10 000 enfants migrants avaient disparu après leur arrivée récente sur le territoire européen, certainement récupérés par des réseaux de trafic d’êtres humains.

Au vue de ce qu’on met derrière le mot « esclave », il est surprenant, voire choquant d’entendre l’apôtre Paul, au début de son épître aux Romains, se présenter comme étant « esclave de Jésus-Christ ». Nous pensons plus volontiers notre relation au Christ en termes de liberté et de libération qu’en termes d’esclavage !
Aujourd’hui, la revendication de liberté est d’ailleurs très en vogue. On veut pouvoir acheter et vendre sans contraintes ; on veut être libre de travailler ou de ne
pas travailler ; on veut être libre d’aller et de venir mais on veut aussi empêcher les autres d’en faire autant ; on veut être libre d’aimer ou de ne plus aimer ; on veut être libre de penser et de s’exprimer mais on ne veut pas toujours que les autres en fassent autant…

Bref, aujourd’hui, on veut surtout être libre de faire ce qu’on veut, parfois au détriment de la liberté des autres… Et je me demande parfois si, de cette manière, nous ne sommes pas en train de renoncer à notre véritable liberté pour nous soumettre à une nouvelle forme d’esclavage… Ne sommes-nous pas entrain de devenir les esclaves de notre propre volonté ? Ne cherchons-nous pas à devenir notre propre maître ? Or c’est justement ainsi que Luther définissait le péché : être recroquevillé sur soi-même, ne regarder que son propre nombril et vouloir être son
propre maître…

Le vocabulaire choisi par Paul, aussi surprenant qu’il puisse paraître, nous rappelle ainsi que la véritable liberté ce n’est pas tant de faire ce qu’on veut, mais bien de nous reconnaître esclaves du Christ. En appartenant au Christ, nous sommes délivrés de tous nos autres esclavages et conduits vers la véritable liberté : celle qui nous délivre pour toujours du péché et de la mort, celle qui nous délivre de notre nombrilisme, celle qui nous est donnée sans pour autant être confisquée à d’autres.

« Mais maintenant, libérés du péché et devenus esclaves de Dieu, vous portez les fruits qui conduisent à la sanctification, et leur aboutissement, c’est la vie éternelle », Romains 6, 22

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