Heureux ceux qui doutent !

 
Lors de la table ronde « le salut n’est pas à vendre » l’imamYoussef Cherraj nous a parlé du salut d’une façon très personnelle à travers sa foi. Ses propos l’ont amené à parler du doute, le faisant sortir du chemin de la justice et de la bienveillance… Le doute le menant vers un monde des ténèbres. Ces propos m’ont interpellé au même titre que d’autres personnes dans la salle sur le fait que le doute pouvait faire partie de la foi !

Dans notre vie quotidienne, le doute n’est-il pas une composante nécessaire à la réussite ? Le voyageur devant se rendre à une destination précise sans connaître la région qu’il traverse, même avec une carte, peut être pris d’un doute, s’arrêter, rechercher s’il se trouve bien à l’endroit où il pense et s’orienter. Sans ce doute permettant de se rassurer ou de retrouver le chemin de sa destination, ne serait-il pas écarté de sa destination finale, drapé dans sa certitude ?

Pourtant le doute, cette incertitude, ce manque apparent de confiance en soi, passe assez souvent comme un défaut, comme un signe de faiblesse, d’une personne ne sachant pas où elle veut aller, ce qu’elle veut. Dans notre société une personne forte de convictions et de certitudes donne confiance avec une impression d’avoir la solution à tous les obstacles, pouvant même être placée à des postes à forte responsabilité !

Pourtant la pertinence du comportement se mesure à l’arrivée. Le voyageur doutant sur le bord de la route avec ses feux de détresses, doublé par celui certain  d’être sur la bonne direction, n’arrivera peut-être pas plus tard. Et pourtant l’histoire paradoxalement a retenu grand nombre d’hommes célèbres ayant envoyé leur nation ou leur armée à la catastrophe.

Et le doute dans la foi, ne nous aide-t-il pas à retrouver le chemin de Dieu plutôt que de se retrouver sur le chemin de ma certitude vers Dieu, conduisant vers un  dieu, celui qui m’arrange bien, qui justifie ma pensée, mes actes et me met en paix avec ma conscience ? Ce doute pourtant m’arrête sur le bord de la route, pour me questionner, pour prendre un temps pour Dieu, à écouter, à ressortir ma bible, à prier, à écouter son cœur comme l’imam Youssef Cherraj nous l’a dit lors de cette table ronde.

Heureux ceux qui doutent ! Même si les béatitudes dans Matthieu 5 n’y font pas allusion, qui n’a jamais eu une foi émaillée de doute. Jésus sur la croix n’a-t-il  pas crié dans un dernier souffle « Eloï, Eloï, lama sabachtani ! » ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu,pourquoi m’as-tu abandonné ? (Marc 16.34)

 
Patrick Mériat

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