« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Matthieu 25,13)

En attendant : Chaque année, je m’émerveille de voir la lumière gagner de jour en jour sur la nuit dès le début de janvier. C’est comme si l’espérance se déployait lentement pour éclairer le monde. Dans le froid de l’hiver, déjà, pointent les premières pousses qui s’ouvriront au printemps. Mais cette année trop douce a bousculé les équilibres et, dans mon jardin, les oeillets de juillet côtoient les violettes de décembre et les narcisses de mars…. Le temps est-il devenu fou ? Est-ce un signe ?

De tout temps, des gens ont recherché des signes de l’approche de la fin des temps. Les premiers chrétiens pensaient qu’ils verraient la re-venue du Christ, la parousie, de leur vivant ; ils mettaient tout en commun, et priaient sans cesse. Mais leur espérance a été déçue…. Internet, aujourd’hui, véhicule bien des théories de l’apocalypse, des histoires à faire peur. Beaucoup croient aux histoires de complots, de révélations, de magie, de morts qui marchent. Ils se racontent que la fin des temps arrive. Mais leur fin est bien différente de celle des chrétiens. Ils fuient la réalité qui les déçoit et se réfugient dans la fiction parce qu’ils n’ont aucune autre espérance. À leur fin des temps, la terre sera vide, et il n’y aura plus d’humanité, il n’y aura plus rien …..

Bien sûr, le temps que nous vivons est troublé, difficile, dangereux. Mais est-on sûr que ce soit nouveau ? Croyez-vous que le monde ait été plus « normal » (quel sens
donner à ce mot ici ?), plus facile, plus sûr, du temps de nos aïeux, de quelque temps qu’ils aient vécu ? Ce qui est nouveau, c’est que le moindre événement survenu quelque part dans le monde connaît immédiatement une répercussion planétaire, et nous arrive aux oreilles, aux yeux, sans délai. De quoi alimenter bien des paranoïas. De quoi faire peur à ses voisins, imaginer des catastrophes, se refermer sur
soi en attendant l’apocalypse…..

Bien sûr, nous savons que l’espèce humaine disparaîtra un jour lointain, que la
terre est fragile et que les hommes la mettent de plus en plus en péril, que nous avons maintenant la puissance technologique de tout anéantir…. Mais un chrétien ne peut vivre dans la peur paralysante des lendemains. Veillez, nous dit Jésus, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure. Veiller, ce n’est pas attendre sans rien faire. Veiller, c’est aussi être lucide, ne pas fermer les yeux sur tout ce qui se passe dans le monde, et essayer d’y exercer une influence dans la mesure de nos moyens. Veiller, c’est être attentif à nos enfants, pour les aider à grandir et à trouver leur place dans le monde. C’est s’ouvrir aux autres, pour arriver à une compréhension mutuelle et, ensemble, créer un monde meilleur. Car Jésus nous dit veillez dans l’espérance, non dans le désespoir. Ce que nous attendons, nous chrétiens, c’est un jour merveilleux où le Seigneur se révélera pleinement au monde, où Christ reviendra pour mettre fin au long temps de l’attente. Veillez, nous dit Jésus, vivez pleinement, ne laissez pas votre foi sous le boisseau, vivez-la, mettez-la en action, réalisez-la dans l’amour des autres. Vivez comme si chaque jour était le dernier, et faites-en une apothéose….

Claudine Tetrel

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