Etre une Eglise du dialogue dans un monde en débat

A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous (I Co 12,7)

Depuis quelques semaines, la France est entrée en débat. Officiellement en débat. Les rencontres se multiplient pour donner l’occasion aux citoyens de s’exprimer sur les sujets qui les préoccupent, les pages des cahiers de doléances se remplissent et les médias se font l’écho à la fois de l’ambiance dans laquelle se déroulent ces rencontres et de leur contenu. Certains sont friands de ces discussions où les arguments s’opposent, où l’on défend son point de vue, où l’on cherche à convaincre l’autre, où l’on se sent un peu victorieux quand on « gagne » le débat. D’autres au contraire n’y trouvent pas leur place : par peur de l’affrontement, par sentiment d’incompétence ou parce qu’ils ne sont pas à l’aise avec les règles du jeu.

Il y a tout un art dans le débat et dans l’utilisation même du mot on suppose affrontements, oppositions, querelles et controverses. Et si en Eglise une autre forme de discussion était possible ? Dans sa première lettre aux Corinthiens (I Co 12,7), Paul liste les dons qui nous sont donnés par l’Esprit Saint dans un but précis : l’utilité commune, le bien de tous. Tous ces dons sont de l’ordre de la relation et pour beaucoup de la communication : pour porter quelque chose ensemble (sens étymologique de ce que nos bibles traduisent par « bien de tous » ou « utilité commune ») il faut que nous puissions être liés les uns aux autres, que nous puissions communiquer les uns avec les autres comme deux pièces d’une maison qui communiquent entre elles : lorsque nous sommes suffisamment ouverts les uns aux autres, alors les paroles et la Parole peuvent circuler entre nous, peuvent nous rejoindre et nous mettre en relation plutôt que de nous opposer. Laisser passer la P(p)arole, la laisser nous traverser… Tel est le sens du dia-logue (dia : à travers ; logos : la parole). Non pas source d’affrontements ou d’oppositions, mais source de relations, le dialogue est peut-être ce que les dons de l’Esprit rendent possible.

L’Eglise peut alors devenir et demeurer, grâce aux dons de l’Esprit Saint, lieu de dialogue dans un monde sans cesse en débat. Tout nous est donné, à tous et à chacun, pour que cela soit possible… et c’est déjà une bonne nouvelle !

Marion Heyl, pasteure

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