14 octobre 2018 – Rien n’est impossible à Dieu – Marc 10, v.17-27 – Ch. Hervaud

Prédication

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Voilà un homme que Jésus a aimé !
C’est le regard de Jésus sur lui qui me touche et me donne à aimer moi aussi cet homme en recherche authentique d’une autre vie.

Oui, cet homme vient vers Jésus dans une démarche sincère, il n’est pas satisfait, il sait que quelque chose lui manque, et il croit que Jésus peut l’aider à répondre à sa question : Que faut il que je fasse pour avoir part à la vie que Dieu promet aux justes ?

C’est dire si sa question est essentielle, existentielle même. Elle touche à sa vie même

A travers sa question, et son interpellation : « Bon Maître, », ou ce qui serait plus juste :  « Maître, Toi qui es bon, » on comprend que cet homme reconnaît en Jésus les qualités d’un maître. Et il va vers lui avec confiance, et dans une attitude respectueuse, car il se met à genoux.

Curieusement Jésus n’adhère pas à ce qualificatif et cela peut nous surprendre. Jésus renvoie l’homme à son Dieu, lui seul est parfait.

C’est un homme lucide, et inquiet, qui comprend que l’observance stricte de la loi ne lui a pas donné le bonheur , ne remplit pas sa vie. Il ne sait pas plus ce qu’il en sera de lui quand il sera mort. Il s’aperçoit que bien qu’il ait fondé sa vie sur l’obéissance à Dieu, et à sa loi, il n’est sûr de rien. Face à la mort, qu’en sera t-il de lui ?

Jésus le voit tout proche d’une autre vie, et l’invite à entrer dans la dimension de disciple, à ne pas rester sur le seuil.
Quelque part il lui dit, : «Ne te préoccupe pas de la part que tu auras dans la vie éternelle. Ne sois pas inquiet, la vie éternelle, elle commence dès aujourd’hui en marchant à ma suite. Mais tu es en retard seulement en une seule chose : te libérer du poids de tes possessions , alors va vends toutes tes maisons, tes fermes, tes propriétés, et va en avant dans la vie avec moi.  C’est là que tu posséderas tout. 

Tu seras rassasié, guéri, et tu seras dans un autre état, qui te donnera la vie. Il n’y a pas de salut par soi même. »
Jésus ne juge pas le chemin qu’a pris cet homme. C’est le chemin d’un homme élevé dans sa religion qu’il a prise au sérieux, et qui toute sa vie, a voulu, sincèrement honorer son Dieu. Il aime cet homme chercheur de vérité. Il ne peut lui laisser croire que son rapport à Dieu réside dans l’obéissance à la loi.

Jésus brise l’équilibre fragile de cet homme. Il l’invite à bâtir sa vie sur une autre réalité.

Ses richesses l’encombrent , l’emprisonnent, le possèdent, lui qui possède beaucoup. Jésus met le doigt ce sur quoi il a bâti sa vie : la possession. Possession de la loi, possession des biens matériels.Peut être d’autres encore qui ne sont pas mentionnés, mais que chacun de nous en regardant en soi pourrait nommer.

Car c’est bien nous que Marc interpelle, par cette histoire.

Que possédons nous, que jésus, dans son amour, nous presse de « vendre » ?

Ce ne sont sans doute pas nos richesses matérielles, mais d’autres attachements, qui nous possèdent et nous empêchent de suivre le Christ.

Posséder donne l’illusion de maîtriser sa vie, d’être suffisamment riche pour oublier sa fragilité et ne se confier qu’en soi-mêmes. Cela rejoint le livre de la Genèse, chapitre 3 où il nous est montré l’avidité des humains à posséder le jugement de toutes choses et le désir d’être comme Dieu.

Jésus nous avertit de cette tentation tout humaine que nous pouvons avoir. Il s’agit de donner à Dieu toute la place et de lui faire confiance totalement. Pour cela nous n’avons besoin de rien. Cultiver le manque, le rien, nous pousse au désir d’aller à Dieu et d’être nourri de Lui, qui est prêt à tout nous donner.

Dans cette histoire, l’homme qui possède de grands biens, s’en va, consterné, par la demande de Jésus, il se trouve dans une grande détresse en proie à une décision radicale à prendre.

Que fera-t-il ? Nous ne le savons pas. Reviendra t-il vers jésus, plus tard, le suivra t-il finalement, ou restera -t -il toujours ainsi ?

Après son départ, les disciples interrogent Jésus. L’inquiétude de l’homme riche les a gagné. Ils sont sidérés devant l’exigence de jésus. En effet, à travers l’exemple de cet homme, jésus signifie que c’est tout ce que par quoi on se suffit à soi même qui fait obstacle au règne de Dieu.Ce ne sont pas seulement des bien terrestres ( que les disciples pour la plupart n’avaient d’ailleurs pas ). C’est une attitude de « plein », cela peut être du savoir religieux, des convictions, de l’intelligence, des sécurités, de l’argent. C’est vrai que cela peut donner le vertige : tout perdre, ne rien avoir et remettre tout à Jésus, ça peut faire peur. Il faut beaucoup de confiance en Dieu pour changer notre système de pensée.C’est s’abandonner. S’abandonner est une démarche mentale qui nous place dans une autre relation. Ce n’est pas se sacrifier, pour être aimé, comme le suggère Pierre par sa remarque : «  nous avons tout laissé et nous t’avons suivi ». Par sa réponse, Jésus montre qu’il ne se laisse pas emprisonner par ce que dit Pierre, qui d’une façon subtile, laisse entendre, qu’il mérite la vie éternelle , Pierre est dans la logique des œuvres. Il a tout donné, donc,il doit recevoir. C’est un du et non un don. Jésus renverse la position de Pierre et des disciples en leur disant, comme il l’a déjà dit : les premiers seront les derniers et les derniers les premiers. Pierre n’a pas à se vanter, c’est Jésus qui l’a appelé, et il l’a appelé à être serviteur des autres.

Jésus rappelle que le salut, qui inquiète tant Pierre : alors qui peut être sauvé ? appartient à Dieu Seul . Ce salut est hors d’atteinte des hommes quels qu’ils soient. Il n’est possible que par Dieu, qui seul est bon, et peut tout donner gratuitement, même son fils unique.

A vous, et à nous, Jésus rappelle que c’est à Dieu seul que tout est possible.

Nous mettre devant nos impossibilités, être conscient de nos faiblesses, nous rendre compte que nous ne pouvons tout maîtriser, nous place devant nos manques et nous pousse à nous tourner vers Lui. Devant l’avenir de notre église, la construction nouvelle dans laquelle nous sommes engagée,

Dieu nous rassure :
A moi, rien n’est impossible.
Dieu nous regarde avec amour, tout autant qu’il a regardé cet homme qui le cherchait.
Peut être que nous pourrions dire à Dieu, tout simplement :
Nous croyons que tu es le Dieu de l’impossible,
Viens Seigneur, au secours de notre manque de foi.
Viens toi même, nous t’attendons.
Amen.

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