16 septembre 2018 – Qui suis-je ? – Marc 8,v.27-35 – Ch. Hervaud

Prédication

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Quelle question surprenante de la part de Jésus !
Les disciples se sont peut être étonnés, bien qu’ils soient habitués à des paroles étranges ou incompréhensibles de la part de Jésus.
Tout de même quel besoin avait Jésus de savoir ce qu’on disait de lui ?
Aurait il des doutes sur son identité ?
Aujourd’hui, on entend souvent ce genre de question à la radio, à la télévision, quand on interroge un homme politique ou une star de cinéma, par exemple. A travers ce jeu de définition, on arrive à comprendre à partir de quoi, ou de qui, on se définit.

Alors reprenons la question de jésus à ses disciples :
«  Au dire des gens, qui suis je ? »
La réponse des disciples dit ce que tout un chacun peut penser. Bien sûr, on s’interroge sur cet homme aux dons exceptionnels. Alors, ils nomment Jean le Baptiseur, jésus serait un nouveau jean , un jean ressuscité, ensuite, ils nomment Elie , un prophète fameux, reconnu comme tel, ou un autre prophète, sans dire lequel. En tout cas, ce que l’on constate, par ses noms, c’est que ce sont des hommes du passé, des hommes que la tradition respecte et qui ont un prestige certain du à leurs actions étonnantes, un lien particulier avec Dieu, semble-t-il.
Voilà, la 1 ère étape du chemin sur lequel Jésus les conduit.

Jésus leur pose, à nouveau la question, mais cette fois ci d’une manière toute personnelle.
«  Et pour vous, qui suis-je ? »
La réponse de Pierre est extraordinaire, intuitive, et fournie par l’esprit saint. Nous le comprenons tout de suite, quand nous le lisons. Pourtant cette réponse révèle vite l’ambiguité dans laquelle elle est énoncée. En effet, Pierre comprend le titre de Christ qui signifie Messie, comme étant la figure de David, un Messie Royal, venu délivrer son peuple de l’oppression et établir un royaume terrestre. Pierre et les juifs de l’époque, sont dans l’attente de ce Messie glorieux.
Alors, Jésus annonce clairement sa destinée, qui sera tout autre : il est le Fils de l’homme, serviteur de l’humanité, il sera rejeté par la hiérarchie religieuse, devra souffrir et mourir pour traverser la mort et s’en relever. Ouvertement, sans langage caché, jésus dit ce qui est inévitable , et qui tient de la décision souveraine du Père, afin de donner la vie véritable aux humains.

Cette annonce est scandaleuse pour Pierre, à tel point qu’il reprend Jésus avec force.

Le messie ne peut être tué. C’est contraire à tout ce que Pierre a appris des anciens et que la tradition inculque. Pierre est dans l’attente de l’accomplissement par l’intervention de Dieu de la gloire du messie par la domination et le pouvoir. Il veut convaincre Jésus de ne pas passer par ce chemin de souffrance et de mort. A vrai dire, il n’entend pas Jésus jusqu’au bout, puisqu’il ne saisit pas que Jésus passera par la résurrection de son corps.
Par l’annonce de sa mort, Jésus montre que Pierre se trompe non seulement quant à la venue du Christ-Messie, et son identité, mais aussi quant au sens de la vie que Jésus propose et le chemin que cela induit.
Voilà la 2ème étape du chemin.

Jésus se retourne vers les disciples et il s’oppose à Pierre qu’il montre comme un tentateur qui veut détourner Jésus de sa mission. De cette façon, Jésus signifie qu’il ne changera pas son but. Pierre est dans la puissance à vue humaine. C’est une incompréhension fondamentale.L’étape indispensable est d’accepter que le Messie ne se rencontre que dans la faiblesse assumée, le manque reconnu et la foi. Jésus indique la voie à suivre.
Après qu’il se soit adressé à ses disciples, Jésus va s’adresser à l’ensemble du peuple.
Voilà la 3ème étape du chemin.
« Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive »
En appelant la foule, Jésus montre que c’est pour tous qu’il va souffrir et ressusciter. C’est pour chaque individu qu’il montre le chemin de la résurrection. De la puissance, du pouvoir, ou de la domination, ne sort rien, c’est un chemin de mort.

Ce que Jésus propose, a 2 préalables : se renier et prendre sa croix. C’est un chemin difficile qui prend toute une vie, car sans cesse , nous sommes rappelés à vivre ce reniement de soi, c’est à dire renier l’importance que l’on peut avoir à ses propres yeux, refuser de se glorifier et de ne se confier qu’en soi même.

Et se charger de sa croix, cela ne signifie pas que c’est porter la croix du Christ. C’est chacun sa croix, la sienne. Il y a là quelque chose d’intime, de personnel, qui ne concerne que soi, et que soi seul peut connaître. Il ne faut pas voir dans cette expression, le fait de se mortifier dans la douleur, ou de devenir martyr. Jésus n’invite jamais à la mort, mais à la vie.
L’invitation à suivre Jésus implique une rupture avec la logique du monde, qui désire : pouvoir, avoir, savoir et richesse.

Pour suivre Jésus, il faut passer par une mort aux désirs du monde, une forme de mort à soi même, et cela peut parfois être violent, dans la prise de conscience et la vie par les actes que cela induit.

Ne plus se confier en soi même, renier le dieu que l’on est, ou que l’on croit être, et vivre par cette nouvelle identité crucifiées-reniée, c’est reconnaître sa propre faiblesse, sa misère, et son manque.

C’est un appel à la vie, que jésus envoie à tout le peuple et à ses disciples. Il s’agit de ne pas se tromper de vie.
Pour Jésus, ce que les humains appellent vivre peut signifier perdre la vie. Et , de même, ce que les humains appellent mourir peut signifier trouver la vie. Cela passe par la perte de l’image que l’on a de soi, à cause de Jésus et de l’évangile. C’est alors trouver sa véritable identité et la vie véritable.

Ce qui est donc en jeu ici dans ce texte, c’est « qui suis je ? » pour en revenir à la question de Jésus à son propre sujet.
A la suite de : « et pour vous, qui suis je ? », jésus nous interpelle pour nous demander, à nous, : « Et vous qui êtes vous ? » « Que serez vous sans le lien qui vous unit à moi ? »
Votre identité de sujet, nous dit il, se construit à partir de l’abandon de vous même, pour vous abandonner à la confiance en moi. C’est dans la relation de dépendance à Dieu que nous trouverons notre identité véritable. Cela parait paradoxale , mais c’est en allant à l’encontre de notre volonté d’autonomie, d’autosuffisance, et de maîtrise de soi que l’on peut se trouver et vivre .

Croyons bien que nous avons si peu à perdre, en réalité, et tant à gagner : cette joie inconditionnelle, cette joie parfaite que nous recevons dans le lien à Jésus le christ.
Voilà la touche finale,à la dernière étape du chemin à la suite de Jésus.

Amen.

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