17 février 2019 – C’est quand le bonheur ? – Luc 6, v.17-26 – Ch. Hervaud

Cliquez ici pour télécharger la prédication 

C’est quand le bonheur ?

Un chanteur populaire qui se nomme Cali avait il y a quelques années, intitulé une de ces chansons : «  C’est quand le bonheur ? ». Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais il répétait cette question en refrain, plusieurs fois.

Eh oui ! C’est quand le bonheur ?

Souvent on se demande si on est le bonheur ou si on l’a été.
Pour beaucoup d’entre nous, c’est une énigme, le bonheur.
Qu’est ce que c’est au juste ?
Est ce que ça existe vraiment ?
Comment être heureux ?

« Heureux  êtes vous car le Royaume de Dieu est à vous », voilà comment commence le texte des bonheurs, celui de Luc.
C’est au présent.

Oui, nous les disciples du Christ, nous qui marchons à sa suite, nous sommes heureux.
En sommes nous convaincus ?

Jésus s’adressait aux 12 apôtres me direz vous. Certes, c’est vers eux que Jésus lève les yeux alors qu’une foule est devant lui qui l’attend, qui l’écoute, qui veut être guérie de ses maladies, qui demande des miracles car elle a vu la puissance de Jésus .

Cela se passe, dans une plaine, (Matthieu lui dira une montagne), après un temps de prière pour jésus, et le choix des 12, ceux qui ont décidé de tout quitter pour vivre de l ‘évangile, qui ont été saisi par la bonne nouvelle.

Ils ont renoncé à tout et jésus leur dit : « Vous êtes heureux, car vous êtes dès maintenant dans le Royaume. »

Voilà qui nous rassure nous aussi, nous sommes citoyens du royaume de Dieu, si nous nous considérons comme disciples du Christ.
Jésus nous donne ici les états de ceux qui vivent dans le royaume.

4 caractéristiques :
* être pauvre
* avoir faim
* être dans la peine, pleurer
* être détesté, exclu, insulté, rejeté

Ceux qui vivent dans le royaume sont dans une autre réalité, une autre vie, une autre conception du bonheur que celle proposée par la société.

Pourtant ce n’est pas une vie idéalisée, c’est au contraire avoir pris conscience que ce que la société propose ne nous suffit pas. Notre vie prend sens à partir du moment où nous avons consenti à renoncer à la vie « du monde », selon le terme utilisé par l’apôtre Jean.

Quand sommes nous heureux ?

Quand nous sommes pauvres.

La pauvreté dans l’enseignement de Jésus , qu’est ce que c’est ?
Il s’agit de la pauvreté en esprit. Donc, une pauvreté intérieure. C’est reconnaître son indigence, son vide intérieur. C’est s’en remettre à Dieu et lui demander de combler ce vide. Admettre que sans Dieu, je n’y arrive pas, je suis creux. Etre pauvre selon Jésus, c’est reconnaître ma nécessité, mon besoin de Dieu. M’attendre à lui.

Dieu en venant loger dans nos vies va lui donner toute sa richesse. Non pas en argent, ou d’une façon superficielle, mais en profondeur, avec des valeurs qui comblent notre être intérieur.

Jésus encourage ses disciples qui ont fait acte de foi en le suivant, à accueillir Dieu comme un don. C’est cet état d’accueil et d’ouverture vers lequel nous devons tendre, cet état d’esprit qui désire s’ouvrir à une vie pleine.

C’est par cet état de pauvreté que nous rentrons dans le royaume, en laissant à la porte nos biens illusoires.

2ème état : avoir faim maintenant

Que ressentons nous quand nous avons faim ? Un vif désir de nous nourrir ! Une urgence !

Sans nourriture, nous mourons . C’est le risque. De même sans la nourriture de la Parole de Dieu, nous restons dans un état d’attente. Souvent les gens autour de nous, nous laisse entendre qu’il leur manque quelque chose. Ils ont un creux comme on dit . Du petit creux à l’énorme faim, il y a tout une gamme, selon les personnes, selon les vécus. Il y a derrière, un désir ardent d’une vie autre. Faim d’amour, faim de justice, faim d’une vraie nourriture intérieure, quelque chose de stable, qui reste, sur quoi s’appuyer. Il n’y a pas forcément besoin de beaucoup mais il y a besoin d’authenticité, besoin de sortir du mensonge de la société, de tout ce qui est sans valeur, les clichés, le toc.

Beaucoup de nos contemporains ont faim, mais ils ne savent de quoi ni où aller.
Ils cherchent ce qui rassasie.

C’est cela que Jésus offre, une nourriture qui fait que je ne crie plus de faim, ou une source qui ne tarit pas, comme la Samaritaine au bord du puits en Samarie.

Est ce que nous sommes rassasiés, comme les disciples , ou avons nous encore faim comme la foule. Sommes nous comblés ?

Reconnaître sa faim, c’est aussi savoir que nous avons un bon appétit et que notre estomac est ouvert, au sens symbolique, évidemment.Là aussi, c’est une attitude d’ouverture pour prendre la bonne nourriture.

3ème état : les pleurs

Ceux qui pleurent, ici ,signifie les désespérés, ceux qui sont dans une peine très intense, ceux qui n’en peuvent plus.Ils sont au bout du rouleau comme on dit : alors ils crient et attendent d’être consolés, de recevoir la la paix , et même plus que cela, la délivrance, celle qui redonne vie et ouvre le coeur à l’allégresse. A ceux là, jésus promet le rire ! C’est une promesse pour maintenant.

Désespérés de quoi ?

Là encore il faut se placer dans le cadre de nos disciples débutants. Ils se désespérent de voir le monde vivre sans Dieu, eux qui attendaient le Messie. Et nous, le sommes nous ? Avons nous cette tristesse de voir le monde courir à sa perte ? Est ce que nous prions pour nos contemporains qui vivent loin de Dieu ? Sommes nous émus de compassion pour le monde ?

Ce n’est pas du désespoir, des pleurs sur soi même, mais pour ceux qui nous entourent.

Non seulement nous avons notre consolation, Christ lui même, présent à chaque instant, prêt à nous réconforter, mais il nous donne l’opposé du désespoir : le rire. Par là, j’entends la joie intense, l’abondance par laquelle Dieu nous console, jusqu’à déborder dans le rire, sans restriction.

Et j’entends , pour ma part, un rire à l’infini. Nous sommes définitivement dans la joie du Christ, et rien ne pourra l’enlever.

4ème état : la haine, l’exclusion, l’insulte et le rejet

C’est quand ces jeunes disciples, nouveaux dans la foi et inexpérimentés, recevront la haine des autres qu’ils pourront être pleinement heureux, et joyeux . Même dans cet état d’incertitude, d’opposition, d’éloignement de leur entourage, voire de leur famille, qu’ils pourront être heureux. A ce moment là, ils seront comme les prophètes persécutés. Souvent, on a dit de ce texte que c’était le bonheur des martyrs, comme si Jésus nous demandait de souffrir pour lui. Non, Il ne demande rien de cela mais il sait que les humains autour de nous ne nous comprendront pas préférant vivre sans Dieu, et croyant qu’ils peuvent être l’égal de Dieu.

Vivre en disciple de Jésus-Christ peut conduire au rejet des autres.

A ce moment là, nous serons dans le royaume avec le christ. Notre salaire c’est lui, à nos côtés.

Le reste du texte dit le malheur de ne pas reconnaître sa pauvreté, sa faim, sa peine, et de croire que l’on ait bien ainsi sans Dieu et que l’on n’a pas besoin de libération par le christ.

Jésus prévient , par amour, pour protéger les humains, du risque qu’ils courent s’ils ne changent pas.

Les disciples ont compris leur besoin de changement, Jésus les invite à entrer dans le royaume et à le vivre . C’est leur résurrection.

Etre heureux c’est vivre cette vie cachée avec le christ en Dieu selon les mots de Paul aux Colossiens.

Alors,c’est quand le bonheur ?
C’est maintenant !

Une autre version de ce texte, la version selon andré Chouraqui , dit « en marche », je vous l’ai lu , une fois. En marche, les pauvres, les affamés, les désespérés, les persécutés, le royaume est à vous !
L’évangile nous met en mouvement, sur la route du bonheur, avec la certitude de la présence amoureuse de Dieu. Avec lui, nous sommes pleinement complet.

Amen.

Contact