18 novembre 2018 – La parabole du figuier – Marc 13.24-32 – J. Alexandre

Texte biblique

Marc 13.24-32

24 Mais en ces jours-là, après cette détresse-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, 25 les étoiles tomberont du ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27 Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel, ceux qu’il a choisis.
28 Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. 29 De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu’il est proche, aux portes.
30 Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Dieu seul connaît le moment de la fin. 32 Pour ce qui est du jour ou de l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais le Père seul.

Prédication

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Ce chapitre 13 de l’Évangile selon Marc est souvent appelé l’apocalypse de Marc. Ce type de pensée, aux expressions très imagées et souvent perturbantes, était très prisé au temps de Jésus. En utilisant ainsi les façons de penser de son temps, il donnait à penser que l’on vivait au début de la fin. Y avait-il alors un avenir ?

La question resurgit régulièrement au cours de l’histoire. On peut se la poser à tout moment, et je crois bien que nous vivons justement, nous aussi, en un temps où le monde se fissure, où rien ne semble solide. Que va-t-il se passer ? Qu’est-ce qui va mourir ? Qu’est-ce qui va germer et fructifier ?

Ce mot, fructifier, donner du fruit, évoque l’apparition d’une image, dans ce récit, l’image du figuier… Jésus l’évoque ici pour conseiller aux siens d’être attentifs aux signes des temps. Mais Marc en faisait déjà mention un peu plus tôt :

Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il n’y trouverait pas quelque chose. Et s’étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas le temps des figues. S’adressant à lui, il dit : « Que jamais plus personne ne mange de tes fruits ! » Et Marc ajoute un peu plus loin : En passant le matin, ils virent le figuier desséché jusqu’aux racines.

Cela m’a paru bizarre. Que signifie cette image du figuier ? Eh bien, elle a un sens précis dans le Premier Testament. Le figuier y est l’image du don de Dieu à Israël, l’image de l’Alliance que Dieu lui a consenti, avec le don de la Loi du Sinaï. Une loi de liberté et de responsabilité, qui permet de vivre heureux à ceux qui l’observent.

Ce qui est attendu du figuier, c’est-à-dire de la fidélité à l’égard de l’Alliance de Dieu, c’est de porter du fruit. Et pour cela, il n’existe pas de temps particulier, on va parler d’un arbre qui porte du fruit en toute saison, comme on peut le lire dans les Psaumes.

Les fruits de la Loi d’Alliance, les fruits du figuier, c’est la fidélité à l’égard de la Parole de Dieu : la justice entre les différents milieux ou les différentes nations, ce qui garantit la paix ; la justesse du comportement de chacun ; la pratique du pardon des offenses. Etc.

C’est à cela qu’il faut veiller, quel que soit le moment, à temps et à contretemps. Et à garder la foi, la ferme assurance que la volonté de Dieu, que ses vues sur votre vie, collective ou personnelle, sont bénéfiques.

Car si, chaque jour, Israël ne se consacrait pas de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force à la Loi du Dieu vivant, c’est que cette loi serait devenue pour lui lettre morte, des paroles de vent, qui n’engagent pas.

Or c’est ce qui se passe : les chefs du peuple, tous autant qu’ils sont, trahissent leur vocation, chacun à sa façon, tout en faisant mine de défendre la pureté, devant Dieu, de leur nation.

Alors, Israël est perdu. Car l’Alliance est rompue. Il n’est plus protégé par le bouclier de Dieu. La fin va surgir. Le monde, pour lui, va s’écrouler.
C’est cela, l’image du figuier qui sèche. Comme le dit le prophète Habacuc, le figuier ne fleurit pas ! Eh bien, il annonce ainsi le jour de la détresse…

Voilà pourquoi, juste avant les jours de sa Passion, Jésus, dans les Évangiles, utilise cette image du figuier. Les temps sont arrivés où Dieu va frapper car son Alliance est rompue. Le malheur va s’abattre sur Jérusalem, puis sur le monde.

Mais nous le savons, nous, cette Alliance va être renouvelée, et signée une fois pour toutes à Golgotha. Au moment même où il parle du figuier, Jésus sait que sa Passion est proche. Il est là pour accomplir sa mission, pour rétablir le contact entre Dieu et les humains. Pour leur faire savoir que la fin, la toute fin, sera heureuse.

Mais cela fait, en attendant, la fidélité à l’égard de la Loi de Dieu reste nécessaire, il faut y veiller. Il faut se maintenir sous le joug de la Loi. Seulement elle ne tient plus maintenant qu’en un seul mot, et ce mot est amour.

À nous de la traduire en faits, en comportements, en façons de vivre, et même, au besoin, en politiques car il convient de porter du fruit, en bon et fidèle figuier. Porter du fruit, en un temps où sévissent, comme au temps de Jésus, de multiples et terribles dangers.

Car c’est bien aujourd’hui qu’apparaissent dans le monde des tremblements de terre, des ouragans et des inondations catastrophiques, des incendies ravageuses, mais où sévissent aussi des conflits sanglants, des attentats meurtriers, des déplacements massifs de population, voire parfois des menaces nucléaires…

On peut voir là les signes d’une action destructrice due à la violence de l’espèce humaine. Violence sur elle-même et sur son monde. C’est dans ce contexte que nous devons veiller, agir avec fidélité.

Or nous sommes à la fois prisonniers et partie prenante de cette violence. Nous en souffrons et en même temps nous profitons d’elle. Nous la mettons en œuvre et en même temps nous combattons ses effets…

Un exemple : nous faisons partie d’un État qui vend des armes à un pays qui écrase un peuple voisin, comme au Yémen, mais dès que cela sera terminé, nous enverrons des sauveteurs pour soulager la douleur des victimes…

Autre exemple : nous trions soigneusement nos déchets pour protéger la planète, mais nous lâchons du CO2 à qui mieux mieux, ou encore nous utilisons une énergie, l’électricité, qui produit des déchets nucléaires…

Comment alors rester fidèles à la loi d’amour, y veiller de façon effective ? Eh bien, voyez-vous, le figuier n’est pas le seul arbre de la terre. Dans la Bible il est simplement l’image de la communauté qui témoigne. Tel est avant tout le fruit qu’il doit porter. Il n’est pas là pour sauver le monde, un Autre s’y emploie.

De même, l’Église, la communauté des croyants, n’est pas toute l’espèce humaine. Elle a pour première fonction le témoignage, et cela de deux façons au moins.

L’une des façons consiste à s’efforcer de vivre selon les vues de son Seigneur, de porter en permanence une parole de paix et d’amour. Une parole en actes et ceci dans tous les domaines de l’existence. Une parole de proposition, mais aussi des comportements positifs. Devenir un peuple témoin. Selon les moyens du moment et en fonction de la situation.

Mais la première façon consiste en l’entraide et la formation des croyants eux-mêmes, les uns par les autres. S’entraider. Se former dans l’écoute de la Parole et dans la prière. Se concerter afin de parvenir à l’efficacité dans le témoignage.

Car, et ce n’est pas la première fois que je vous le dis, l’amour, c’est du pratique, du constructif, du positif. C’est du travail, c’est un combat. Mais, ne l’oubliez pas, c’est aussi un plaisir. Un bonheur.

Dans les Écritures, donner du bonheur, donner de l’ombre et porter son fruit, c’est aussi la fonction du figuier. Soyons de bons et beaux figuiers ! Amen !

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