19 janvier 2020 – Nouvel élan, nouveau souffle dans la confiance – Actes 27.18 – 28.10 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction Parole de Vie)

Actes 27.18 – 28.10 (extraits)

18 Le jour suivant, la tempête continue à nous secouer avec force. C’est pourquoi les marins jettent des marchandises à la mer, 19 et le lendemain, ils font descendre dans l’eau le mât et les voiles du bateau. 20 Pendant [bien des] jours, on ne peut pas voir le soleil ni les étoiles. La tempête reste toujours aussi forte. Nous n’espérons plus du tout être sauvés. 21 Nous n’avons rien mangé depuis longtemps. Alors Paul se tient debout devant tout le monde et il dit : “[Ô hommes], il fallait m’écouter et ne pas quitter la Crète. Vous auriez évité la tempête et vous n’auriez pas perdu les marchandises. 22 Mais maintenant, je vous le demande : soyez courageux ! En effet, personne ne va mourir, nous perdrons seulement le bateau. 23 Cette nuit, le Dieu à qui j’appartiens et que je sers m’a envoyé [un messager]. 24 Il m’a dit : “Paul, n’aie pas peur ! Tu dois être jugé devant l’empereur, et [par sa faveur], Dieu laisse en vie tous ceux qui voyagent avec toi.” 25 [Hommes], courage ! J’ai confiance en Dieu. Oui, ce que Dieu m’a dit va arriver. 26 Nous devons être jetés sur la côte d’une île.” […] 33 En attendant le lever du jour, Paul invite tout le monde à manger quelque chose. Il leur dit : “Aujourd’hui, cela fait 14 jours que vous attendez, et vous êtes restés sans rien manger. 34 Je vous invite donc à prendre de la nourriture, vous en avez besoin pour être sauvés. En effet, vous ne perdrez rien, même pas un cheveu de vos têtes.” 35 Après ces paroles, Paul prend du pain. Il remercie Dieu devant tout le monde, puis il partage le pain et se met à manger. 36 Alors tous reprennent courage et ils mangent aussi. 37 En tout, nous sommes 276 personnes sur le bateau. 38 Quand ils ont assez mangé, ils jettent le blé à la mer pour rendre le bateau plus léger. 39 Quand le jour se lève, les marins ne reconnaissent pas la terre, mais ils voient une baie avec une plage. Ils décident de conduire le bateau jusque-là, si possible. […] 43 L’officier romain commande à ceux qui savent nager de sauter dans l’eau les premiers et d’aller vers la terre. 44 Les autres vont les suivre sur des planches ou sur les restes du bateau. De cette façon, ils arrivent à terre et tous sont sauvés [du danger]. 28.1 Après cela, nous apprenons que l’île s’appelle Malte. 2 Ses habitants [qui ne parlent pas grec] sont très bons pour nous. […] 10 Ses gens nous montrent beaucoup de respect. Quand nous partons, ils nous donnent tout ce qu’il faut pour le voyage.

Prédication

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Dans ce récit de voyage de l’apôtre Paul, la tempête fait rage. Oui, il ne s’agit pas d’une petite tempête, “pas une petite” dit le texte grec ; une tempête forte, et qui dure. Cela fait déjà “bien des jours”. Dans ce texte, il est question de pertes : pertes matérielles mais aussi pertes de vie ; il est question de désespoir : plus rien n’est attendu. Sur le bateau pris dans la tempête, les hommes ne s’alimentent plus. La peur est trop prenante. Ils n’ont plus de repères : ni soleil, ni étoiles. Même la perspective d’être sauvés leur est enlevée. Il n’y a plus d’horizon pour l’existence.

Ce récit retrace un voyage de l’apôtre Paul, prisonnier des Romains et conduit à Rome pour y être jugé en tant que citoyen romain, conformément à sa demande. Nous n’avons probablement pas vécu un tel péril maritime. Mais ce récit rejoint nos vies et nous interpelle en devenant une métaphore de nos vies bouleversées, ébranlées par les épreuves, quand l’avenir s’efface et laisse place au désespoir. On n’y croit plus. La fin est déjà là.

C’est aussi ce que traversent parfois nos communautés d’Église. L’avenir se présente incertain, la bonne marche est fragilisée, ballottée par toutes sortes de remise en question. Quels repères restent-ils ? À se dire peut-être parfois : À quoi bon, finalement ?

L’apôtre Paul nous répond : “Mais maintenant”. Il y a un maintenant qui change, qui vient faire rupture avec le vécu. Ce qui change, c’est Dieu. Dieu parle par l’intermédiaire d’un messager dans nos nuits. Dieu se fait messager d’une parole : “N’aie pas peur !” N’aie pas peur !

Cette parole produit le courage. C’est même, en grec, le bon courage, la pleine confiance. Et si nous revenons à la racine du mot grec, il s’agit même d’un bon souffle, d’un bon élan. Dans ce courage, il y a souffle et élan, qui font aller de l’avant. Ils redonnent un horizon. La perte, parce qu’il reste une perte, est limitée au matériel. Elle ne touche pas aux vies humaines. Cette parole de Dieu produit la confiance. “J’ai confiance en Dieu. Oui, ce que Dieu m’a dit va arriver.”, affirme l’apôtre Paul. Cette parole redit la totale faveur de Dieu pour nous, sa grâce. “Vous ne perdrez rien, même pas un cheveu sur vos têtes.”, assure Paul dans sa confiance. C’est déjà ce qui disait Jésus à ses disciples face à la menace des persécutions : “Même les cheveux de votre tête sont tous comptés.” (Matthieu 10.30) ; “Pas un seul cheveu de votre tête sera perdu.” (Luc 21.18)

Mais cette confiance n’est pas négligence. Elle invite au contraire à prendre soin de son soi. Paul déclare : “Je vous invite donc à prendre de la nourriture, vous en avez besoin pour être sauvés.” Vous en avez besoin. Le salut engage aussi le corps. C’est après avoir suffisamment mangés que les hommes jettent le reste de nourriture en toute confiance. Ils ne se posent pas la question du lendemain. Dieu pourvoira, pourrait-on dire. Là, ils sont sauvés. Ils sont passés à travers le danger. La confiance a produit le miracle. La confiance a redonné vie à l’existence : un nouvel élan, un nouveau souffle.

Sur cette île où ces hommes échouent, ils sont accueillis par les habitants dans la philanthropie — c’est le mot grec employé par Luc, l’auteur des Actes des apôtres. Ces habitants ne parlent pourtant pas le grec qui est, à l’époque, la langue commune du bassin méditerranéen. La différence de culture ne fait pas barrage à l’accueil. L’amour de l’humanité passe au-delà des différences culturelles. C’est ce dont témoignent les Maltais. Ils font honneur, dit le texte grec, à ces naufragés qui ont tout perdu, sauf leurs vies. Ils leur donnent les moyens de poursuivre leur route, en toute dignité.

Bien sûr, ce texte interroge aujourd’hui notre accueil des migrants, ces survivants d’une traversée périlleuse qui ont tout quitté, tout perdu. Ces migrants, naufragés chez nous, en Europe, en France, comment les recevons-nous ? Je crois que la philanthropie n’est pas le bon terme pour parler de la prise en charge des migrants aujourd’hui dans notre pays.

Alors, il est peut-être tentant de dire : cette histoire avec Paul et nos migrants, ce n’est pas pareil. Dans notre liturgie protestante réformée, nous avons un texte d’ouverture à l’Esprit de Dieu qui dit : “Père, tu n’ignores rien de nos réticences ni de nos résistances devant ta parole.

Tu sais combien nous nous esquivons lorsque ton Évangile se fait précis, combien nous interprétons lorsqu’il nous interpelle trop, combien nous oublions lorsqu’il se fait dérangeant. Et pourtant, nous revoici ce matin à l’écoute de ce que nous disent les Écritures. C’est pourquoi nous te prions : que ton Esprit nous accorde un cœur ouvert et une intelligence accueillante à ton Évangile. Derrière les mots que nous entendons, donne-nous de discerner ta parole de vie, ta parole pour nos vies.”

Tu nous dis dans la tempête : N’aie pas peur ! Sois courageux ! Oui, tu nous donnes un nouvel élan, un nouveau souffle dans la confiance en toi. Amen !

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