2 septembre 2018 – Hygiène spirituelle – Deutéronome 4,v.1-8 – Marc 7,v.1-23 – Ch. Hervaud

Prédication

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Une nouvelle fois, nous nous trouvons aujourd’hui devant une question posée par les scribes et les pharisiens. Et elle est d’importance car elle concerne le respect de la pureté dans la vie quotidienne. L’attitude libre de Jésus et des disciples suscite énormément de tension car aux yeux de ses détracteurs, en ne respectant pas les règles et coutumes de purification, lui et ses disciples démontrent non seulement qu’ils ne sont pas des juifs authentiques mais qu’en plus il sont dangereux.

En effet, ils semblent détourner le peuple de la tradition des anciens et de la piété que cela implique. Pour les Pharisiens, la tradition a été apportée par Moise, elle est inscrite dans la Thora, et ne pas s’y conformer c’est comme se moquer de Dieu et ne pas l’honorer.

Jésus ne remet pas en cause la valeur de la tradition mais plutôt le sens que ses pratiquants lui donnent. Toute la question n’est donc pas de savoir si la tradition est bonne ou pas. Il s’agit plutôt de savoir quelle importance lui accorder dans notre vie de foi. Il faut, nous dit Jésus, veiller à ne pas se laisser bercer par la fausse sécurité spirituelle que les habitudes semblent apporter si elles ont perdu leur sens. Ne pas se laisser berner non plus par les habitudes de nos pères, devenues des traditions, si elles se révèlent des obstacles pour une relation avec le Seigneur.

La tradition des anciens était définie par des règles si lourdes qu’elles cachaient le sens des commandements, souvent mis en place par les prêtres qui les imposaient au peuple. Ces règles imposées provoquaient des tensions entre les juifs, dressaient des murs entre les « bons juifs » d’un côté et les autres qui étaient montrés du doigt et même rejetés.Cela devenait pour certains un dilemme intérieur et de la souffrance.

Car que faire ? Vivre cette vie d’apparence, s’arranger avec soi même et les autres, céder, de guerre lasse, ou tout rejeter jusqu’à laisser Dieu ?
Jésus invective durement les pharisiens les traitant d’hypocrites.

Et au peuple qui l’écoute, il l’encourage à prendre conscience d’aller à la source, et de sortir du conformisme qui les enferme. Il reprend l’exemple de la souillure en faisant référence sans doute aux règles alimentaires très strictes qui existaient ou existent même encore aujourd’hui, en affirmant que ce n’est pas ce que l’on mange qui nous pollue intérieurement, mais que ce sont nos raisonnements mauvais qui conduise aux actes que nous produisons. Jésus nous recommande de prendre conscience de ce qui nous motive, ce par quoi nos actes sont impulsés . Est ce par l’amour de Dieu et de notre prochain ? La pureté, elle n’est pas sur les mains ou le corps , elle est à l’intérieur du coeur, là où nous prenons nos décisions. Pour prendre l’exemple de l’alimentation, ce n’est pas tant de manger les mains sales qui aura une importance sur notre prochain. Ce qui peut souiller l’autre, ce serait peut être d’acheter sans regarder l’origine nos produits, ou notre façon de consommer, jeter , abîmer la terre, pour rejoindre le temps de la création.

Quelles conséquences nos actes vont ils avoir ? De quoi sont ils porteurs ?

Jésus lance un appel aux disciples en leur demandant de se questionner, d’aller en profondeur, de ne pas rester à la surface.

Et pour nous aussi aujourd’hui, il nous pousse à nous questionner sur nos habitudes, non seulement en église, mais aussi en société. Est ce que les normes sociales ne nous empêchent pas de résister à la facilité ? Pourquoi est ce que je fais ceci ou cela ?

Oui, Jésus nous secoue, avec amour, pour que nous ne nous laissions pas endormir dans nos traditions.
Il nous secoue pour que nous mettions la Parole au centre de notre vie, pour ne pas être complice des injustices, de l’exploitation de l’homme par l’homme, des humiliations faites à notre prochain. Ne restons pas silencieux, face aux crimes, aux guerres, aux hontes de notre société. Nous avons notre mot à dire, chacun à notre manière et là où nous sommes.
Jésus à son époque n’a pas été conforme à ce qu’on attendait de lui. Il a osé le dire, et a pris un autre chemin. Il a entraîné avec lui ses disciples.

Ne vous conformez pas à ce monde ci, dira l’apôtre Paul aux Romains, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agrée et parfait.

L’important est d’être fidèle et conforme à notre idéal de vie selon la Parole. C’est ce qui nous permettra de donner une cohérence entre notre coeur et nos actes.
Dans notre église, donnons du sens à nos pratiques.
Dans la société actuelle, soyons porteur d’une parole libre et engagée. Il n’est pas facile de faire ce choix, il n’est pas facile de s’élever contre ce qui emprisonnent nos frères humains.

Mais nous ne sommes pas seuls, nous sommes une communauté et nous pouvons dialoguer, échanger sur ce qui nous questionne, ce qui nous inquiète, sur la façon de témoigner autour de nous, d’être présent au monde.

Je vous engage, je nous engage, à nous retrouver, à nous soutenir, à la lumière de l’évangile.

Amen.

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