21 avril 2019 – Des messagers de vie – Luc 24.1-12 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction Parole de Vie)

Luc 24, v.1-12

1 Le dimanche matin, très tôt, les femmes vont vers la tombe. Elles apportent l’huile et les parfums qu’elles ont préparés. 2 Elles voient qu’on a roulé la pierre qui fermait la tombe. 3 Elles entrent, mais elles ne trouvent pas le corps du Seigneur Jésus. 4 Elles ne savent pas ce qu’il faut penser. Tout à coup, deux hommes se présentent devant elles, ils portent des vêtements très brillants. 5 Les femmes ont peur et baissent la tête. Les deux hommes leur disent : “Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? 6 Il n’est pas ici, mais il s’est réveillé de la mort. En effet, rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : 7 Le Fils de l’homme doit être livré au pouvoir des pécheurs. Ils vont le clouer sur une croix, et le troisième jour, il se relèvera de la mort.” 8 Alors les femmes se souviennent des paroles de Jésus. 9 Elles quittent la tombe et elles vont raconter tout cela aux onze disciples et à tous les autres. 10 Ces femmes, ce sont Marie [de Magdala], Jeanne, Marie la mère de Jacques, et d’autres femmes encore. Elles racontent tout cela aux apôtres, 11 mais les apôtres pensent qu’elles disent n’importe quoi, et ils ne les croient pas. 12 Pourtant, Pierre se lève et court vers la tombe. Il se penche et voit seulement les linges qui ont entouré le corps. Il rentre chez lui, très étonné de ce qui est arrivé.

Prédication

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Le récit que nous venons de lire fait suite à une série d’événements tragiques. Jésus avait annoncé plusieurs fois à ses disciples qu’il devait mourir, leur disant : “Écoutez ! Nous montons à Jérusalem, et tout ce que les prophètes ont écrit au sujet du Fils de l’homme, cela va arriver. En effet, on va le livrer à ceux qui ne connaissent pas Dieu. Ceux-ci vont se moquer de lui, ils l’insulteront, ils cracheront sur lui. Ils le frapperont à coups de fouet, puis ils le feront mourir. Et le troisième jour, il se relèvera de la mort.” (Luc 18.31-33) Mais les disciples n’ont rien compris à ce qu’il leur disait, nous dit le texte biblique. Pourtant, c’est bien ce qui s’est produit.

Revenons brièvement sur cette série d’événements tragiques.

Jésus mange avec ses disciples le repas de la Pâque juive pendant lequel on fait mémoire de la sortie hors d’Égypte du peuple hébreu mené par Moïse. C’est la libération de la mort, du pays de l’esclavage, vers une terre de vie abondante. Ce repas de la Pâque est le dernier repas que Jésus prend avec ses disciples avant de mourir. Jésus donne un sens nouveau à ce repas. Il en fait le don de sa vie pour l’humanité. C’est ce que nous célébrons par le repas symbolique que nous prenons pendant le culte et que nous appelons la Cène, et c’est ce que nous avons célébré ce jeudi saint autour d’un repas de fête et de tourtières.

Puis, Jésus est arrêté, mené au grand-prêtre — le chef politique et religieux du peuple juif — puis au gouverneur romain, Pilate, pour être jugé. Les chefs juifs veulent se débarrasser de Jésus qui représente un danger pour leur pouvoir sur les Judéens. Jésus est condamné et meurt cloué sur une croix. C’est ce dont nous avons fait mémoire ce vendredi saint. Nous avons accroché à un arbre mort des rubans colorés marqués de quelques mots pour dire notre espérance au-delà de la mort.

Puis, Jésus est mis au tombeau, avant le début du sabbat qui commence le soir du vendredi. Nous voici arrivés au récit biblique que nous avons lu.

Le sabbat est terminé. C’est le dimanche matin. Les femmes, qui ont accompagné Jésus jusqu’à la mise à mort sur la croix, reviennent au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Elles viennent lui apporter les soins qui n’avaient pas pu être prodigués avant la mise au tombeau du fait du sabbat. Elles le font au plus vite, “très tôt”, nous dit le texte. Les derniers soins ne peuvent attendre plus longtemps. Cette attente était probablement déjà trop longue pour ces femmes qui ont tout préparé pour faire honneur à ce corps. L’empressement et le trouble qu’ont provoqué l’arrestation de Jésus et sa mort sur la croix habitent vraisemblablement ces femmes.

Mais un trouble plus grand encore les attend : l’absence du corps dans ce tombeau laissé vide. Cette absence les plonge dans la perplexité, dans une difficulté impossible à surmonter. C’est alors que se produit l’inattendu : deux hommes aux habits éclatants surviennent. L’apparence de ces hommes témoigne du mystère dans lequel cette situation laisse les femmes. Qui sont ces hommes ? Comment sont-ils arrivés là ? Ce mystère provoque d’abord la peur chez ces femmes qui baissent le visage vers la terre. Il n’y a plus d’horizon pour ces femmes. La peur les engloutit dans la mort. Mais les paroles que ces hommes sont venus apporter, en messagers, vont les remettre ensuite en marche.

“Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?” Cette question que posent ces hommes nous rappelle que la vie est ailleurs que dans la mort.

Les femmes venues au tombeau ont aussi besoin de se souvenir de ce message de vie. C’est ce message qui les sort de la peur. Celui qui a été atteint par la mort, celui que la mort a emporté “s’est réveillé”, s’est relevé. Il n’est plus dans la mort. Ces deux hommes qui portent le message de Dieu nous révèlent la réalité de la résurrection, la réalité du relèvement de la mort. Ces messagers de Dieu nous rappellent que la vie ne s’éteint pas dans la mort mais qu’elle la traverse.

Cette bonne nouvelle relève de la mort et remet en marche. Les femmes repartent avec ce message. Elles deviennent elles-mêmes des messagers de Dieu pour les apôtres et les disciples restés à la maison. Même si elles rencontrent d’abord l’incrédulité des apôtres qui ont été entraînés dans la mort au point de ne pas pouvoir entendre une parole de vie, ces femmes portent ce message qui met malgré tout en marche. Pierre se trouve dans un entre-deux, entre élan de vie et figement dans la mort. Il s’élance vers le tombeau mais reste dans l’étonnement. Il en faudra plus pour céder entièrement à la vie.

Qu’il est difficile de croire à la résurrection ! Que Jésus ait été un prophète, un grand homme, un grand humaniste, disent certains, avec des paroles fortes d’amour, de bienveillance, de souci à l’égard des plus vulnérables, beaucoup veulent bien y croire.

Que Jésus ait guéri ceux qui venaient à lui, c’est déjà plus compliqué pour nos esprits rationnels. Pourtant, Jésus n’était pas le seul guérisseur en son temps. Il ne soignait pas uniquement le corps ; il s’adressait à toute la personne, corps, âme — c’est-à-dire la vitalité qui anime ce corps —, et esprit, c’est-à-dire ce qui relie l’être à plus grand que lui et lui donne son sens. Pour les disciples de Jésus, qui vivaient avec lui au quotidien, il suffisait de constater les actes inattendus que posait Jésus.

Que Jésus ressuscite, se relève de la mort, ça, c’est difficile à croire ! C’est un pas, un passage qu’on ne peut pas traverser, qu’il est impossible de traverser. C’est ce qu’on appelle une aporie, du grec aporos, le terme même qui est utilisé dans le texte biblique au sujet des femmes lorsqu’elles ne trouvent pas le corps de Jésus dans la tombe. C’est traduit ainsi dans le texte que nous avons lu : “Elles ne savent pas ce qu’il faut en penser.” Elles ne savent pas ce qu’il faut en penser. Les disciples restés à la maison non plus ne savent pas ce qu’il faut en penser. Pierre pas plus, mais il se lève pour aller voir. Il voit et… il s’en retourne “étonné”, sans plus.

Pourtant, ces femmes, ces disciples restés à la maison, Pierre parmi eux, ont entendu les paroles de Jésus sur la résurrection. Ils ont connu Jésus vivant avec eux et relevant des personnes atteintes par la mort spirituelle, ressuscitant même l’ami dénommé Lazare, mort biologiquement depuis quatre jours (Jean 11.1-45). Mais croire à la résurrection, au relèvement de la mort est un véritable acte de foi, c’est-à-dire de confiance, en des paroles, en un enseignement. Ça ne se démontre pas. C’est un choix de confiance de croire en la résurrection.

Ce choix de la confiance se fait aussi quand nous regardons nos vies et que nous y lisons tous les signes de relèvement : relèvement de la peur ; relèvement du désespoir face à la maladie, face à la mort d’un proche, face au déchirement d’un divorce, face à bien d’autres souffrances encore ; relèvement par la force que nous trouvons en nous et qui nous vient de la vie, qui nous vient de Dieu. À travers ces relèvements, nous recevons un message de vie au-delà de toute mort. Les baptêmes de Lola et de Sacha sont aussi des signes de relèvement. Ils veulent signifier le passage à une vie nouvelle et pleine avec Dieu.

Vous tous, aujourd’hui, vous êtes porteurs de ce message de vie, avec les messagers qui vous ont précédé. Ce message remet en route pour accueillir pleinement la vie donnée par Dieu, une vie qui ne s’éteint pas dans la mort mais qui la traverse.

Seigneur, tu fais de nous des messagers de vie et de résurrection les uns pour les autres. Nous te remercions pour les témoignages que nous recevons et qui nous portent nous-mêmes vers la vie. Amen.

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