25 août 2019 – Une porte ouverte – Luc 13, v.22-30 – Ch. Hervaud

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Une porte ouverte

Jésus fait route vers Jérusalem.
En chemin, quelqu’un lui dit son inquiétude du peu de gens qui seront sauvés.
A partir de quoi pose t-il cette question ?Est il angoissé pour lui même ?
A t-il compris les appels de Jésus et ses exigences ? A-t-il peur de la mort ?
Comment être sauvé ?

Peut être un peu tout cela à la fois se bousculent dans la tête de cet homme…
La réponse de Jésus ne se fait pas attendre. Au lieu de donner des précisions sur le nombre de personnes sauvées, de le rassurer, ou de l’interroger pour en savoir plus sur ce qui le préoccupe, Jésus lui indique comment entrer dans son royaume :
Efforcez vous d’entrer par la porte étroite.

Je doute que cette réponse ait correspondu à ce qu’attendait son interlocuteur.La suite non plus d’ailleurs : je t’avertis, quand le maître aura fermé la porte , il ne sera plus question de salut. Tu auras beau frapper à la porte et dire que tu as écouté mon enseignement, il sera trop tard, tu pourras pleurer et gémir, je ne pourrai que te répondre : je ne te connais pas, je ne sais pas d’où tu es.

Quelle réponse ! Ça fait froid dans le dos ! Est ce bien « notre jésus », si bon, si accueillant qui parle ?

Nous avons devant nous aujourd’hui un jésus irrité, en colère, semble t-il, et bien intransigeant, à notre goût.
Ce n’est pas vraiment celui que l’on préfère.
Alors approchons nous de lui pour mieux l’entendre…

Pour être sauvé, il suffit de franchir une porte. Une porte étroite est il précisé.
La porte de quoi au juste ?
Où mène t-elle ? Qu’y a t-il derrière ?
Et, d’abord, pourquoi étroite ?

Pour la voir cette porte, il faut s’approcher car de loin, elle ne se voit pas beaucoup. Elle n’attire pas les regards. Elle est de la taille d’un humain, la taille d’une personnalité, de ses limites et ses possibilités, de ses forces et ses fragilités. La voie qui donne accès à la vie véritable n’est donc pas celle de tout le monde, nous dit Jésus.Ce n’est pas la voie de l’uniformité, de la dépersonnalisation, la voie directe, évidente, spectaculaire.

C’est une autre voie que nous ouvre Jésus. Une voie qui passe par nous-mêmes.

Cet humain a préféré cette petite porte aux grandes portes, belles, agréables à voir, qui elles aussi sont ouvertes, grande ouvertes même, et on voit déjà à l’intérieur ce qu’elles ont à offrir : des richesses, du pouvoir, de la beauté clinquante. «Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » selon l’évangile de Matthieu.

La ’perdition’ de soi même, c’est à dire la perte de soi-même. C’est là le danger.
De la petite porte si étroite, il faut avoir envie, soif et faim d’une autre vie, d’une vie qui a du sens, celle qui répond à une attente spirituelle.
Ceux qui veulent entrer se questionnent : est ce que c’est la bonne porte ? Ils ne veulent pas se tromper. Il y en a eu tant de porte devant eux, parfois ils sont entrés, et ils ont du ressortir déçus, tellement déçus !
Alors, certains hésitent à franchir le seuil.

Peut être que c’est le cas de la personne qui a questionné Jésus, cherchant une réponse vitale qui passe par un choix individuel. On passe par cette porte tel qu’on est.
Qu’est qui nous pousse à franchir le seuil ? À entrer dans la maison ? À dire «  je viens » ?

C’est un appel à une existence éveillée par une prise de conscience que « derrière la porte » se trouve ce que l’on attend au profond de soi. Dans cet éveil à la conscience, il y a des peurs : de ne pas être accueillis, de ne pas être « assez bien », de devoir vivre autrement. Ce n’est pas rien de franchir cette porte.

Et d’ailleurs, jésus le dit bien : Efforcez vous. Faites des efforts. Oui, ce n’est pas facile, il faut être vigilant, savoir que le chemin est exigeant. On sent bien que une fois entrer il y aura une transformation, une autre vie. On sait que la décision n’est pas anodine.

On n’est sûrs de rien, mais on fait le grand saut en avant parce qu’il y a une nécessité vitale. Parce que on regarde la porte, plus que soi même .
La porte elle même nous parle : « Je suis la porte, dit jésus. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ( jean 10 /9)». C’est Jean l’évangéliste qui nous éclaire par cette parole.

Cette porte nous connaît, nous appelle.
La réponse à notre quête c’est Lui -même.
Surtout, ne te trompe pas de porte, nous dit il.

Jésus avertit celui qui le questionne, mais aussi ses disciples, la foule autour et nous aussi aujourd’hui.
Parce qu’Il veut que tous soient sauvés et pas seulement un petit nombre.

D’ailleurs la fin du texte nous le confirme : il y en aura beaucoup qui viendront de partout. Pas seulement les Juifs ou les palestiniens de l’époque, mais de tous les pays, du monde entier, ceux qui sont loin du monde religieux, ceux qui sont loin de Dieu.

Il y en aura beaucoup de sauvés, mais peut être pas ceux que nous croyons, pas ceux, en tout cas, qui se sont contentés de manger et boire avec jésus ou de l’écouter. Il faut plus que l’écouter, plus qu’une rencontre superficielle. Il faut entrer et vivre le royaume.
L’offre de jésus de passer par cette porte est une offre d’amour pour que l’humain se procure les moyens d’une vie accomplie, pleine et paisible, placée sous le signe de la liberté .

La colère de jésus ce jour là est une saine colère, une colère pacifique, dans le sens où Jésus dit son amour pour l’humain, avec fermeté, avec une menace, pas pour faire peur,
pas pour nous faire du mal, mais pour une prise de conscience et un retournement.

Si Jésus a ce ton de fermeté c’est aussi parce que le temps presse, il s’agit de se décider maintenant d’entrer dans cette vie en présence de Dieu. Et entrer dans cette vie-là, personne ne peut le décider à ma place.
La porte est ouverte, il y a de la place dans le royaume.

Mais c’est la responsabilité de chacun-e de choisir la bonne porte.
Nous pouvons nous aussi sentir de la colère, mêlée de déception, de voir le monde vivre sans Dieu, l’injustice régner. Nous sommes inquiets pour l’avenir, et nous nous sentons seuls souvent et incompris de nos contemporains.

Par ce texte, je crois que Jésus nous parle aussi de notre responsabilité, à nous qui avons trouvé la porte et qui avons répondu à son appel.
La responsabilité :
d’ accueillir chaque fois que nous le pouvons, ici et ailleurs.
d’aider à trouver la porte, à la franchir.
d’ouvrir notre porte, au propre comme au figuré.

La colère, la saine colère, peut aussi être constructive, face à l’injustice, le mal, la misère Notre responsabilité est là aussi, dans ce monde en souffrance.

En agissant pour la justice, et le bonheur des autres, notre colère ne sera pas vaine, elle trouvera un chemin utile.
Dieu veut que tous soient sauvés et il attend de nous que nous relevions le défi avec Lui.

Alors allons de l’avant, faisons l’oeuvre de Dieu.

Amen.

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