27 octobre 2019 – Le beau pays à-venir – Deutéronome 11, v.1-11 – 2 Timothée 4, v.6-8 – Ch. Hervaud

C’est aujourd’hui , la Fête de la Réforme ou Réformation. Certaines paroisses commémorent aujourd’hui l’affichage des 95 thèses du réformateur Martin Luther.

Nous, nous aurons dimanche prochain, à La Mothe, un culte pour nous souvenir de ce temps qui a marqué le début du protestantisme. Ce temps est l’occasion, non pas d’encenser un homme, ni une période, mais il nous appelle à nous laisser réformer à nouveau par l’Evangile de Jésus, le Christ, tel que la Bible nous le fait entendre.

Cette fête de la Réforme, nous permet de prendre une pause, afin de nous souvenir d’où l’on vient, et penser où l’on va.

Dans les 2 textes de ce jour, celui du Deutéronome et celui de la lettre à Timothée, nous lisons que nous ne sommes rien tout seuls : avant nous, il y a eu des témoins, comme Moïse, ou Paul et Timothée, et bien plus tard : martin Luther. Nous sommes héritiers d’une histoire, et cette histoire continue aujourd’hui.Elle ne reste pas figée dans le passé , elle ne doit pas être seulement un souvenir – une tradition.

Nous avons, chacun de nous, nos propres témoins, c’est à dire des personnes qui nous ont accompagnés sur notre chemin de foi. Et nous sommes nous mêmes aujourd’hui, des témoins de l’Evangile, pour notre famille, nos amis, nos collègues. Nous voulons vivre l’Evangile, le rendre présent sur cette terre du Poitou.

Que nous dit le Deutéronome ?

Il nous parle aussi de souvenirs, pas de témoins humains, mais des signes et des actes de Dieu pour les hébreux, de leur libération pour aller vivre sur une nouvelle terre, en pays de Canaan. Le témoignage de Dieu peut se voir par des actes concrets, des actes qui ont permis une nouvelle vie dans un pays ruisselant de lait et de miel.

«  Reconnaissez donc aujourd’hui… » nous dit le texte. Regardez bien et soyez reconnaissant, car le Seigneur fait de grandes choses pour vous, et pour nous aussi aujourd’hui. Alors ouvrons bien les yeux, sur cette réalité. Chacun peut faire un bilan des actes de Dieu dans sa vie, et en tant qu’église aussi : voyons Dieu à l’oeuvre et remercions Le. Cette attitude de gratitude nous permet d’aller de l’avant. Comme Paul à Timothée nous pouvons dire : «  J’ai combattu le beau combat, j’ai gardé la foi »

Ces versets sont souvent pris à l’occasion d’un culte d’action de grâce. Et je me souviens qu’ils étaient ceux que ma mère avait choisi pour l’enterrement de mon père.

Oui, ce sont de bons versets, et ils disent ce que Paul vivait à l’approche de sa mort.

Mais je voudrais que nous les mettions au présent , aujourd’hui : je combats le beau combat, je garde la foi. Même si ce mot de ‘combat ‘ n’est pas dans notre vocabulaire aujourd’hui, nous en comprenons l’essentiel : à savoir que la foi est tenace.

C’est le cri de victoire de quelqu’un qui aurait pu abandonner 100 fois mais qui a tenu le choc ! C’est la joie d’un homme qui a conservé sa relation à Dieu, vivante et vivifiante, même quand cela aurait pu lui paraître inutile ou desespéré. C’est la constatation pleine de reconnaissance d’une foi tenace, qui dit la fidélité de Dieu dans toutes les étapes de sa vie.

Et nous ici, dans le Poitou, est ce que nous ne pouvons pas nous réjouir d’avoir gardé la foi ?

Nous la gardons, non pas comme un trésor inaccessible ou bien comme une possession jalouse, mais comme le veilleur qui veille sur le feu. Non pas comme le gardien d’une morale ou le gardien d’un tombeau, mais comme le gardien d’une Parole qui dit la Vie.

Nous sommes, en ce moment, avec notre Ensemble en construction, à une étape un peu comme le dit Paul «  nous avons achevé la course ». Non pas que tout soit en place( et heureusement, c’est un chemin continuel) ,mais une étape bientôt s’achève. Nous pouvons affirmer que nous sommes arrivés à la fin d’un parcours que nous avons assumé ensemble, que le bout de cette « course » que nous avons entreprise, marque une étape. Pour certains d’entre vous, en fin de mandat, il est temps de passer le relais à d’autres avec d’autres manières d’être et de faire. Le bout d’une course marque une étape décisive de transmission et de renouvellement.

Cette épître et ce passage ressemble à un testament, de la part de Paul : sa lecture est touchante et encourageante, mais elle s’adresse à des êtres vivants, non-figés, en constante évolution.

Et à cause de cela, nous regardons vers ce qui va venir, vers cette vision de notre Ensemble, c’est un peu « cet autre pays » dont parle le Deutéronome, où il nous est affirmé que cela va être un beau et bon pays. Un pays où Dieu nous promet l’abondance. C’est le verset 12 qui nous dit :

‘c’est un pays dont le Seigneur prend soin et sur lequel le Seigneur, ton Dieu, a constamment les yeux, du commencement à la fin de l’année.’

C’est avec ce regard bienveillant de Dieu que nous avancons et avec ses instructions résumées dans ce commandement : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu »

C’est cet amour, qui nous permet de garder la foi, de tenir ferme et de croire que Dieu va nous conduire dans ce pays promis.

 

Certaines de nos paroisses se sentent usées par le temps, se regardent comme des mourantes, sans trouver de quoi se réjouir pour l’avenir. L’apôtre, au soir de sa vie, constate avec reconnaissance ce qui lui reste. Il admire, reconnaissant, le cadeau de la foi qui lui a été fait.

La relecture de notre passé devrait être, pour nous aussi, un tremplin d’espérance pour la vie à venir, pour la suite de nos projets.

Que me reste-t-il ? s’interroge Paul. Que nous reste-t-il ? se demandent nos églises locales. La foi. Lorsqu’il n’y a plus rien, il reste cependant l’essentiel : la confiance en Dieu.

 

Pour moi, ce texte de Paul c’est aussi un clin d’oeil, car vous le savez, j’arrive à la fin de ma mission ici dans le Poitou, j’arrive à la fin d’un parcours, d’une étape de ma vie. Je peux dire que c’était un ‘beau combat’ avec la foi que j’ai gardée, foi en Dieu, et confiance en vous. Ensemble nous avons bati cet Ensemble. Les projets de vie que nous avons commencé à élaborer et qui vont être mis en place, bientôt : voilà le beau combat à-venir.

Voilà de quoi être joyeux, n’est ce pas ?

Amen.

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