30 septembre 2018 – Choisis par Dieu comme prophètes – Nombres 11, v.24-30 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction Nouvelle Bible Segond)

Nombres 11, v.24-30

24 Moïse sortit dire au peuple les paroles du Seigneur. Il rassembla soixante-dix des anciens du peuple et les plaça, debout, autour de la tente. 25 Le Seigneur descendit dans la nuée et lui parla ; il retira un peu du souffle qui était sur lui et le mit sur les soixante-dix anciens. Dès que le souffle se posa sur eux, ils se mirent à faire les prophètes ; mais ils ne continuèrent pas. 26 Deux hommes, l’un nommé Eldad, l’autre Médad, étaient restés dans le camp ; le souffle se posa sur eux – ils étaient parmi les inscrits, mais ils n’étaient pas sortis vers la tente. Ils se mirent à faire les prophètes dans le camp. 27 Un jeune homme courut dire à Moïse : Eldad et Médad font les prophètes dans le camp ! 28 Josué, fils de Noun, qui était auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, s’écria : Moïse, mon seigneur, empêche-les ! 29 Moïse lui répondit : Tu es jaloux pour moi ? Ah ! si tout le peuple du Seigneur était composé de prophètes, si le Seigneur mettait son souffle sur eux ! 30 Sur quoi Moïse se retira dans le camp, lui et les anciens d’Israël.

Prédication

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Le peuple hébreu se trouve en plein désert. Il est en route vers la terre promise, mais la route est longue et rude. La vie en Égypte avait du bon, malgré l’esclavage. Les Hébreux se souviennent : “Nous nous souvenons des poissons que nous mangions pour rien en Égypte, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail ! Maintenant, notre gosier est desséché : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne.” (Nombres 11.5-6) C’est ce que disent les Hébreux à Moïse peu avant le passage que nous avons lu.

“Plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne.” Dieu donne chaque jour aux Hébreux de la manne pour les rassasier, chacun selon ses besoins ; personne n’est dans le manque, mais cela ne leur suffit plus. Cette manne n’est “plus rien” à leurs yeux. Ce n’est “que de la manne”. Les Hébreux ne désirent pas seulement être rassasiés ; ils désirent de la viande en plein désert ! C’en est trop pour Moïse. À son tour, Moïse se plaint à Dieu. Ce peuple est une trop lourde charge pour lui. Il ne peut l’assumer seul. Dieu entend sa demande et accorde à Moïse l’aide de soixante-dix anciens. C’est ce qui se produit dans le récit que nous avons lu. Puis, dans la suite du récit, Dieu amènera des cailles au peuple jusqu’à les en dégoûter.

Maintenant que le contexte est posé, regardons l’institution de ces soixante-dix anciens qui porteront avec Moïse la charge du peuple. Habituellement, tout se passe exactement tel que Dieu l’a annoncé. Pour souligner que la parole de Dieu se traduit parfaitement en actes, il est habituel, dans la Bible, de reprendre presque mot pour mot ce qui a été annoncé par Dieu, pour décrire la mise en œuvre de ses paroles. Je trouve d’ailleurs que cette reprise mot pour mot est souvent un peu lassante. On a envie de dire aux auteurs de la Bible : C’est bon, on a compris.

Ainsi, Dieu a dit à Moïse : “Rassemble-moi soixante-dix des anciens d’Israël amène-les à la tente de la Rencontre ; qu’ils se tiennent là, debout, avec toi.” (v. 16) Le texte biblique nous dit maintenant : “Il rassembla soixante-dix des anciens du peuple et les plaça debout, autour de la tente.” Moïse établit, institue ainsi les soixante-dix anciens comme prophètes avec lui. C’est le sens du verbe qui a été traduit par “placer debout”. Les prophètes sont établis, institués. Puis, comme Dieu l’a annoncé, il prend une part du souffle qu’il avait posé sur Moïse pour la répartir sur les soixante-dix.

Mais ici se passe l’imprévu. Voilà que l’action de Dieu dépasse ses paroles. Deux hommes, Eldad et Médad, font les prophètes — parce qu’ils ont, eux aussi, reçu le souffle de Dieu — alors même qu’ils ne sont pas parmi les soixante-dix. Le texte biblique précise que ces deux hommes se trouvaient “parmi les inscrits”. Il faut peut-être comprendre par là qu’ils font bien partie des anciens, pas des soixante-dix certes, mais des anciens tout de même. Ils sont donc éligibles, en quelque sorte, à la fonction de prophète. Cependant Moïse ne les a pas choisis. Ils ont été choisis par Dieu, qui leur a donné du souffle. Leurs noms nous révèlent pourquoi ils ont été choisis : Dieu les aiment. En effet, Eldad signifie “Dieu a aimé”, et Médad signifie “chéri”. L’amour a dicté à Dieu son choix, et nous allons voir que ça fait toute la différence.

Les soixante-dix, qui ont été choisis par Moïse, arrêtent, apparemment rapidement, de faire les prophètes : “ils se mirent à faire les prophètes ; mais ils ne continuèrent pas”, nous dit le texte. En revanche, Eldad et Médad semblent bien continuer à faire les prophètes. Eux sont pleinement investis dans leur nouvelle fonction, et durablement. Le choix de Dieu est sûr, solide et durable, contrairement à celui de Moïse.

Mais cette situation crée du désordre dans le camp des Hébreux. Un jeune homme vient alerter Moïse. Josué s’inquiète de la situation. Qui ose faire le prophète sans avoir été choisi par Moïse ? Qui ose passer outre l’autorité de Moïse ? Josué demande à Moïse de rétablir l’ordre, de restaurer son autorité.

Mais Moïse fait preuve de sagesse lorsqu’il reconnaît dans ces deux hommes, Eldad et Médad, l’œuvre de Dieu. Il reconnaît que le souffle de Dieu ne lui appartient pas. Il n’en a pas la maîtrise. En serait-il jaloux ? C’est la question qu’il pose lui-même à Josué : “Tu es jaloux pour moi ?” Non, c’est Dieu qui décide finalement qui sont ses véritables prophètes, et ce serait tellement merveilleux si tous devenaient prophètes ! Moïse se réjouit que certains au moins puissent le devenir.

Alors, je crois que ce récit peut nous parler. Il nous arrive parfois d’être circonspects, critiques même, et certaines fois virulents, face à des personnes qui se présentent comme des témoins de Jésus-Christ et qui activement font les prophètes, pourrait-on dire. Leurs manières de prophétiser nous dérangent. Ces personnes se trouvent quelquefois en marge des institutions religieuses, ce qui enchérit la critique. Ce qui est sûr, c’est qu’elles ne sont pas prophètes pour nous. Nous ne les recevons pas comme prophètes. Comme Josué, nous demanderions bien qu’ils soient remis dans le rang. Et pourtant, sommes-nous bien sûrs que Dieu ne les a pas choisis comme prophètes ? Pourquoi ne nous réjouissons-nous pas en voyant les prophètes que Dieu suscite, même si ceux-ci ne font pas partie de notre choix, ne sont pas agréés par nous ? Dieu choisit ses prophètes. Il les établis durablement. C’est sans doute cela qui permet de voir en eux l’œuvre de Dieu.

Seigneur, nous te remercions pour les prophètes que tu suscites et pour leur diversité afin que chacun, chacune, dans sa singularité, puisse y voir ton œuvre. Que nous puissions nous en réjouir pleinement ! Amen.

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