9 juin 2019 – Être selon l’Esprit de Dieu – Romains 8 v.5-11 – B. Marchand

Romains 8,v.5-11 (Traduction Segond 21)

5 En effet, ceux qui se conforment à leur nature propre se préoccupent des réalités de la nature humaine, tandis que ceux qui se conforment à l’Esprit sont préoccupés par ce qui est de l’Esprit. 6 De fait, la nature humaine tend vers la mort, tandis que l’Esprit tend vers la vie et la paix. 7 En effet, la nature humaine tend à la révolte contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et qu’elle n’en est même pas capable. 8 Or, ceux qui sont animés par leur nature propre ne peuvent pas plaire à Dieu. 9 Quant à vous, vous n’êtes pas animés par votre nature propre mais par l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. 10 Et si Christ est en vous, votre corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais votre esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous, celui qui a ressuscité Christ rendra aussi la vie à votre corps mortel par son Esprit qui habite en vous.

Prédication

Dans ce passage de la lettre aux chrétiens de Rome, l’apôtre Paul oppose la nature humaine et l’Esprit de Dieu. La nature humaine conduit à la mort, dit Paul. Nous pensons bien sûr à la mort biologique, mais ici, il s’agit surtout d’une mort spirituelle. La mort spirituelle correspond à une existence coupée de ce qui fait vivre l’esprit, une existence vidée de son sens profond. Mon existence est dominée par ma nature humaine et ses préoccupations matérielles : satisfaire mes envies, mon confort. Je me compare alors aux autres, et je convoite ce que je ne possède pas encore : une belle voiture, une maison bien à moi, le dernier téléphone mobile, etc. C’est ma nature humaine qui me guide, envieuse, jalouse. Elle me pousse à l’accaparement, à la domination sur l’autre, à la vengeance.

Sans l’Esprit de Dieu, je ne suis pas capable de vivre la loi de Dieu ; je me trouve très loin du double appel à l’amour évangélique que Jésus m’adresse. Cet amour évangélique est marqué par la gratuité — je n’attends rien en retour — et se donne sans condition, quelque soit la considération de l’autre à mon égard. Cet amour est tourné vers Dieu et vers les autres : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, et tu aimeras ton prochain comme toi-même (Matthieu 22.39), ou comme Dieu t’aime, selon les paroles de Jésus dans l’évangile selon Jean (Jean 13.34). Ma nature humaine ne se soucie pas de l’amour évangélique, loi de Dieu. Cette loi constitue même un obstacle à l’expression de ma nature humaine. Elle m’est un frein pour satisfaire mes aspirations. En cela, elle devient mon ennemi. “La nature humaine tend à la révolte contre Dieu”, dit l’apôtre Paul.

C’est pourtant l’amour évangélique qui donne sens à mon existence. Avec l’Esprit de Dieu, il en est autrement. Se conformer à l’Esprit de Dieu, être selon l’Esprit de Dieu, c’est tendre vers la vie, nous dit l’apôtre Paul. Lorsque je tends vers la vie, je me sens tiré vers ce qui me rend plus vivant, je ressens l’énergie en moi qui fait de moi un vivant. Cette énergie vitale me vient de Dieu, elle me relie à Dieu. Elle est source jaillissante de vie éternelle, de vie à chaque instant, comme le déclare Jésus à la Samaritaine auprès du puits (Jean 4.14). C’est cette vie dont parle Jésus, une vie qui fait sens, qui n’est pas une simple existence hors du chaos matériel, mais une vie pleine, en lien avec le milieu dans lequel je me tiens, en lien avec le tout de l’univers, de la création.

Être selon l’Esprit, c’est tendre vers la paix, nous dit aussi l’apôtre Paul. La paix, ici, n’est pas seulement une bonne entente entre les peuples qui permet de ne plus avoir de guerre — et ce serait déjà merveilleux ! La paix de Dieu est une paix intérieure, profonde, solide, dans laquelle je me sens en sécurité et qui me permet de vivre la confiance. Cette paix ressurgit forcément à l’extérieur de moi, dans mes relations avec les autres humains et avec la nature. Cette paix existentielle ne ressent plus les tensions vitales comme des agressions mais seulement comme des stimulations pour aller de l’avant, pour être plus vivant encore. C’est accueillir la vie en moi, écouter mes émotions et mes besoins, écouter mes désirs profonds pour y répondre favorablement. Cette paix me transforme et transforme mes relations.

La bonne nouvelle que nous apporte aujourd’hui l’apôtre Paul tient en ceci : “Quant à vous, dit-il, vous n’êtes pas animés par votre nature propre mais par l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous.” “Si Christ est en vous”, dit Paul ensuite. Mais que l’Esprit de Dieu habite en nous, que Christ est en nous, c’est exactement ce que Jésus a annoncé à ses disciples ! Face à la menace de persécutions, Jésus dit à ses disciples, dans l’évangile selon Matthieu : “Quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.” (Matthieu 10.20) Et dans l’évangile selon Jean : “l’Esprit de vérité, […] vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.” (Jean 14.17) Ou encore : “En ce jour-là [c’est-à-dire après la résurrection du Christ], vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous.” (Jean 14.20)

C’est aujourd’hui, jour de Pentecôte, que nous fêtons la présence de l’Esprit saint en nous. L’Esprit travaille en nous à notre transformation, si nous l’accueillons malgré notre nature humaine, si nous lui laissons une chance de nous modeler en des humains nouveaux. Nous y trouverons la vie ! Amen.

 

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