9 juin 2019 – L’Esprit à l’oeuvre – Actes 2,v.1-4 – Jean 14, v.15-26 – Ch. Hervaud

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L’Esprit à l’oeuvre

Aujourd’hui, nous fêtons la pentecôte.

C’est le nom d’une fête que les hébreux d’autrefois et nos frères juifs de maintenant appelle Shabouot, et qui est pour eux la fête des Moissons. En effet, à l’origine, il s’agissait d’une grande fête de la moisson. On consacrait à Dieu la première part de ses récoltes, reconnaissant la puissance de Dieu à l’œuvre dans la réussite de ses cultures . A cette occasion, on se souvenait de l’alliance au Sinaï. On se souvenait du don de la Loi. On se souvenait de la fidélité de Dieu pour son peuple.

On ne manquait sous aucun prétexte cette grande fête à Jérusalem. Le jour de la pentecôte, le travail était interdit. On se rendait au temple pour y accomplir des sacrifices et y écouter les rabbins qui racontent l’alliance. Chaque geste, chaque rite, chaque prière devait actualiser pour le peuple juif rassemblé, l’alliance conclue jadis par Dieu avec les ancêtres hébreux sous la conduite de Moïse.

C’est ainsi que les disciples, au nombre de 120 environ, se trouvaient à Jérusalem, pour célébrer cette fête de pentecôte, en un même lieu nous dit le livre des Actes. Ce jour-là, ils ont tous reçu ce que Jésus leur avait promis : Le souffle sacré de Dieu, que nous nommons plus habituellement l’Esprit saint.

Alors revenons un peu en arrière dans le chapitre 14 de jean, revenons à cette annonce, à cette promesse tenue par jésus, pour les disciples et pour nous.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus anticipe, prend une avance sur ce sentiment d’abandon que pourraient éprouver ses disciples. Jésus est sur le point de quitter ses

chers amis, ceux que le Père lui a donné.

Ce texte est un extrait du long discours d’adieu (14 à 16) de Jésus. Cet extrait peut se résumer à ceci: «  Par mon départ physique, je ne serai plus au milieu de vous, mais vous ne vous sentirez pas orphelins, seuls, abandonnés, dans la mesure où vous continuerez à vous ouvrir à l’esprit de vérité et d’amour qui a marqué ma vie. Alors vous ferez l’expérience d’une forme de présence qui sera source de vie en vous. »

Dans cet extrait nous avons à 4 reprises, non pas le terme Esprit Saint, mais le mot Paraclet. C’est un mot difficile à traduire. Le sens comporte 2 nuances : d’une part le Paraclet est une aide pour qui le reçoit. D’autre part, il remplit la fonction de représentant.

Le rôle du Paraclet consiste à remplacer Jésus, en poursuivant son action auprès des disciples et dans le monde.Il n’a pas une mission qui se distingue de celle de Jésus. L’esprit accomplit les mêmes fonctions que celles qu’exerçaient Jésus : il enseigne, il conduit dans la vérité, il est prophète, il juge. Il a pour rôle de perpétuer l’action de Jésus. Il est le souvenir vivant de Jésus.

De cette façon, le Christ vivant est présent au milieu des siens, jour après jour.

Par le Paraclet, nous sommes en relation avec jésus et ainsi, il nous permet de vivre l’aujourd’hui de la foi.

Ainsi Jésus n’est plus absent. L’esprit paraclet prend en charge le vide laissé par Jésus retourné auprès du Père.

Jésus dit à ses disciples : « je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous. »

Ce sentiment de solitude, d’abandon, des disciples, nous l’éprouvons nous aussi parfois, après un deuil, dans la maladie, ou lorsqu’on nous a fait du mal, ou quand nous regardons le monde courir à sa perte. Nous nous demandons où est Dieu. Nous aimerions qu’il y ait de la part de Dieu des actes visibles, des miracles évidents, un changement radical. Et nous oublions qu’Il agit par l’Esprit Saint, à chaque instant, que ce soit dans le monde ou en nous. Alors prions, et nous rendrons Jésus vivant dans le monde et auprès de ceux qui nous entoure.

Et, nous avons besoin de ce réconfort, nous aussi. Nous nous sentons incapables de nous en sortir seuls. C’est pourquoi Jésus nous a envoyé le Paraclet, c’est l’Esprit du réconfort. Il se tient en dedans de nous avec amour. Le Paraclet est indissociable de Jésus. C’est lui même, en vérité, qui prend place en nous.

Le Paraclet est aussi notre Défenseur.

De quoi nous défend t- il ?

De nous mêmes, de nos accusations envers nous mêmes, de notre incapacité à vivre selon sa Parole, de nos désillusions sur nous-mêmes. Ce sont nos faiblesses, et nous le savons bien. Nous sommes souvent découragés face à notre vie, face au mal qui est en nous, nos pensées qui manque d’amour pour le prochain, nos paroles vives ou coléreuses envers autrui. Et bien souvent d’ailleurs, nous nous imaginons que Dieu lui même nous accuse, nous punit, nous laisse tomber.

C’est non seulement au prochain que nous faisons du mal mais aussi à nous mêmes.

L’Esprit- paraclet est là pour nous défendre de baisser les bras, de quitter Jésus, et de nous faire du mal à nous mêmes. Il nous redit l’amour de Dieu pour nous. Il nous encourage. Il nous porte quand nous sommes faibles. Le Paraclet est comme un avocat quand nous nous jugeons mal, il nous parle et nous donne la marche à suivre, il nous rappelle les paroles et les actes de jésus, il nous fait garder en mémoire les instructions du Père, il nous guide dans notre manière de vivre,dans nos choix. Il nous aide à comprendre les Ecritures et rend notre prière efficace.

Par l’Esprit, nous pouvons être délivrés de nos désirs d’être puissant, fort, notre désir de vouloir toujours tout réussir. L’esprit nous aide à reconnaître notre faiblesse, à l’accepter.

En accueillant l’Esprit – paraclet, nous apprenons à le laisser agir en nous, par nous. C’est ainsi que dans nos faiblesses, malgré notre incapacité à vivre totalement l’amour de Dieu, si nous lui faisons confiance, il agira par nous. Et alors nous pourrons dire comme Paul : ma grâce te suffit, ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.(2 Cor 12)

 

C’est l’Esprit de vérité qui nous montre cette vérité : la faiblesse est la nouvelle force en jésus, le Christ, car elle est celle qui nous permet de recevoir la seule force qui nous rende capable d’aimer.

Il y a environ 2000 ans, le jour de la Pentecôte, l’église débutante n’était pas bien brillante, ni par son nombre, ni pas sa confiance en Dieu, mais c’est dans cette faiblesse que l’Esprit est venu les rejoindre, selon la promesse de Jésus. C’est là qu’il les a bouleversés, arrachés à leur enfermement physique et spirituel, et les a envoyés par le monde pour offrir la Bonne Nouvelle.

Alors si aujourd’hui, nous ne nous sentons pas plus brillant qu’eux, si nous nous sentons petits, si nous nous disons : nous n’y arriverons jamais, regardons l’histoire des disciples, relisons les évangiles, et rendons grâce à Dieu qui nous donne son Esprit dans notre faiblesse et qui est capable, à travers nous, de renverser les situations, et convertir le monde.

Oui, rendons grâce à Dieu pour l’Esprit, et par l’Esprit.

Amen.

 

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