Février 2017

Chers amis,

 

            Nous voici à mi-chemin entre Noël et Pâques, entre ces temps forts de la vie de l’Eglise, temps témoins de l’Amour de Dieu pour l’Humanité. A Noël, Dieu prend visage d’Homme et sort du silence de son Ciel en venant à la rencontre des vivants de cette Terre. A Pâques, Dieu en Jésus-Christ sort de la finitude de cette vie marquée par le péché en élargissant à Sa Vie la vie des pèlerins de ce monde.

            A mi-chemin entre ces deux temps de révélation, alors qu’à la crèche se profile la croix et qu’au tombeau vide se manifeste une nouvelle naissance, nous sommes invités à la médiation, à l’accueil, au silence du désert, lieu de tous les questionnements, lieu de la marche confiante vers l’oasis salutaire.

            A mi-chemin soyons alors tout à la fois dans la reconnaissance de cette incarnation de la Parole et de la résurrection de cette même Parole, laissons notre regard aller des ombres à la lumière, des signes posés aux mystères entraperçus car à Noël comme à Pâques une voix nous dit: « Venez et voyez! »

 

Ténèbres et Lumière

 

            Un peu à l’écart de Bethléem, au milieu de la nuit un enfant pousse son premier cri et le ciel s’illumine. Le silence est rompu, une voix venue du ciel proclame la naissance et dit déjà tout ce qui en l’enfant, est promesse:  » Un Sauveur vous est né! »

            Un peu à l’écart de Jérusalem, au milieu du jour un homme pousse un dernier cri et le soleil s’obscurcit. Le silence est rompu, une voix s’élève du pied de la croix et confesse l’identité de celui qui meurt:  » Celui-ci était vraiment Fils de Dieu! »

            A mi-chemin entre ces  deux instants qui ont vu le passage de la nuit à la lumière et du jour aux ténèbres, il nous appartient d’accueillir à chaque pas le mystère de la vie donnée, donnée par Dieu en son Fils né à Bethléem, donnée par Jésus mort au Golgotha, mystère de la vie donnée à la création et à l’Humanité, donnée dans sa dimension éternelle.

 

Langes et bandelettes

 

            Un enfant emmailloté comme signe déjà annoncé en prophétie, comme signe renouvelé par les anges aux bergers de Judée. Des langes déjà préparés par Marie ou improvisés par Joseph? Nul ne nous le dit et pourtant l’enfant est emmailloté, des mains aimantes accompagnent sa naissance. Le fruit de l’Amour de Dieu, de l’oeuvre de l’Esprit est comme pris en charge par les humains qui l’accueillent. Des langes pour dire toute l’Humanité du Fils de Dieu, de la Parole faite chair!

            Un corps préparé pour entrer dans le silence de la Terre et finalement des bandelettes et un linge comme seuls vestiges, témoins de cet homme mort sur une croix. Des linges funéraires préparés par les femmes ou improvisés par Joseph d’Arimathée? Nul ne nous le dit et pourtant ces linges sont là, pliés, à voir alors qu’il n’y plus rien d’autre à voir au matin de Pâques. Ils ont été oubliés ces signes d’humanité, par l’oeuvre de l’Esprit ressuscitant la vie, la Parole faite chair!

            A mi-chemin il nous appartient d’offrir l’oeuvre de nos mains afin de prendre soin par amour et humblement de l’oeuvre de l’Esprit qui nous dépasse et nous émerveille. Ainsi nous l’accompagnons en son incarnation, la revêtant de son habit de fête.

 

Etable habitée et tombeau inhabité

 

            C’est un lieu pour les animaux qu’il faut visiter pour devenir témoins de cette naissance qui va changer le cours de l’Histoire. On y trouve le sourire d’un enfant, la joie de parents rassurés, la chaleur de la vie. On a à y discerner le Messie attendu! On quittera ce lieu certes avec des questions, mais le coeur rempli de joie, prêts à proclamer aux quatre coins du monde cette Bonne nouvelle, sujet d’une grande joie pour tous les peuples.

            C’est un lieu de mort dans lequel on va pénétrer pour découvrir que la mort est vaincue, que la mort est morte, qu’elle n’a plus d’existence. On n’y trouvera rien du corps déposé, seuls les linges diront que l’on n’a pas rêvé hier. On aura alors à y accueillir la Vie du Sauveur! On quittera ce lieu avec des questions, mais le coeur brûlant d’un feu nouveau prêts à proclamer au monde entier la Bonne nouvelle, sujet de grande joie pour tous les vivants.

 

Bergers et disciples

 

            A mi-chemin entre Noël et Pâques nous sommes ces bergers et ces disciples, ces bergers du quotidien de la vie, ces disciples suiveurs de Jésus.

            Nous sommes ces hommes et ces femmes interpellés par une voix qui se fait entendre du haut du ciel, qui résonne à la lecture de l’Ecriture, qui est portée par le souffle de l’Esprit.

            Nous sommes aussi ces hommes et ces femmes appelés par leur nom, invités à la confiance, mis en route ensemble, chacun avec sa spécificité mais pour le bien de tous.

            A mi-chemin entre Noël et Pâques, nous sommes chers amis, cette Eglise de témoins de l’Evangile, nous sommes déjà ce peuple de Pentecôte visité par l’Esprit, au bénéfice de ses dons, riche de son élan de vie nouvelle.

            A mi-chemin, entre deux éternités, au coeur de la finitude de l’humain, inlassablement nous entendons Dieu nous dire « Viens et vois! » et inlassablement en son Nom nous disons sur les chemins du monde  » Venez et voyez! »

 

            Ainsi pour nous et pour tous, par grâce:

 

 » La ténèbre n’est point ténèbres devant toi, la nuit comme le jour est Lumière! »

 

                                                                                                          Pasteur Olivier Filhol

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