Nos convictions: Sola gratia

 

Le principe de la grâce seule (sola gratia)

Dieu nous sauve par sa seule grâce en nous déclarant juste sans condition.

 Le retour du fils prodigue (Rembrandt van Rijn, 1636). Rijksmuseum, Amsterdam

Les anthropo-paléontologues montrent que la religion est née sitôt après l’apparition des premiers rites funéraires (cf. l’anthropologue britannique Edward Tylor (1832-1917) sur l’animisme). La constatation de ses limites devant la perspective de la mort fait réfléchir l’humain : comment dépasser les limites de la mort ? La religion de simple raison sert alors à plaire à une ou à des divinités juges pour continuer à vivre dans un au-delà. Dans la plupart des religions, en particulier dans le christianisme du Moyen Âge, la perspective du jugement divin augmente l’angoisse de la mort : chacun aura à répondre de ses actes devant le tribunal de Dieu.

En relisant l’apôtre Paul, la Réforme chrétienne protestante a réagi contre cette angoisse et a contribué à l’atténuer en proclamant la gratuité du salut, qui vient entièrement de Dieu et ne dépend en rien des mérites humains. Dieu nous aime d’un amour absolu sans condition et nous déclare justes. Face au Dieu juge dont il fallait craindre la colère, la Réforme protestante découvre un Dieu miséricordieux qui considère l’homme comme un adulte. À l’époque ce fut une découverte bouleversante.

La justice de Dieu, dans la pensée de Paul, n’est pas une rétribution qui s’abat sur les pécheurs mais une justice que Dieu leur confère en dehors de tout mérite. Cette découverte libère l’humain protestant. Sa relation à Dieu se base désormais non plus sur la justice effective du pécheur mais sur la justice offerte sans condition par Dieu : Dieu déclare que l’homme est juste indépendamment de son appartenance ou de ses performances dans quelque domaine que ce soit.

Le pardon gratuit et inconditionnel de Dieu libère chacun et rend possible le témoignage, l’aveu ou le récit de soi devant les hommes, pour mieux vivre ensemble ou mieux vivre tout court. La valeur ultime d’un humain ne dépend ni de ses qualités, ni de son mérite, ni de son statut social, mais de l’amour gratuit de Dieu qui confère à chaque être humain un prix inestimable. La grâce concerne donc l’action de Dieu, indépendamment de la réponse humaine.

 

 

 

Contact