Texte de Christian Ginouvier pour BàBâR du 8 octobre 21

BàBâR 2021-2022- 8 octobre 2021

LIVRE DES ACTES /ACTES 2/37-41 ET 6/1-7

  1. LES PREMIERS ACTEURS DE LA BONNE NOUVELLE

Les premiers disciples > Luc 5/1-11 et 27-32, Luc 6112/16

Les premiers convertis > Actes 2/37-41 et 6/1-7,

Des disciples aux premiers chrétiens, ou commet cette épopée est d’abord celle de quelques hommes et femmes comme nous.

Suite du petit catalogue de ce quil me paraît utile de préciser et de noter (pour le lire …)

 

Une petite précision méthodologique

Avant et pendant la lecture des textes toujours se rappeler à quelles époques il renvoient (les années 30-35 environ), et sont écrits et reçus (les années 80–90 environ), et donc dans quels contextes et quelles circonstances se sont déroulés les faits rapportés et on ensuite été entendus et lus. Or, ces textes rapportent des faits qui se déroulent pour Israël à une époque de grande instabilité nationale, religieuse, sociale qui laissent présager son éclatement ; et ils retransmettent – quelques 50 ans plus tard – ces faits à une époque non moins trouble et difficile, puisque nous sommes après la chute de Jérusalem, la disparition du Temple, la prise de la forteresse de Massada, et donc la fin d’Israël en Palestine en tous les cas (en effet demeure la Diaspora, mais sans centre, sans repère, sans refuge).

On imagine dès lors ce qu’a pu avoir de significatif, de miraculeux, le rassemblement de la Pentecôte (disons en 33-34 environ) avec ces hommes, ces femmes d’un peu partout, souvent étrangers les uns aux autres, et qui réalisent qu’ils peuvent s’entendre, se comprendre, partager, faire vraiment communauté c’est comme la promesse d’une renaissance. De la même façon, on imagine ce qu’ont aussi représenté les multiplications des premières conversions et des premières communautés : un formidable encouragement. Une confirmation.

 

Une petite précision à propos de lEsprit Saint

Lisons Actes 2/38-39 ét reprenons comme la semaine passée notre comparaison avec Matthieu 28/16-20 Convertissez-vous    <> De toutes les nations faites des disciples

Que chacun de vous reçoivent le baptême                                        <> Baptisez-les

Et vous recevrez le don de lEsprit saint. Car                                     <> au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

cest à vous, vos enfants… qu’est destinée la promesse                    <> leur apprenant à garder tout ce que je

vous ai prescrit.

 

Ainsi se confirme que pour Luc – je cite ce que je vous disais alors : lEsprit Saint, à linstar de la Parole, est, non pas un qualificatif de Dieu qui préciserait son être, sa nature, son statut (ce que fait le dogme trinitaire), mais bien une représentation, une façon à la fois explicite et synthétique de montrer, plus que laction de Dieu, son plein engagement – sa présence – dans laction quil mène – cest lui-même qui intervient, qui s’investit, non pas quil se confonde tout entier avec son action (il est plus que ce quil fait) mais parce que quand il se donne, il se donne entièrement.. comme latteste lIncarnation.

 

Les premiers disciples ou convertis

Je soulignais dans le premier paragraphe, l’importance, en particulier dans les périodes difficiles (et la nôtre en est une aussi à certains égards), de pouvoir faire l’expérience de vrais renouvellements, de vraies rencontres, de vrais regroupements, de vrais engagements, tels qu’en parlent les textes lucaniens, et ce, aussi petits et fragiles soient-ils, puisque là c’est effectivement la qualité qui prévaut sur la quantité. A cet endroit en tous les cas, l’Eglise devrait en être l’expression même, serait-elle de deux ou trois (membres) réunis en son nom.

Cette question de quantité justement (ce fantasme de toutes les nations disciples, pour reprendre l’expression matthéenne) qui a obsédé la chrétienté et qui tourmente encore tant de chrétiens, au point de dévoyer le témoignage de l’Eglise, Luc (il n’est pas le seul) semble vouloir nous en protéger. Que ce soit dans son évangile où il débute avec un bébé dans une étable, ou dans son livre des Actes où il termine (presque) avec Paul après tempête et naufrage (Actes 27/13-44), qui voyant quelques frères venant à leur

rencontre, rendit grâce à Dieu et reprit confiance (Actes 28/15).

Ressort des écrits de Luc une vision de l’Eglise, non pas minimaliste, encore moins misérabiliste, mais humaine néanmoins fidèle aux exigences de la vocation qui lui est donnée, réaliste néanmoins fidèle aux exigences de service qu’il lui est demandé de rendre sans réserve ni limite.. Et bien mis en évidence au coeur même de ces écrits (Luc 24/48, c’est-à-dire juste avant de passer aux Actes) cette parole de Jésus aux onze disciples (une Eglise de onze, même plus douze disciples): C’est vous qui êtes les témoins ! Mais n’est-ce pas ce que le même Jésus avait annoncé sous la forme de la parabole dun grain de sénevé qui devient arbre où les oiseaux du ciel font leurs nids ?

 

Christian Ginouvier

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