Texte prédication 1er nov 2020

 

Matthieu 4, 23- 5,12

Heureux êtes-vous ! une Parole qui fait ce qu’elle dit.

Jésus va dans toute la Galilée. Il enseigne dans les maisons de prière juives, il annonce la Bonne Nouvelle du royaume, il guérit les gens de toutes leurs maladies et de toutes leurs douleurs. On entend parler de Jésus dans toute la Syrie. On lui amènent tous ceux qui souffrent : ceux qui ont des maladies et des douleurs de toutes sortes, ceux qui ont des esprits mauvais, ceux qui ont des crises nerveuses. On lui amène aussi les paralysés. Jésus les guérit. Des foules nombreuses suivent Jésus. Elles viennent de Galilée, de la région des dix villes de Jérusalem, de Judée et de la région à l’est du Jourdain

Voyant les foules, Jésus monta sur la montagne. Quand  il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui
Puis il prit la parole et se mit à les enseigner :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !

Heureux ceux qui sont bons pour les autres car Dieu sera bon pour eux

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

Heureux ceux qui font la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils

Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, qu’on vous persécute et qu’on répand faussement sur vous toutes sortes de méchancetés, à cause de moi.

Réjouissez-vous et soyez transportés d’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

 

Comment accueillir les béatitudes de Jésus dans l’incertitude de notre actualité troublée, avec cette série d’attentats terroristes qui nous horrifient, avec cette crise sanitaire qui bouleverse nos vies personnelles et communautaires, mais aussi tout le tissu social et économique ?

Comment être heureux ?

Nous nous sentons  bien plutôt fragilisés, démunis, en colère avec ce débordement de violences, ce deuxième confinement qui s’amorce, la limitation de nos libertés, la fermeture dès demain de nos lieux de culte et de nombreux commerces, ce qui  laisse présager de nouvelles  difficultés financières pour de nombreuses entreprises,  la hausse du chômage.

De quel bonheur Jésus parle-t-il ?

Ce matin, je me risquerai à une relecture de cette page de l’évangile qui introduit le sermon de Jésus sur la montagne.

Matthieu nous dit que Jésus  monte sur une montagne pour communiquer son message, mais en réalité Jésus monte sur une colline pour pouvoir mieux regarder son auditoire et lui parler.

Jésus prend au sérieux chacun. Son regard  décèle probablement les vides, les attentes les plus secrètes, les larmes cachées, les colères, les paralysies du corps et du cœur, et même les humiliations.

Dans l’évangile, c’est le premier acte de communication de Jésus, sa première prise de parole publique. Jusqu’à présent, Jésus a été plutôt discret, il a reçu le baptême de Jean, il a été tenté par le diable dans le désert, il a appelé les premiers disciples à le suivre.

Et voilà qu’il apparaît maintenant en pleine lumière.

-Au niveau de la forme que prend la communication de Jésus je retiens deux éléments

    1. Premier élément de sa communication :

Jésus  réussit ici le tour de force de s’adresser ici à deux auditoires très différents :  le petit groupe de ses disciples,  soit quatre personnes en ce début d’évangile, Pierre, André, Jacques et Jean qui ont pris le risque de tout quitter pour le suivre  et puis cette foule  qui s’intéresse à Jésus parce qu’elle attend  quelque chose de lui , un bienfait, une guérison, une libération, du pain, un bien-être matériel

Jésus ne privilégie ni les uns ni les autres.

Son message s’adresse à tous, aux disciples, mais aussi à la foule

Jésus s’adresse  en réalité au monde  entier du haut de la colline.

Cette manière de communiquer est instructive, elle peut nous guider  dans notre propre communication de l’évangile. Le message s’adresse à tous et à chacun en particulier.

    1. Deuxième élément de sa communication.

Elle est directe.

Jésus n’énonce pas une théorie, une vérité générale.

Il ne dit pas «  il faut que vous soyez heureux » ou «  ce serait bien si les gens étaient heureux ».

 Il agit sur nous par une parole directe, une parole qui effectue ce qu’elle énonce

Voilà ce qu’on appelle une parole performative, une parole en acte, qui fait ce qu’elle dit

Jésus  proclame heureux,  par 9 fois, ses disciples et cette foule à qui il s’adresse

Alors ses disciples et cette foule ont  toutes les chances de le devenir tout de suite car c’est Jésus qui le dit !

 

-Venons en maintenant au contenu du message de Jésus

A neuf reprises, Jésus proclame heureux ceux que l’opinion commune classe habituellement parmi les malheureux :

Ceux  et celles qui  souffrent, qui connaissent le manque, la perte, l’affliction, la persécution, ceux et celles qui ne sont pas compromis avec les puissants de ce monde, ceux  et celles qui portent la peine de tous ceux qui crient leur désespoir, ceux et celles qui aiment et qui pardonnent, ceux et celles qui risquent leur vie pour plus de paix, de justice, d’amour sur cette terre

C’est un bonheur bien paradoxal  dont Jésus nous parle ici, un bonheur bien différent du  bonheur « cocon » qui nous est  généralement recommandé dans notre société.

C’est  en réalité un bonheur qui  ressemble à la personne de Jésus, lui qui a choisi de ne pas être un homme de pouvoir, d’influence ou de réseau, mais un de ces  pauvres en esprit, un jeune homme aux mains vides, s’appuyant sur Dieu,  qui est allé jusqu’au bout de l’amour et du don de lui-même.

Les béatitudes  ont le poids du vécu de Jésus

Voilà une affirmation qui peut bien être la nôtre aujourd’hui, car nous connaissons toute la vie du Christ jusqu’à la fin, jusqu’à cette dernière rencontre de Jésus ressuscité avec les disciples, au sommet d’une montagne quelque part en Galilée (28,16) qui pourrait très bien être la montagne des béatitudes.

Mais il faut bien reconnaître qu’au moment où les disciples et la foule ont entendu  pour la première fois son sermon sur la montagne il en était tout autrement.

Pour eux, Jésus n’avait encore que peu vécu à leurs côtés. Ils ont probablement attendu avant de mettre par écrit les béatitudes.

« Ils ont attendu jusqu’à ce qu’ils aient découvert  la pauvreté du Christ, la douceur du Christ, les larmes du Christ, la persécution du Christ.

Ils ont attendu jusqu’à la croix pour l’entendre dire «  j’ai soif » ( jean 19,28). Ils ont attendu le matin de Pâques pour constater que les larmes du Christ avaient été asséchées, que le royaume des cieux était bien à lui, que la terre lui avait été donnée en héritage et qu’il était vraiment le Fils de Dieu.

C’est alors seulement après tout cela qu’ils se sont véritablement mis en route, engagés à la suite du Christ, en toute confiance, sachant que cette route n’était pas un leurre, mais le secret de son existence »

 

Frères et sœurs, l’Evangile est une bonne nouvelle pour chacun et chacune de nous et pour le monde, pour nos vies individuelles et communautaires, sociales et politiques

Car elle nous dit que  nous ne sommes pas seuls dans la traversée de l’épreuve et  de la nuit.

Le Christ est présent  au milieu de nous, il est avec nous,  au cœur de nos ténèbres, de nos  peurs, de nos vulnérabilités, de nos manques, de nos deuils, mais aussi au cœur de nos combats et de nos luttes pour transformer le monde.

il trace aujourd’hui un chemin avec nous pour nous donner un a-venir à espérer (Jérémie 29,11). 

Nous sommes des heureux , des bien heureux !

C’est le Christ qui nous le dit ce matin !

Ce chemin est un chemin de vie et de fraternité ,un chemin d’action à partager avec les hommes et les femmes de bonne volonté qui nous entourent, un chemin qui fait de nous un peuple en marche, libéré,  réconcilié, heureux de louer et de servir Dieu

C’est notre confiance et Espérance

Le bonheur n’est  donc pas une vague promesse dans la bouche de Jésus.

Il s’enracine dans notre présent, au cœur de notre communion  avec le christ et il nous aide à vivre sans crainte de l’avenir.

En Christ, mort et ressuscité, la violence, la mort, la peur, la souffrance  n’auront pas le dernier mot dans nos vies et dans ce monde.

Il est celui  qui rassemble  son Eglise, la communauté universelle de ceux qui croient et qui ont cru en lui, une communauté humaine  sans frontières, sans barrières de langues, de races, de pays, une immense  foule  plurielle et unie dans la louange et l’adoration.

Réjouissons- nous donc  et soyons dans l’allégresse de faire partie de cette foule de croyants de tous les temps et de tous les âges, 

Agnès Vez Desplanque

 

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