Échos du Conseil national

L’accueil d’abord ! En 2016, notre Église a pris la parole avec la campagne d’affichage « Exilés, l’accueil d’abord ! ». Il s’agissait de manifester que tout être humain doit être d’abord accueilli dans notre pays, dans l’Église, sans faire « acception de personne ».

Le livre des Actes, dans son chapitre 10, le raconte de manière saisissante. Pierre est conduit à entrer chez un centurion romain, pour manger avec lui et toute sa famille. Une vision l’avait préparé à cela : il avait vu une nappe recouverte d’animaux, de reptiles et d’oiseaux, et une voix lui avait dit « tue et mange ». Alors qu’il protestait qu’il n’avait jamais rien mangé d’impur, la voix avait conclu « ce que Dieu a rendu pur, toi, ne le déclare pas impur. ».

Qu’est-ce que Dieu a rendu pur ? Tous les humains, enfants, femmes, hommes, pour lesquels le Christ est venu. Le Christ n’est pas venu seulement pour quelques-uns, triés selon des critères variables selon les époques. Il est venu pour tous. Quand il croise les lépreux, il ne craint pas de s’approcher d’eux pour les guérir. Et il ne fait aucun reproche à la femme souffrant d’hémorragie qui l’a touché pour être guérie, alors même que les règles de pureté de son temps lui interdisaient d’être présente dans la foule. Jésus contrevient à tous les interdits pour rejoindre les hommes et les femmes de son temps et être rejoint par eux.

Au gré des siècles, les sociétés ont érigé des murs de séparation entre les humains : esclaves et hommes libres, juifs et non-juifs, croyants et non-croyants, hommes et femmes, blancs et noirs, hétérosexuels et homosexuels… la liste des discriminations s’allonge selon les pays et leur histoire. Le Christ est venu mettre à bas tous ces murs, pour réconcilier l’humanité avec Dieu et lui ouvrir un avenir.

Ces derniers mois, un nouveau mur s’est élevé, inattendu : entre les vaccinés et les non-vaccinés, les anti-pass et les autres. Invectives, agressivité, rejet, les propos sont durs de part et d’autre, excluants. Des familles se déchirent, des amitiés se brisent, la raison a déserté même les plus raisonnables.

Devant tant de violence, on reste sans voix. Les ingrédients « pandémie + peur de la mort + virus inconnu + mondialisation des échanges + amplification de toutes les opinions par les réseaux sociaux » forment un cocktail détonnant. Et jeter de l’huile sur le feu de la division, l’histoire nous montre que ça marche très bien !

Que dire, que faire ? La maladie, la mort éveillent en l’être humain la culpabilité. La question des disciples à Jésus, dans l’évangile de Jean au chapitre 9, dit bien cette peur humaine : « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Quand la maladie survient, l’humain cherche la faute. Jésus s’oppose fortement à cette superstition en guérissant l’aveugle de naissance et en dénonçant l’aveuglement spirituel. La maladie fait partie de la vie, comme la mort fait partie de la vie. Il n’y a pas de vie sans maladie, handicap, faiblesse, fatigue… Une vie sans douleur est une illusion, peut-être même une idole. Le Christ ne s’est pas présenté en héros tout-puissant. Il a eu soif, il est tombé sous le poids de la croix. Il a souffert et il est mort. Il n’a pas évité les épreuves.

Nul n’est coupable d’être malade, ni le vacciné, ni le non-vacciné.

La peur est irrationnelle : que ce soit la peur du vaccin ou la peur de la maladie. Mais l’écoute sans jugement ouvre un espace où la peur peut se dire et être apaisée.

Parce que Dieu a rendu pur tout être humain, l’Église doit dire et redire que chacune et chacun est bienvenu dans la communauté humaine, et dans la communauté chrétienne. Que nos communautés sachent rester des lieux d’écoute et de non-jugement dans cette épreuve, et qu’elles restent fermement ancrées dans l’espérance. Christ a vaincu la mort !

Emmanuelle Seyboldt,
Présidente du Conseil national

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