Pourquoi une Conférence de Paix ?

La Conférence des Eglises européennes (KEK) organise du 10 au 12 septembre  à l’Institut protestant de Théologie, faculté de Paris, une « Conférence de Paix ». Pourquoi un tel événement renaît-il de ses cendres ?

Parce que le Traité de Versailles a 100 ans

Cent ans après la Conférence de Paix de Paris en 1919, dont l’aspect le plus connu est le Traité de Versailles, la Conférence des Eglises européennes a décidé de se saisir de cet anniversaire pour tirer les leçons du passé et tracer des perspectives pour l’avenir en matière de construction de la paix et de réconciliation entre les peuples.

La Première Guerre mondiale a vu exploser plusieurs empires et les équilibres des forces entre nations bouger. Le but de la « Conférence de paix » de 1919 était de créer un « nouvel ordre mondial ». Mais les insatisfactions, les frustrations et le sentiment d’humiliation de certains se sont accumulés concernant les traités qui sont sortis de cette conférence de paix, faisant le lit de la Deuxième Guerre mondiale et d’autres tensions toujours actuelles. 

De la Conférence est née la Société des Nations, qui devait garantir la paix mais sans réel pouvoir pour la maintenir. De là viennent aussi les mandats de protectorat du Royaume-Uni et de la France sur le Moyen-Orient. Des frontières créées artificiellement à l’époque et des promesses différentes faites aux peuples habitant la région ont créé le terreau des tensions que l’on retrouve aujourd’hui dans cette région du monde.

La conférence de 2019 commencera donc par une visite du Château de Versailles, où fut signé le Traité du même nom. Elle se poursuivra avec un exposé des conséquences de la Conférence de Paix en 1919 en Europe et au Moyen-Orient jusqu’à aujourd’hui.

Parce que la paix n’est jamais acquise

Le deuxième jour, différents aspects de l’état du monde aujourd’hui, qui doivent être pris en compte pour assurer une paix durable (en particulier en Europe), seront évoqués. Populismes, nationalismes, injustices économiques, logiques à court-terme, migrations, dialogues inter-religieux, relations internationales et jeux d’influences supranationaux seront tour à tour abordés. La vocation de l’Europe comme acteur de paix dans le monde et l’évolution des équilibres mondiaux seront également évoquées.

Les Eglises et organisations chrétiennes internationales prennent leur part de travail en faveur de la paix et de la réconciliation, que ce soit dans les domaines de la lutte contre les injustices, du plaidoyer pour la Création et pour les plus faibles, de la réconciliation (par exemple, des rencontres entre jeunes serbes et jeunes bosniaques), de l’œcuménisme et de l’interreligieux, de la formation à l’interculturel, de l’envoi d’observateurs, de l’argumentation théologique contre les nationalismes, etc. Ce travail sera évoqué dans les discussions.

Parce que les Eglises ont un rôle à jouer comme ouvriers de paix

La Conférence des Eglises européennes a été créée il y a soixante ans pour maintenir des ponts entre les Eglises européennes séparées par le Rideau de Fer. Ce rôle de construction de liens et de réconciliation s’est poursuivi au fil du temps sous différentes formes. Il sera présenté lors de la troisième journée, puis les participants construiront ensemble un nouveau « traité de paix de Paris » qui deviendra une grille de route pour le « groupe de référence thématique paix et réconciliation » de la KEK.

La Conférence sera un des temps forts des 60 ans de la Conférence des Eglises européennes. Elle se tiendra en langue anglaise.

Pasteure Claire Sixt Gateuille, responsable des relations internationales de l’EPUdF

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