Prédication du 21 mars 2020

Méditation 21/03/21

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Chers frères et sœurs,

Je devais vous apporter la prédication de ce samedi 21 mars 2020, à Jonzac. Hélas, les événements qui sont en cours et qui touchent l’ensemble de la population mondiale m’en empêchent. Alors, ce message qui était en préparation, je vous le livre sous la forme d’une méditation. (Un petit culte de remplacement en quelque sorte).

Comme d’habitude, les textes étaient ceux proposés par l’ensemble de la communauté chrétienne pour ce dimanche 22 mars.

 

Les voici :

1 Samuel 16/1-13

Éphésiens 5/8-14

Jean 9/1-41

Et le psaume du jour : le Psaume 23

 

 

Je me souviens qu’entre amis ou en famille, cette question revenait souvent : « Si on devait choisir un handicap, lequel serait le plus supportable, ou le moins pire ! »

Chacun avait son idée, mais manifestement, celui que personne ne souhaitait, c’était de devenir aveugle !

 

C’est assez étrange, car je ne suis pas persuadé qu’il est plus confortable d’être sourd ou muet.

Mais, cela nous prouve que l’être humain attache une importante capitale dans le fait de voir et que l’idée même de ne pas voir serait insupportable.  

Comme si ce sens était indispensable à notre vie, et aussi qu’il nous aiderait à percevoir des événements, à juger par des images la qualité du monde qui nous entoure.

Quelle arrogance, car si nous pensons voir, en réalité nous sommes dans le noir complet.

Nous pensons que voir nous donne une sorte d’infaillibilité, le pouvoir d’estimer, d’apprendre, d’appréhender, sans doute et avec la plus grande des certitudes, ce qui nous entoure et plus particulièrement les « autres » et leurs actions, bonnes ou mauvaises, dont ils sont les artisans.

 

Et pourtant Dieu, lui, ne voit pas comme nous, Dieu voit bien au-delà du périmètre de notre vision, au-delà de notre sagesse et de notre intelligence.

 

Dans le texte de Samuel, le prophète ne voit que ce qu’il souhaite. Il refuse de se laisser guider par Dieu. En fait, Il se positionne à la place de Dieu pour décider de qui sera le futur roi d’Israël. Et, il y a pire à mon sens, car le père de David est lui-même persuadé que ses fils les plus forts seront élus pour cette tâche. Créant lui-même une sorte de statut « d’invisibilité » pour son cadet : David (il ne semble même plus y penser ! Ah oui, désolé, il m’en reste un au fond d‘une pâture).

Il faut, dès lors, l’autorité et la sagacité de Dieu pour faire découvrir sa volonté au prophète et à toute sa famille ! (Et pourtant, les prophètes à l’époque de Samuel étaient ce que l’on appelle des « voyants »).

 

Ces textes ont en commun l’idée que, même voyants, nous serions non-voyants.

Et que cet aveuglement nous empêche de voir la vérité, et nous conduit vers des erreurs inacceptables.

Et plus particulièrement des erreurs de jugement vis-à-vis des autres, des jugements qui nous poussent à proférer des condamnations.

 

La véritable « cecité » n’est pas de ne pas voir, mais de ne pas voir avec la lumière de notre foi. Une lumière proposée gracieusement par le Seigneur. Une lumière qui nous propose la sagesse et la compréhension de la grâce. Une lumière qui nous propose la compassion, l’humilité, la reconnaissance, l’amour et l’espérance.

 

Cette lumière qui n’est parfois, au début, qu’un trait pour certains, nous voulons la suivre sans hésitation, sans déborder de ce qu’elle nous éclaire.

Notre vie de chrétien est comme une lente guérison de notre handicap, cette guérison que nous attendons, qui nous mène vers l’amour du Christ.

 

Cette lumière qui nous éclaire jusqu’au cœur de notre prochain, cette lumière qui nous invite aussi à éclairer notre prochain.

La lumière divine éclaire notre route, mais aussi, « démasque » tout ce qui est caché, tout ce que nous ne voulons voir. Et Jésus de préciser, que voir seulement comme des humains, c’est en réalité être aveugle à la vérité !

 

Guérir par le Christ, et voir la vérité enfin, c’est avancer et découvrir que mon être véritable n’est pas centré sur moi, mais sur l’autre, sur cette association avec les autres qui se présente dans la gratuité, sur un amour partagé, sur une générosité qui nous entraine, sur une révélation que je transmets à l’autre et que je reçois aussi de lui… Une promesse nous appelle… celle de la vie de tous en tous…

En renonçant à notre aveuglement et à cet enfermement qui perd aussi tout pouvoir sur moi, nous avançons vers la terre des vivants à la suite de Notre Seigneur.

 

Toutes les guérisons ont une dimension pascale ; en effet, elles signifient une victoire sur la mort en redonnant vie à quelque chose qui, en nous, était mort.

Ce retour de l’homme à son intégrité révèle aussi quelque chose sur le Christ et sur Dieu. Dans notre évangile, Jésus donne lui-même la signification du «signe»: «Je suis la lumière du monde» et : «Je suis venu exercer un jugement ; pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles ».

Dieu éclaire notre route de bien des manières. Il nous tend la lumière et nous fait voir des choses que nous n’avions jamais vues. Et de même, les épreuves que nous rencontrons sont souvent autant de phares devant nous qui nous aident à comprendre la valeur de la grâce.

 

Par la lumière, et dans notre relation à l’autre, nous devons nous efforcer à voir l’invisible, c’est un travail qui ne peut se faire qu’avec l’aide de la prière ? Celle-ci est un véritable baume qui assure notre guérison.

 

« Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur, » disait Antoine de Saint-Exupéry.

Voir c’est reconnaitre le Christ comme le fils de Dieu, voir c’est rendre visible l’invisible, voir, c’est forer au coeur de l’homme pour découvrir le gisement de l’amour, voir, c’est renoncer au jugement dans l’espérance de la promesse.

Il existe, parait-il, un restaurant à Paris où toutes les lumières sont éteintes obligeant ainsi les clients à déguster les plats dans le noir total. Il va sans dire que la confiance en ce que nous mangeons est absolue ! L’expérience est, parait-il, fort intéressante, car elle nous oblige à développer tous nos sens, le toucher, le gout, les odeurs, les sons !

Dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui, où nous sommes obligés nous aussi de mettre de côté certains de nos sens, comme celui de toucher et d’approcher l’autre, Faisons en sorte de mettre à profit nos autres sens. Ce confinement laisse, pour beaucoup, plus de temps pour apprendre des écritures, pour prier. Mettons aussi en avant nos autres sens pour écouter, réconforter, accompagner moralement les plus démunis, les plus faibles, les âgés.

 

Commentaire sur le psaume du jour.

J’ai été surpris et même ému de voir que le psaume du jour était le psaume 23 ! Justement celui que j’avais choisi pour ma confirmation (au grand dam de mon pasteur, qui trouvait ce texte trop commun).

Mais ce texte si simple et si réconfortant répondait parfaitement à ce que je vivais. Il résumait l’entièreté de la grâce et de la promesse de Dieu.

Ce texte est aujourd’hui également bien réconfortant dans les circonstances exceptionnelles et dramatiques que nous connaissons.

Et je vous souhaite à tous que notre berger vous conduise dans de verts pâturages, ou vous ne manquerez de rien, qu’il vous dirige au bord de l’eau calme, pour ranimer vos forces, vous accompagne et vous défende.

Que sa bonté, sa générosité, son amour nous suivent pas à pas aussi longtemps que durera notre vie.

 

« Christ est venu pour que ceux qui ne voient pas, voient. »

 

Christian Delhaye

J’en profite aussi pour vous saluer tous très fraternellement, car je ne sais pas si nous nous reverrons prochainement, puisque Cathy et moi-même quittons cette belle région pour rejoindre la Belgique.

 

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