Editorial de mai 2015 : Résistez – allez au culte !

Signe de temps étranges, le premier ministre encourage les chrétiens à pratiquer leur culte. Il est vrai que deux églises ont été visées par un apprenti terroriste, il est vrai qu’en Seine Maritime, des frères et des sœurs d’Eglises évangéliques ont vu leur culte perturbé par des agressions verbales ou leur salle de culte taguées. Il est manifeste que les islamistes voudraient susciter une hostilité ouverte entre chrétiens et musulmans.

Alors, aller à au culte, c’est résister, Emmanuel Valls a raison, mais il ne sait pas à quel point. Car la résistance à Daesh et à leur projet de « frapper des chrétiens sur une terre perçue comme chrétienne, pour nourrir la peur et mieux exacerber la méfiance et l’hostilité vis à vis des musulmans de France. Avec l’espoir qu’ils finissent par se retourner, un jour, contre la République » (R. Poujol), s’inscrit dans un modèle de résistance, bien plus vaste.

En effet, résister à ce projet de haine et de meurtre, cela ne consiste pas à adopter un identitarisme de façade, une attitude de bravade. C’est dans notre identité chrétienne que nous devons puiser des forces. Dans cette identité, nous redécouvrirons qu’aller au culte, aller entendre la Parole de Dieu, aller faire communion, dans l’écoute, dans le chant, dans la prière avec des frères et des sœurs, ça a toujours été résister.

Résister d’abord à notre rythme de vie, voire à notre paresse : au matin de notre jour de repos, sans que rien ne nous y oblige, nous donnons une heure (sans compter le temps du transport). Il est bon que le culte ne soit plus du tout une obligation sociale, qu’il ne s’inscrive plus dans la routine de notre semaine : nous pouvons voir à quel point ce lever du dimanche matin est significatif.

Résister ensuite au monde qui nous entoure : nous venons au culte pour nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Or, face aux discours de notre société, à nos propres discours, cette Parole est subversive, l’amour de Dieu s’élève contre nos logiques de haine et de vengeance, la grâce de Dieu s’élève contre nos logiques de rétribution et de jugement, l’espérance de Dieu s’élève contre notre cynisme et notre fatalisme. Le Dieu de vie s’élève contre toutes nos logiques de mort.

A leurs moqueries, à leur haine, nous résisterons. Nous répondrons par l’amour et par la prière. Ils verront alors que notre force n’est pas celle du monde, que l’Esprit qui nous anime est le souffle d’amour qui donne la vie et non pas le vent de la violence qui charrie la mort.

Eric GEORGE

 

 

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