Editorial de mars 2015 : Pâques – le début d’une aventure !

Pâques ! Le 5 avril*, nous fêterons Pâques. C’est un peu l’autre grande fête chrétienne, avec Noël. À Noël, on commence par manger des chocolats quatre semaines avant – l’Avent. Pour Pâques, on dit de ceux qui s’abstiennent de manger des chocolats le mois qui précède, qu’ils font Carême. À Noël, il y a les cadeaux. À Pâques, si l’on a de la chance, on repartira avec un œuf dur, et encore. À Noël, on célèbre la naissance d’un petit garçon il y a vingt siècles – c’est concevable, on s’y retrouve tous. Mais pour ce qui est de Pâques… c’est là que les choses sérieuses commencent.

Avant d’être une fête, Pâques est un événement. Jésus de Nazareth est mis à mort dans des conditions ignobles, mais on retrouve son tombeau vide. Pour ses disciples, il est toujours vivant, il est au milieu d’eux. Il s’est relevé d’entre les morts : il est ressuscité.
Un événement historique, car il s’agit d’une histoire de chair et de sang, dont la mémoire se transmet au fil des générations. Surtout, un événement-clé, qui permet de découvrir le sens de l’histoire de l’humanité, et le sens de notre propre existence dans le monde.

J’ai longtemps pensé que si Pâques prenait un ‘s’, c’était parce qu’elle réunissait dans une même célébration l’esprit de la Pâque juive et la Passion des chrétiens. J’ai finalement appris qu’il ne s’agit que d’une question de distinction, assez tardive, des deux termes, qui partagent la même racine latine, pascha…
Laissons de côté le latin, et ne faisons pas de distinction : les pâques, qu’elles soient juive ou chrétienne, avant même d’être des fêtes du calendrier, sont avant tout l’affirmation d’une victoire. Noé a survécu au déluge, Joseph a été tiré de sa citerne. Les Hébreux ont été libérés de la domination des Égyptiens, ils ont franchi la Mer de Jonc. De même, Jonas a quitté le ventre du gros poisson, Daniel a vu le Fils de l’Homme, Jésus a été baptisé, a marché sur les eaux, a traversé les frontières, le voile du temple s’est déchiré, les apôtres se sont évadés de prison… Pâques porte toutes ces mémoires, et les convoque dans le présent de nos vies.

Il s’agit donc d’un message de libération vis-à-vis du mal, du péché, d’un enseignement et d’un cri d’appel : Jésus-Christ nous rejoint dans nos épreuves, il nous soutient, il nous fortifie. Il est la vie plus forte que la mort.

Mais la vie, cela peut signifier bien des choses. Un soigneur dans un zoo, par exemple, pourrait-être enclin à dire que la vie, c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort. Or, que nous dit Pâques de la vie ? La mort et la résurrection du Nazaréen condamnent bien au contraire la prédation, la rapacité et le cynisme. Elles nous montrent plutôt que Dieu est du côté des faibles, à savoir, des humbles, des malheureux, des doux, de ceux qui ont le ventre vide, de ceux qui pardonnent, des cœurs purs, des pacifiques, des persécutés, des humiliés. L’ordre véritable du monde commence alors à se dévoiler. Pâques est alors bien un commencement véritable, le début d’une aventure… le passage aux choses sérieuses !

* Le 5 avril pour l’Église catholique et les Églises protestantes. L’Église orthodoxe fêtera Pâques le 25 avril.

Guilhem RIFFAUT

 

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