Prédication du 23 aout 2015 sur Jean 6 60-71

Et vous ne voulez vous pas partir?

Prédication de Marie Lise Riglet le 23 aout 2015 au temple d’Evreux.
Textes : – Josué 24, 1-18 – Jean 6, 60- 71

Dans ces deux textes le peuple de Dieu est mis en face à un choix : voulez-vous partir ou voulez-vous servir le Seigneur ?
– Dans le livre de Josué le peuple répond comme un seul homme « Nous aussi nous servirons le Seigneur » (v.15). Cela semble facile !
– Dans l’Evangile de Jean, le choix n’est pas si simple pour les disciples, comme pour nous aujourd’hui : « Cette parole est rude, qui peut l’écouter ? »(V.60) Encore pire : certains disciples se détournent, l’un des 12 est un diable ! etc…

Ces textes nous interpellent sur le sens de notre foi. Le plan de la prédication sera le suivant:
1) La foi cela se travaille, et cela s’affirme
2) Nous sommes prédestinés à être disciples, malgré notre péché
3) La foi se nourrit de la Parole de Dieu.
4) En conclusion : Voulons-nous partir ou voulons-nous affirmer notre foi ?

1) Première idée : La foi cela se travaille, et cela s’affirme

Le peuple de Dieu a besoin de réaffirmer sa foi, de la retravailler, aujourd’hui comme au temps de Josué.
La tradition d’Israël connaissait le risque de remise en cause de la foi chez ceux qui se croyaient solides. Elle avait donc instauré les fêtes de renouvellement de l’Alliance.

Pendant la célébration de cette fête, le peuple devait à nouveau s’engager et redire son attachement à Dieu. Il confessait sa foi en affirmant que son Dieu était différent des dieux païens. Le Dieu d’Israël est fidèle à son peuple. Il le suit dans tous les lieux où il se trouve. Le peuple qui accepte de lui être fidèle en sort grandi. C’est le sens de notre culte dominical : louange, affirmation de la foi et lecture de la Bible pour approfondir la parole de Dieu

Le texte de Jean aborde également ce thème de la foi.

Le chapitre 6 de l’Evangile de Jean marque une transition : après des miracles comme la multiplication des pains (1 à 15) et Jésus marchant sur la mer (16 à 25), Jésus nous parle du Pain de Vie (25 à 59) et ensuite de la décision de la foi (60 à 71). On passe de quelque chose de visible et de merveilleux à un enseignement difficile pour les disciples et pour nous-mêmes.

2) Deuxième idée: Nous sommes prédestinés à être disciples, malgré notre péché

Le mal fait partie du plan de Dieu :

Nous sommes interpellés par cette lecture. Des disciples s’en vont, et Judas reste. Jésus ne le chasse pas ! Jésus sait, depuis le début, que des disciples s’en iront et que Judas le trahira, mais il l’assume afin que sa mission soit accomplie.

Dieu peut se rendre présent dans l’humanité pécheresse et imparfaite. Le plan de Dieu peut se réaliser malgré les trahisons, les erreurs. C’est une bonne nouvelle pour nous !

Il y a quelques années, l’«Évangile de Judas », écrit prétendument par celui-ci, a été trouvé. Ce texte présente les choses vues sous un angle différent des 4 Évangiles de nos Bibles. Judas se serait dévoué sur l’ordre du Christ pour le faire arrêter par les Romains afin qu’il accomplisse sa mission. Il aurait accepté de jouer un rôle alors qu’il savait que cela le ferait rejeter… Il se sacrifie en quelque sorte, renonçant à sa propre image, et à lui-même pour servir le Christ.

Ce texte peut nous sembler douteux, ou provoquant. On ne peut conclure sur sa véracité… Mais il a par contre le mérite de souligner que Judas et le mal font partie du Salut.

Nous sommes prédestinés à être disciples :

Cela apparait notamment dans les versets :
65 « Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père » et aussi
70 « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? »

Jésus le dit aux 12 : Il les a choisis, et ils ne peuvent venir à lui que par la grâce du Père. Nous ne devenons disciples ni par hasard, ni par notre mérite. C’est rassurant ! C’est rassurant aussi de voir que Jésus a appelé tous les douze, y compris Judas, tous les disciples, y compris ceux qui ne sont pas restés. Jésus offre une chance à tous.

3) Troisième idée : La foi se nourrit de la Parole de Dieu.

Beaucoup de disciples s’en vont et Jésus est triste et déçu. Mais il en reste quand même quelques-uns pour lui faire confiance, ce que Pierre explique avec ce cri du cœur : « Seigneur, à qui d’autre irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ! » (v.68). Ces mots laissent supposer que l’idée de partir lui est venue, comme aux autres. Il ne dit pas à Jésus  » C’est hors de question de te quitter ! Nous n’y avons pas pensé une seule seconde ! »
Mais Pierre donne une raison négative de ne pas abandonner Jésus : « à la limite, nous partirions bien… mais nous n’avons pas trouvé mieux !… »

Cela nous encourage : même les apôtres de Jésus ont eu des moments de profonde hésitation. Cela n’a pas empêché Jésus de dire à Pierre qu’il était le rocher sur lequel serait fondée l’Église…

La réponse de Pierre n’est pas si négative que ça :
– Il a au moins compris que l’on ne peut pas vivre sans foi.
– Il a reconnu en Jésus les paroles de Vie éternelle !
– Il croit non pas à cause des miracles, mais à cause des paroles de Jésus.

Pierre a raison. Il faut se nourrir d’un idéal vivant, d’une parole, d’un souffle supérieur. C’est ce qu’explique Jésus juste avant : « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair ne sert à rien. Les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et vie. (v.63) »

C’est par la grâce donnée par Jésus que les apôtres vont trouver la force de croire : « C’est pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père » (v.65).

Notre vie biologique, on sait comment l’entretenir. Mais cette vie est temporaire, comme notre corps. C’est l’Esprit qui fait la valeur de l’homme. Il est donc fondamental de chercher cette dimension spirituelle.

Mais où trouver la source de l’Esprit ? Quelle est son origine ? Pierre trouve cette source dans la Parole de Jésus. Nous, nous pouvons la trouver dans la Bible et dans la prière.

4) Voulons-nous partir ou voulons-nous affirmer notre foi ?

Cette question nous est posée aujourd’hui.

Comme le peuple de Josué, nous sommes là ce matin pour renouveler et affirmer notre foi.
Comme les disciples, nous avons des doutes, des révoltes : « cette parole est rude ! Qui peut l’écouter ». (v.60).

Nous pourrions avoir une lecture moralisatrice du texte de Jean : Les mauvais, comme Judas et ceux qui s’en vont, sont prédestinés à la chute. Les bons, comme les apôtres, sont prédestinés à croire ! Et sous-entendu, nous faisons partie du camp des bons puisque nous sommes dans ce temple ce matin ! Honnêtement, nous savons bien que ce n’est pas si simple !

« Et vous ne voulez-vous pas partir ? » : Cette parole de Jésus nous met tous au défi chaque jour. Chaque jour nous pouvons être Pierre ou bien Judas. Choisir de vivre et partager son amour ou bien préférer notre confort personnel et ignorer ceux qui souffrent…

 Oui, nous avons été choisis, mais les occasions de chute sont innombrables.
C’est pourquoi notre foi en Christ doit s’accompagner d’humilité et de remise en question de nos convictions, de notre témoignage, en tant qu’individu ou en tant que membre de l’Eglise.

Une poignée de disciples a écouté les paroles du Christ, parfois sans les comprendre… mais ils ont cru en lui. Quelques années après, ils ont eu suffisamment de tonus pour transformer le monde, malgré leurs difficultés et leurs doutes.

Comme les disciples, nous faisons partie du plan de Dieu : Il connait nos péchés, notre faiblesse, mais il nous a appelés !… Nous cherchons cette vie en Christ. En recevant cette Parole de Dieu nous recevons quelque chose de spécial qui donnera un jour des fruits. Nous avons à notre tour entendu sa Parole. A nous d’y répondre comme Pierre. Nous sommes là ce matin pour témoigner à la suite des apôtres que le Christ a des paroles de vie éternelle !

Nous ne sommes pas très nombreux, alors serrons-nous les coudes entre croyants pour écouter cette parole et pour témoigner. Notre foi n’en est que plus utile !

Pour vivre avec le Christ il faut garder le contact et nourrir cette foi, par la prière, la louange et la lecture de la Bible. Dans les années 2016 et 2017, l’Eglise Protestante Unie nous demande de dire notre foi avec des mots d’aujourd’hui. Profitons de cette occasion pour nourrir et approfondir notre foi par la prière et la lecture des écritures.

Mon frère, ma sœur, chaque jour de notre vie une voix nous dit «N’est-ce pas moi qui vous ai choisis ? », et aussi « Et vous, ne voulez-vous pas partir ?» Rappelons-nous à ce moment-là que nous ne sommes pas seuls ! Jésus nous a voulus pour témoins. Il nous accompagne par sa Parole et son Esprit. Il nous nourrit… et nous permet d’affirmer notre foi, à l’exemple de Pierre et des premiers disciples!

Amen

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