Synthèse du travail de la paroisse d’Evreux sur la bénédiction.

Document envoyé par le C.P. au rapporteurs régionaux sur le sujet « la bénédiction… » avant le synode régional de 2014

La méthode de travail

Après que chaque conseiller ait reçu et lu le numéro double d’Information-Évangélisation, le Conseil Presbytéral à opté pour une consultation de l’Église locale sur le modèle de deux soirées, lesquelles ont été annoncées dans le bulletin en précisant que le thème synodal incluait entre autre la question de la bénédiction sur les couples de même sexe. De plus chacun était invité à faire part au Conseil de ses remarques par courrier s’il ne pouvait se rendre aux deux soirées.

Les deux soirées se sont déroulées selon le plan suivant

1ère soirée

1) Temps d’animation et d’expression personnelle selon une méthode de Sophie Schlumberger (Animé par un ami, diacre de l’Église catholique)

2) Exposé par le pasteur Éric George : La bénédiction, une approche biblique et théologique

3) Échange

2ème soirée

1) Exposé par le pasteur Éric George : La bénédiction, une approche anthropologique et ecclésiologique

2) Échange

3) Temps d’animation et d’expression personnelle selon une méthode de Sophie Schlumberger (Animé par un ami, diacre de l’Église catholique)

 

Ces deux soirées ont été suivies par un conseil entièrement consacré au thème synodal et à la rédaction de cette synthèse.

Une participation restreinte

Une vingtaine de personnes, tous membres très engagés de la paroisse ont participé aux deux soirées. Le CP a reçu deux courriers (l’un émanant d’un participant aux deux soirées) et un renvoi à un article de Caroline Bretonnes (défavorable a la bénédiction sur les couples de même sexe. Il est difficile d’interpréter cette faible participation : désintérêt, peur d’aborder le sujet, … ?

Un avis majoritairement favorable…

A la question préalable «Peut-on bénir les couples de même sexe ?» posée par écrit avant tout débat, une très large majorité des participants aux soirée répond par l’affirmative. Le Conseil Presbytéral, dans une majorité moins large, répond également par l’affirmative.

Ces réponses positives sont motivées par un refus du jugement, une forte volonté d’accueil et une priorité donnée à l’annonce de l’amour inconditionnel de Dieu.

… mais avec des craintes et des réserves…

Ces avis favorables s’accompagnent pour beaucoup d’un réel malaise : peur de division dans l’Église ainsi que malaise vis à vis de l’homosexualité («intellectuellement, je ne vois pas d’opposition mais quand même je suis gêné» ou bien «ce n’est pas ma culture, mon éducation mais je ne peux pas juge»)

Toujours parmi ces avis favorables s’expriment également un certain nombre de réserves quant à la filiation (portant aussi bien sûr les méthodes que sur l’éducation d’enfants par des parents de même sexe)

Les oppositions exprimées

Des oppositions se sont exprimées de trois manières différentes

Les couples de même sexe étant par nature inféconds, ils ne peuvent pas fonder de famille, il n’y a donc pas lieu de bénir un mariage qui n’en est pas un.

L’homosexualité va contre l’ordre naturel, l’Église n’a donc pas vocation à la bénir ni de la placer au même niveau que l’hétérosexualité.

La bible condamne les pratiques homosexuelles qui sont ressenties comme sale et choquantes. Il est donc impensable de bénir des couples de personnes de même sexe.

De plus, le coup que porterait une bénédiction des couples de même sexe aux dialogues œcuméniques a été évoqué (même si la nécessité d’une parole indépendante de l’ÉPUdF a été rappelée ainsi que certaines de nos positions qui gênent déjà les Églises catholiques ou évangéliques)

Les opposants ont tous souligné leur refus de l’homophobie et l’importance d’aimer et d’accueillir les personnes homosexuelles.

Un thème synodal critiqué

Il convient également de dire que le choix du thème synodal a suscité un certain nombre de réactions

– Tout d’abord, le débat a été vécu par beaucoup comme une prolongation ou une conséquence du débat autour de la loi du Mariage pour tous. Si la possibilité ou l’impossibilité de bénir des couples de même sexe est indépendante de la loi française, il aurait été plus clair d’avoir ce débat plus tôt ou plus tard

– Le sujet de la bénédiction comme angle d’approche, s’il a été défendu par le pasteur (comme conforme à notre tradition protestante de lire la Bible à la lumière de l’Évangile de Jésus-Christ), a été ressenti par certains comme une manière de «noyer le poisson».

– Malgré un rappel du fonctionnement synodal et du rôle des rapporteurs, certains ont trouvé le numéro d’Information Évangélisation très orienté et ont eu l’impression que la décision était déjà prise en haut lieu.

Quelques pistes pour aller plus loin

Les discussions et réflexions autour de la bénédiction ont toutefois permis l’ouverture d’un certain nombre de pistes

– la nécessité de rappeler ou de rediscuter la manière dont notre Église conçoit le couple et peut être aussi celle de notre rapport à l’Écriture.

– la question de nos formules de bénédiction et notamment la différence entre l’affirmation de la bénédiction et la demande de bénédiction. En effet, si nous croyons et affirmons que Dieu bénit les individus, sommes-nous certains qu »il bénit tous les projets humains ? Ne devrions-nous pas demander la bénédiction de Dieu sur les couples plutôt que l’affirmer ?

– le débat a l’extérieur de notre Église locale semble beaucoup tourner autour de l’idée que la bénédiction est un «oui» de Dieu. Il nous parait important de rappeler que la bénédiction est aussi le don d’un cadre, d’une loi. En effet, nous ne bénissons pas tous les couples, mais ceux qui s’engagent dans la société par leur mariage. Bénir, ce n’est pas seulement témoigner du oui inconditionnel de Dieu, c’est aussi appeler à une responsabilité, à une manière de vivre.

En conclusion

C’est un débat difficile qui s’est engagé dans notre Église. Nous voulons témoigner que dans notre Église d’ Evreux, les tensions ont été dues avant tout à la peur de blesser l’autre, celui qui ne pense pas comme nous. C’est une peur positive parce qu »elle dit la fraternité. Pourtant cette peur ne nous a pas conduits à taire nos opinions, à cacher nos divergences, elle n’a pas empêché le courage des convictions personnelles.

Le diacre qui a animé le débat nous confiait : « je ne pense pas qu’un tel débat aurait pu avoir lieu de manière si sereine dans mon Eglise. »

 C’est dans ce souci de l’autre et dans ce courage de la conviction et de l’écoute que nous souhaitons que ce débat se poursuive, ici à Evreux et dans toute l’Église Protestante Unie. Que Dieu nous garde dans un esprit de fraternité et qu’Il nous aide dans notre recherche de sa volonté.

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