1 Corinthiens 12, 3-13 – Le Saint-Esprit, ce grand inconnu

Aujourd’hui, en ce dimanche de Pentecôte, nous célébrons la venue du Saint-Esprit sur les disciples cinquante jours après la résurrection de Jésus. C’était à l’occasion d’une des trois fêtes juives annuelles : la fête des Récoltes, qui était aussi appelée la fête de Pentecôte, et c’est ce nom que la tradition chrétienne a gardé.

Mais ce Saint-Esprit que nous fêtons aujourd’hui, que savons-nous de lui ? Il faut bien reconnaître qu’il n’est pas facile d’en parler. D’ailleurs, même les Ecritures ne sont pas prolixes à son sujet. Dans le Nouveau Testament, on trouve pour l’évoquer juste quelques images : l’image du vent, l’image du feu. Le vent et le feu ont ceci en commun qu’ils sont insaisissables.

Et puis on trouve aussi une image qui nous vient de l’apôtre Paul. Paul aborde lui aussi le Saint-Esprit. Il l’aborde à sa manière, dans ce passage adressé à l’Eglise de Corinthe.

Mais d’abord, dans ce passage, Paul nous dit une chose assez inhabituelle sur le Saint-Esprit. Pour lui, le Saint-Esprit rend possible une chose qui n’est pas la première à laquelle nous penserions : Sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. ». Oui, le Saint-Esprit permet d’abord une confession de foi.

Bien sûr, il ne s’agit pas pour nous les croyants, de juste prononcer des mots, mais de les prononcer en y adhérant totalement, de prononcer une confession de foi qui exprime notre nature profonde. Car le Saint-Esprit nous donne l’intelligence, la compréhension, de tout ce qui concerne la personne de Jésus-Christ.

Oui, chaque fois que nous les croyants nous parlons du Christ avec justesse, le Saint-Esprit est présent, il est à l’œuvre, mais dans la plus grande discrétion, cette discrétion qui lui est inséparable et qui rend si difficile tout discours sur lui.

Et puis le Saint-Esprit, comme le vent ou le feu, se reconnaît par ses effets. L’apôtre Paul mentionne les dons de la grâce, les fonctions dans l’Eglise et les activités. Et il attire notre attention sur leur variété, leur diversité.

Le Saint-Esprit se reconnaît à ses effets, et ses effets sont respectueux de la diversité. Dans l’Eglise, il y a des aptitudes différentes, des fonctions différentes, des activités différentes. Toutes sont nécessaires.

Avez-vous réfléchi à toutes les activités diverses qui sont mises en œuvre même dans une petite paroisse comme la nôtre ? C’est pour cela que les tâches nécessaires à la bonne marche de l’Eglise ne doivent s’épuiser et s’appauvrir en reposant sur quelques personnes seulement.

Et l’apôtre met ces aptitudes, ces fonctions et ces activités en relation avec les trois personnes de la Trinité. Oui, il y a une diversité d’aptitudes, de fonctions et d’activités dans l’Eglise, mais elles ont une origine commune, une origine trinitaire : l’Esprit saint, le Seigneur Jésus et Dieu le Père, qui sont ici mis sur le même plan, en constituent la source. Oui, dans l’Eglise, tout a une même origine : tout a pour origine Dieu, qui donne l’Eglise sa cohérence.

Et si les aptitudes, les fonctions et les activités ont la même origine, elles ont aussi le même but : ce but, c’est le bien de tous.

Alors, pour bien faire comprendre cette pensée, l’apôtre nous donne une autre image que celle du vent ou du feu : l’image du corps humain, en ce sens que les parties du corps sont différentes les unes des autres et appartiennent néanmoins à un ensemble cohérent.

L’unité n’est pas l’uniformité. C’est pareil pour l’Eglise : pour fonctionner de manière cohérente, elle a besoin de tous ceux qui la composent, c’est-à-dire chacun de nous qui sommes tous différents les uns des autres 

Et ce qui est au fondement de cette unité, c’est l’amour de Dieu pour nous et qui nous relie les uns aux autres dans l’harmonie. L’amour permet que cette diversité ne débouche pas sur la division et le rejet de celui qui est différent de nous, parce que c’est Esprit saint est un Esprit d’amour.

Oui, l’Esprit saint est le grand facteur d’unité et en ce sens il ne peut jamais servir de prétexte pour les scissions et les ruptures de toutes sortes.

Malheureusement, il nous arrive d’entendre des chrétiens prendre le Saint-Esprit en otage pour justifier des scissions et des ruptures de toutes sortes. Mais non : le Saint-Esprit est là quand l’unité s’approfondit, pas quand elle se délite.

Il n’est pas surprenant que ce soit à Corinthe, une ville où le paganisme dominait, que l’apôtre Paul ait eu à rectifier la conception que les chrétiens du lieu se faisaient du Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit ne nous contraint pas, il ne parle pas à l’impératif, il ne nous donne pas des ordres : il illumine notre entendement, parce que, selon les mots d’Edith Stein, il est plus intérieur que notre être le plus intime, et en même temps il est l’espace qui enveloppe notre être et le garde en lui.

Oui, le Saint-Esprit illumine notre entendement. Ce faisant, il nous responsabilise en nous rendant libres, libres de toutes les charges qui pèsent sur nous, et aussi à toutes celles que nous faisons peser sur nous-mêmes.

Mais comment le reconnaître quand il nous parle ? Comment savoir si ce que nous comprenons vient bien de lui ?

Le discernement relève d’un apprentissage, ce qui demande du temps. Cependant, nous pouvons avancer quelques pistes.

D’abord, le Saint-Esprit ne se confond jamais avec le croyant, il s’en distingue toujours, il représente toujours une altérité et détache le croyant de sa propre subjectivité. Le Saint-Esprit empêche que nous nous regardions nous-mêmes et attire toujours notre attention Jésus-Christ seul.

Ensuite, le Saint-Esprit est respectueux de la diversité, qui n’empêche pas l’unité, dans la mesure où le Saint-Esprit est un Esprit d’amour.

Amen.

Bernard Mourou

 

Contact