Hébreux 12, 1-4 – Celui qui fait naître la foi et la rend parfaite

Ce matin, nous avons eu la joie de baptiser Débora et Christina. Pour nous, protestants, le baptême est le seul sacrement que nous pratiquons, avec celui de la sainte Cène.

Le baptême est un sacrement, cela veut dire que le baptême est un signe, un signe dont le but est de rendre visible une réalité spirituelle invisible.

Le baptême de Débora et de Christina est le signe visible de la grâce de Dieu à leur égard ; en demandant le baptême de Débora et de Christina, leurs parents ont voulu leur donner un signe de l’amour de Dieu pour elles.

Et c’est un signe fort, parce que baptiser un enfant, c’est souligner que le baptême est une grâce reçue de Dieu ; baptiser un enfant, c’est montrer que cette grâce ne dépend pas de nous ; baptiser un enfant, c’est affirmer que cette grâce n’est pas le résultat de nos capacités intellectuelles ou de la force de notre volonté ; baptiser un enfant, c’est dire au monde entier que quiconque peut trouver sa place dans l’Eglise.

Oui, baptiser un enfant, c’est annoncer que ce qui est premier dans notre vie chrétienne, ce n’est pas notre décision consciente ou notre bonne volonté : on ne peut pas décréter un jour de croire, on ne peut pas dire un jour : Aujourd’hui, je décide de croire ; non, cela ne marche pas comme cela : nous ne sommes pas les auteurs de notre salut.

Notre foi n’a pas son origine dans notre tempérament ou nos bonnes dispositions. Les émotions et les bonnes intentions, en elles-mêmes, ne sont pas à mépriser, en tant qu’elles sont des conséquences de la foi.

Mais la foi elle-même, c’est autre chose que des émotions ou de bonnes intentions. La foi ne prend pas son origine en nous, mais dans la seule grâce de Dieu. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas perdre la foi, on ne peut perdre que la conscience qu’on a de sa foi.

Oui, ce qui est premier, c’est l’amour de Dieu à notre égard. Cet amour permettra à Débora et à Christina de grandir et de s’épanouir dans la liberté et dans la joie ; cet amour donnera à Débora et à Christina les meilleures chances de vivre une vie riche et pleine.

Le baptême, ce n’est qu’un peu d’eau. Pour autant, le baptême n’est pas un acte anodin ; le baptême est un acte qui engage. Mais avant d’engager Débora et Christina, il engage ce matin leurs parents, leur marraine, et nous tous ici rassemblés, qui en sommes les témoins. En effet, en baptisant Débora et Christina ce matin, nous avons exprimé un espoir ; notre liturgie le dit bien : Ce sera notre joie qu’elles confessent un jour que Jésus-Christ est le Seigneur.

Nous avons cet espoir que Débora et Christina s’approprieront un jour l’héritage spirituel qui leur aura été confié, l’héritage spirituel qu’elles auront reçu de leurs parents et de l’Eglise ; nous avons cet espoir qu’un jour, pour elles, la foi chrétienne ne sera plus seulement la foi de leur parents ou la foi de leur Eglise, mais que cette foi deviendra leur foi à elles. Leur foi personnelle.

Et cela ne pourra se faire que si elles entendent parler de Jésus-Christ, à la maison et dans l’Eglise, parce que notre foi – le passage de l’épître nous le dit clairement – notre foi repose entièrement sur Jésus-Christ, en tant qu’il est l’initiateur de la foi et il la mène à son accomplissement. C’est la traduction de la TOB ; c’est elle que j’ai lue tout à l’heure.

En grec, les termes employés suggèrent que Jésus est à l’origine et à la fin de la foi. On pourrait dire qu’il est l’alpha et l’oméga de la foi, ou encore qu’il la prend en charge de A à Z, du début à la fin.

D’autres versions sont intéressantes aussi ; la version Segond a cette expression un peu vieillie : le chef et le consommateur de la foi, au sens où l’on dit d’un artiste qu’il est un artiste consommé quand il a atteint la perfection de son art ; des versions plus modernes disent que notre foi dépend de Jésus du commencement à la fin, ou encore que c’est lui qui fait naître la foi et qui la rend parfaite.

Dans ce texte de l’épître aux Hébreux, il y a cette idée que Jésus est à la source de notre foi et qu’il la maintiendra jusqu’au bout ; il la suscite et il la soutient ; il en est responsable.

Et c’est Jésus qui, tout au long de notre vie, nous accompagne sur le chemin de la foi, c’est lui qui nous aide à surmonter les difficultés du chemin, c’est lui qui nourrit lui-même notre foi et qui la conduit à maturité.

Ce n’est pas nous qui produisons notre foi, mais c’est Jésus qui la produit en nous ; nous, notre rôle consiste simplement à répondre, à accueillir ce qui est déjà là, et aussi à savoir saisir les occasions providentielles qui pourront développer notre foi, c’est tout. On ne fait pas pousser plus vite un arbre en le tirant vers le haut, on ne peut que le déraciner…

Oui, il ne s’agit que de recevoir, et c’est cela le point essentiel, parce qu’ainsi le croyant peut attribuer tous les bienfaits qu’il reçoit non pas à lui-même, mais à Dieu, et alors il le glorifier pour cela comme il convient. A Dieu seul revient toute la gloire, en toutes choses.

C’est vrai pour nous ; c’est vrai aussi pour Débora et Christina. Et finalement, si un jour Débora et Christina confessent que Jésus-Christ est le Seigneur, ce sera parce qu’à travers leurs parents et à travers l’Eglise elles auront pu percevoir justement que leur foi ne prend pas sa source en elles-mêmes, mais en Jésus-Christ.

Pour Débora et Christina comme pour chacun de nous qui sommes réunis ici ce matin, une seule chose est nécessaire : accueillir toujours à nouveau la grâce du baptême que nous avons reçu un jour.

Cette foi de Jésus-Christ les dépassera toujours, comme elle nous dépasse nous aussi, parce qu’elle est au-delà de la conscience que nous en avons. C’est ce qui fait de notre foi un ancrage sûr.

Si un jour Débora et Christina confessent que Jésus-Christ est le Seigneur, c’est qu’elles auront compris qu’une seule chose compte, qu’une seule chose est nécessaire : accueillir cette grâce du baptême. Oui, un jour Débora et Christina auront la possibilité d’accueillir consciemment ce qui leur aura été transmis, et elles pourront alors confirmer leur baptême. Mais avant cela, dès à présent, comme chacun de nous, Débora et Christina ont toute leur place dans notre Eglise.

Amen.

Bernard Mourou

 

 

 

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