Jean 20, 1-9 – Y a-t-il une vie après la mort ?

Ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts…

Y a-t-il une vie après la mort ? C’est une question que tout être humain se posera un jour ou l’autre.

La vie après la mort : certains y croient, d’autres pas. Et parmi ceux qui y croient, il n’y a pas que des chrétiens : beaucoup d’autres religions parlent d’une vie après la mort ; il arrive même que des personnes qui ne s’inscrivent dans aucune tradition religieuse y croient aussi. Quant aux représentations que l’on s’en fait, elles diffèrent d’une personne à l’autre.

Mais pour nous chrétiens, la résurrection, qu’est-ce que cela veut dire ? Retrouver les personnes que nous avons aimées dans cette vie ? Assister à la suppression de tout mal ? Les représentations de cette vie après la mort diffèrent aussi d’un chrétien à l’autre.

Les adversaires des religions disent que si nous nous accrochons à cette idée de résurrection, c’est parce que nous avons le besoin de nous rassurer. Ils dénoncent une illusion. Oui, beaucoup pensent que cette foi dans la vie éternelle n’est que le produit de l’imagination humaine.

Que pouvons-nous leur dire sur la résurrection ? Pouvons-nous affirmer quoi que ce soit sur la résurrection ? Avons-nous des preuves de la résurrection ? La réponse est non : nous n’avons pas de preuves au sens scientifique du terme 

Et pourtant, en tant que chrétiens, nous pouvons tout de même affirmer quelque chose à propos de la résurrection, mais nous ne pouvons pas le faire en mettant en avant des preuves tangibles et évidentes pour tous, parce que c’est seulement par la foi et dans la confiance que nous pouvons parler de la résurrection. Et cette foi, cette confiance, elles s’appuient sur les Ecritures.

Ces Ecritures, elles nous disent que le matin de Pâques, ce matin de la résurrection, Marie de Magdala est venue au tombeau et qu’elle a fait un constat, un constat factuel ; elle a constaté une chose, une seule chose : que la pierre qui fermait le tombeau a été roulé et que le corps de Jésus n’est plus là ; elle a constaté que le tombeau était vide ; elle n’a constaté rien d’autre qu’une absence : aucune preuve tangible, aucune preuve irréfutable, aucune preuve qui s’imposerait à tous.

Et Marie de Magdala ne va pas plus loin que ce constat de la réalité. On a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ! Elle se contente de faire un constat de la réalité matérielle.

Alors, comment est-on passé de ce constat de la réalité à la foi en la résurrection ?

Marie de Magdala n’entre pas dans le tombeau, elle reste à l’extérieur. Puis elle s’empresse d’aller annoncer ce qu’elle a vu à Pierre et à Jean. Son constat de la réalité suffit pour mettre Pierre et Jean en mouvement ; ils viennent en courant, et eux, ils ne restent pas à l’extérieur : ils entrent dans le tombeau ; ils franchissent une étape de plus.

Mais Pierre fait le même constat que Marie de Magdala : il constate l’absence du corps. Seulement lui, il observe plus attentivement : il voit les bandelettes soigneusement pliées et rangées. Cela étant, il n’est pas plus avancé, parce que finalement sa démarche est la même : il part de la réalité observable, de ce qu’il voit.

Oui, Pierre, comme Marie de Magdala, en reste à la réalité observable. Mais la réalité observable ne suffit pas pour les choses spirituelles ; si nous en restons à ce que nous voyons, nous resterons dans le domaine des choses matérielles ; la résurrection n’est pas accessible à nos sens.

Alors, que faire ? C’est là que Jean entre en scène. C’est lui qui va nous emmener plus loin. Pour une fois, ce n’est pas Pierre qui a le premier rôle.  Jean, lui, ne se contente pas de ce qu’il a devant les yeux. Bien sûr, comme les deux autres, il constate lui aussi la réalité matérielle, mais à cette observation de la réalité, il ajoute la foi : Il vit et il crut, nous dit le texte.

Voir et croire. Ce que Jean voit, comme les deux autres, ce n’est qu’une absence, rien d’autre. Mais il croit, et ce qu’il croit, ce n’est pas que le corps a été dérobé, comme l’ont prétendu dès le début les adversaires du christianisme, non, ce qu’il croit, c’est que cette absence renvoie à la résurrection de Jésus.

Avec Jean, il n’y a pas le constat de la réalité tout seul, il n’y a pas non plus la foi toute seule, déconnectée de la réalité, mais il y a l’observation de la réalité associée à la foi : la réalité matérielle plus la réalité spirituelle. Ce n’est pas pour rien si l’Evangile nous présente Jean comme le disciple préféré de Jésus : il a saisi une grande vérité spirituelle.

Alors, nous pouvons affirmer, devant les adversaires du christianisme, que notre foi ne prend pas son origine dans des conceptions illusoires, dans les inventions chimériques de l’imagination. Non, notre foi part de la réalité observable. Simplement, elle n’en reste pas là. Si nous en restons à la réalité observable, nous n’irons pas très loin, nous ne serons pas plus avancés et nous resterons enfermés dans le monde de la matérialité.

Il ne s’agit pas de choisir entre la réalité et la foi : il nous faut tenir les deux ensemble : non pas ou bien la réalité, ou bien la foi, mais la réalité plus la foi.

Et c’est là, lorsque Jean tient ensemble la réalité et la foi, qu’il trouve quelque chose d’inattendu. Oui, quand on met ensemble la réalité et la foi, on peut être surpris, parce que Dieu peut nous surprendre.

En mettant ensemble la réalité et la foi, Jean trouve ce qu’il n’attendait pas, et ce qu’aucun disciple n’attendait : il trouve cette croyance en la résurrection. Le texte nous le dit : Les disciples n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle il devait se relever d’entre les morts.

Ni Marie de Magdala, ni Pierre, ni Jean, ne sont venus au tombeau dans l’intention de trouver quelque chose, mais en venant au tombeau, Jean a trouvé quelque chose qu’il n’attendait pas, et sa vie s’en trouvera changée.

Comme Jean, nous pouvons poser attentivement nos regards sur notre réalité. Mais comme lui aussi, nous sommes encouragés à ne pas nous arrêter là, nous sommes encouragés à aller plus loin et, face à cette réalité, à nous entourer de la confiance qui naît de la foi. Comme Jean nous trouverons peut-être alors l’inattendu de Dieu.

Amen.

Bernard Mourou

 

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