10 mars 2019 – Un combat spirituel – Luc 4, v.1-13 – Philippiens 2, v.5-11 – Ch. Hervaud

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Un combat spirituel

Avec ce texte nous entrons dans le temps du Carême, 40 jours pour cheminer, avec Jésus, jusqu’à Pâques. Avec lui, allons au désert, à l’écart, pour faire silence et être ainsi réceptif à la Parole de Dieu, pour nous placer devant lui, dans une relation intime et lui remettre nos vies, en ayant à l’esprit le cheminement du Christ jusqu’à la Croix. C’est une démarche spirituelle qui a pour but de raviver la foi et de sortir le chrétien de son inertie, de son endormissement en le poussant à abandonner sa routine quotidienne. Le Carême peut être un temps de conversion où nous jeûnons, au sens figuré, de nos tentations et où nous repartons, renouvelé. C’est l’Esprit saint qui nous attend au désert, c’est lui qui nous y emmène, comme il y a poussé Jésus.

Dans le vide de ce lieu, Jésus va lutter avec l’esprit du mal.

Par 3 fois, il va devoir répondre aux provocations du Diable, qui veut le séduire par la tentation de prouver qu’il est Fils de Dieu.

Par 3 fois, Jésus va détourner de lui la tentation de vivre en tant que Dieu, de montrer sa puissance divine et de quitter son humanité. Lui, il est le Fils de l’homme, c’est toujours de cette façon qu’il se présentera.

Et c’est un titre bien supérieur à celui de Fils de Dieu, même si nous pensons que le mot homme pourrait dire le contraire. Jésus ne se nommera jamais Fils de Dieu lui même, mais toujours Fils de l’Homme. Il va se soumettre à la volonté de son Père qui a fait de lui un homme vivant parmi les hommes.

Il n’a pas voulu utiliser sa divinité comme le lui demandait le diable. S’il l’avait fait, il n’aurait pas continué sa vie d’homme.

Dans l’épître aux Philippiens, nous lisons que Jésus a renoncé à vivre en tant que Dieu sur terre. C’est en tant qu’homme qu’il est venu pour révéler aux hommes leur dimension spirituelle. Lui même, rempli de la présence du Père, sera mis en face des tentations humaines, et pas seulement dans cet épisode du désert, mais tout au long de sa vie. Il va vivre sa pleine humanité et nous montrer par son enseignement et ses actes allant jusqu’à la mort que tout homme peut, comme lui, vivre sa pleine spiritualité, s’élever et vaincre le mal qui est tapi à sa porte. Ce texte nous donne à voir la relation du Fils à son Père, où la Parole du Père remplit la vie du Fils.

Par 3 fois, donc, Jésus va répondre au diable par : il est écrit. Les Ecritures, parole de Dieu sont un rempart contre le mal. Jésus, parce qu’il est imprégné des Ecritures , peut se protéger du mal.Luc de cette façon, nous encourage, nous aussi à faire de la Parole de Dieu notre pain quotidien.

Jésus est conduit par l’Esprit saint à quitter sa propre gloire de fils de Dieu. En venant vivre comme un homme sur notre terre, il renonce à sa propre autorité et à l’adoration qu’on lui doit en tant que Dieu. Il le montre quand il dit que c’est seulement devant Dieu, le Père, que l’on se prosterne et que lui même n’adore que Dieu seul.

Devant toute forme d’adorations que pourraient être les nôtres, Luc nous avertit de ne pas y céder, mais de nous tourner vers Dieu si nous sommes tentés dans ce sens, chaque fois que nous sentons l’emprise du monde.

Une dernière fois le Diable met Jésus au défi de montrer sa puissance divine et Jésus refuse de nouveau de rentrer dans son jeu. Cette demande que lui propose le diable serait un acte inconsidéré dont le but ne serait que celui de satisfaire sa supériorité de fils de Dieu.

Dans ces 3 formes de tentation, jésus aurait été sa propre idole, se prouvant à lui même qu’il est l’égal de Dieu.

Jésus a gagné ce combat spirituel par la grâce de Dieu, dont il a eu lui même besoin, comme nous tous.

Avons nous conscience de ce que ce combat a signifié pour Jésus et de ce qu’il signifie pour nous ?

Sa divinité était à sa disposition mais il l’a écarté de lui. C’est une leçon pour nous aussi que de nous éloigner de cette convoitise de nous servir de Dieu, plutôt que de le servir.

C’est en vivant sa pleine humanité et sa pleine spiritualité que Jésus ira jusqu’au bout de son chemin, jusqu’à la croix.

Jésus ne force pas le destin, il refuse sa puissance divine et c’est un acte volontaire, afin de rentrer dans la volonté du Père.

Ce combat spirituel, Jésus l’a « gagné » pour nous.Et il nous dit ainsi que ce n’est pas le diable qui a le dernier mot mais Dieu lui même même si nous constatons, dès le début de ce récit que le diable règne sur la terre.

Oui, l’esprit du mal est bien présent autour de nous et en nous et nous, et il veut nous détourner de la foi en Dieu.

Mais nous sommes enfants de Dieu, nous aussi, nous sommes, par la grâce de Dieu ses fils et ses filles. Et nous cherchons à vivre comme tel parmi nos frères humains.

Reconnaissons avec fierté que Dieu nous accueille comme ses fils et ses filles. Il nous a donné le même esprit que Jésus-Christ, et nous pouvons être vainqueurs du mal.

Grâce à cette relation intime que Dieu nous offre de vivre avec lui, il nous est possible de ne pas laisser nos tentations nous dominer. Chaque dimanche, nous disons cette prière du « Notre Père » à Dieu et nous demandons : Ne nous laisse pas entrer en tentation . Nous savons bien que ce n’est pas l’esprit de Dieu qui nous tente, mais l’esprit du mal, et que jamais Dieu ne veut nous laisser entrer dans une tentation. Peut être faudrait il changer ce verset en disant : ne permets pas que je sois tenté ou ne laisse pas la tentation dominer mon être intérieur.

Car toute tentation est humaine.

Nous sommes traversés par des désirs et des impulsions que nous refoulons en nous. Chez les uns, c’est le désir de posséder, chez les autres le besoin de tout savoir ou de tout contrôler ou encore d’utiliser les autres à nos fins. Le fait que ces tentations existent et qu’elles peuvent se trouver en nous, nous dérangent. Pourtant il faut bien l’admettre.

Mais si la tentation est en nous, la force de Dieu y est aussi.
Luc nous le dit bien : en Jésus nous avons Dieu avec nous.
Si nous trébuchons et nous tombons, si nous nous égarons et perdons le chemin, Dieu est toujours là pour nous relever, nous soigner, nous remettre debout et pour continuer avec nous.

Quand nous sommes reliés à Dieu, avec son esprit en nous , nous trouvons la force de résister, et de vivre.Dieu ne nous demande pas l’impossible.

Par Jésus, nous sommes vainqueurs du mal.

Amen.

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