24 février 2019 – Quelle mesure pour l’amour ? – Luc 6, v.27-38 – Ch. Hervaud

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Quelle mesure pour l’amour ?

Ce texte de Luc fait partie du sermon dans la plaine et il fait suite aux Béatitudes qui exhortaient les disciples à vivre le bonheur des enfants du Royaume.

Maintenant, Jésus s’adresse à tous, car il y avait là une foule nombreuse qui l’écoutait.

‘Aimez vos ennemis’, voilà comment débute le discours de Jésus.

De l’amour – agapeo, Jésus a beaucoup parlé : du 1er commandement’ Aime ton prochain comme toi même’ ‘Aimez vous les uns les autres ‘, mais il n’était pas le seul et il ne l’a pas été par la suite non plus, à parler d’amour. L’amour non pas comme un sentiment, une émotion, mais comme volonté, reconnaissance et respect de l’autre. C’est tout le sens du mot agapeo , en grec ou ahav en hébreu.

Beaucoup de religieux, de théologiens, ou de simples humains, mettaient l’amour au centre de leur vie.
Mais de quelle façon ?

Aimez vos ennemis, est le sommet de l’amour. Jésus est le seul à introduire l’amour des ennemis. C’est l’amour au dessus de l’amour. Jésus nous invite à porter son regard – un autre regard que celui que nous avons en tant qu’humain qui souhaite un retour, une égalité, une réciprocité dans l’amour. C’est ainsi que nous sommes faits et chacun de nous peut bien le comprendre que nous avons besoin d’être aimé et que nous attendons l’amour en retour de celui que nous donnons.

Il faut noter que quand Jésus dit d’aimer nos ennemis, il parle de ceux qui nous considèrent comme ennemis et non de ceux que nous considérons comme nos ennemis. La nuance est d’importance car elle signifie que nous ne sommes pas ennemis, avec d’autres, en tant que disciples du Christ. Ce sont les autres qui nous désignent comme ennemis et que jésus nous commande d’aimer en agapé donc avec la volonté de les aimer avec respect.

S’ensuit la pratique de l’amour pour ceux qui nous détestent, nous maudissent et nous injurient : quelles consignes jésus  nous donne ?
Il s’agit de renverser l’attitude du monde en faisant du bien, en disant du bien (c’est à dire bénir) et en priant .

Et d’une façon encore plus pratique : présenter sa mâchoire (et non sa joue) , il s’agit donc d’un coup de poing et non d’une gifle, donner sa tunique quand on prend son manteau, c’est se dénuder totalement.

Jésus met la barre très haute, trop haute , pensons nous ?

Bien- sûr que nous le pensons ! Et que nous estimons qu’il nous sera impossible d’agir ainsi.

Oui, sur la terre c’est vrai, mais nous ne sommes plus des terriens, nous sommes ‘dans les cieux’, nous sommes citoyens d’un autre royaume.

Jésus nous invite à considérer la réalité nouvelle dans laquelle nous sommes dès que nous lui donnons notre confiance. Et nous sommes appelés à agir comme faisant partie du royaume de Dieu.

Jésus demande aux disciples que nous sommes, une profonde transformation intérieure.

La loi du talion est révolue : œil pour œil / dent pour dent, non seulement la haine et la violence, mais également cette demande de réciprocité dans l’amour que nous désirons-réclamons, à juste titre selon nous.

La fameuse règle d’or : ‘faites aux autres, ce que vous voulez qu’ils vous fassent ‘, nous paraît déjà placé l’amour bien haut. Jésus pourtant nous demande de nous démarquer de cette notion de réciprocité pour aller ailleurs que dans cette morale confortable.

Aimer nos ennemis nous entraîne vers un amour sans demande de réciprocité, c’est un amour sans calcul. Donner de l‘amour, même si nous savons que nous ne serons pas aimés. Aimer ainsi c’est reconnaître que nous avons accepté l’amour 1er, de jésus et sa grâce totale.

Alors, est ce que je peux y arriver, se dit on ?

Oui, si notre amour a pour fondement ce regard du Christ sur nous. Un regard rempli de miséricorde. Nous n’aimons pas trop ce mot, c’est pourtant celui là qui est utilisé dans le texte même si la NBS, que j’ai lu, a préféré traduire : magnanime. Miséricorde a pour nous, une résonance de pitié, quelque chose de misérable parce que il a beaucoup été utilisé par l’église catholique, à mauvais escient, pendant longtemps . Pourtant, le sens du mot miséricorde est celui ci : une bonté qui incite à l’indulgence et au pardon envers une personne coupable d’une faute et qui s’en repent. La miséricorde est une forme de compassion pour la misère d’autrui qui, par extension, peut définir une générosité entraînant le pardon, l’indulgence pour un coupable.

La miséricorde, c’est plus que la simple générosité. Elle est la mesure de la surabondance de la grâce de Dieu. Jésus nous demande qu’elle soit l’origine et le but de notre existence.

Voilà de quelle mesure Jésus nous demande d’aimer nos ennemis : la surabondance.

Aimer gratuitement, sans rien recevoir, en laissant déborder sans mesure notre générosité qui dépasse tout calcul.

C’est parce que notre Père est généreux pour tous, pour ceux qui nous considèrent comme amis autant que pour ceux qui nous considèrent comme ennemis, que Jésus nous dit de continuer dans cette voie – la voie par excellence.

Nous prions :

Notre Dieu, Notre Père,
Nous te remercions d’avoir ouvert pour nous et en nous la voie de l’amour.
Nous savons que nous sommes si petits devant toi et devant cette exigence.
Mais nous voulons apprendre à aimer nos ennemis autant que nos amis.
Nous te demandons de mettre en nous cet amour surabondant que tu as eu pour nous.

Amen.

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