Culte du 3 mai

Jean 10 "Je suis la porte"

 

Épître aux confinés du 3 mai 2020  

 

Chers amis, 

Dans l’évangile de Jean, Jésus se présente sept fois en commençant par « Je suis.. .. ». 

1. « Je suis le Pain »  Jean 6, 35 

2. « Je suis la lumière » Jean 8, 12 

3. « Je suis la porte » Jean 10, 9 

4. « Je suis le bon berger » Jean 10, 11 

5. « Je suis la résurrection et la vie «  Jean 11, 25 

6. « Le chemin, la vérité, la vie » Jean 14, 6

7. « Je suis le vrai cep »  Jean 15, 1 

 

par ici pour une animation pour les enfants autour des 7 paroles de Jésus

 

Ces paroles ont en commun, d’être liées à un enseignement de la part de Jésus à la suite d’un événement. Elles sont symboliques, c’est à dire qu’elles cherchent à donner un sens plus large qui dépasse la situation de l’événement. 

Par exemple: Jésus multiplie le pain (Jean 6) mais, en vérité, ce qui compte, ce n’est pas le miracle exceptionnel du moment, mais de sentir et de voir toute la nourriture spirituelle que donne Jésus en général : « Je suis le pain. »


Pour ce dimanche 3 mai, nous est proposé comme lecture de l’évangile le passage sur la porte. 

 

  • Lecture Biblique :   Jean 10 , 1-10

1 Jésus dit : « Amen, Amen, je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui entre dans l’enclos des moutons sans passer par la porte, mais en grimpant par un autre côté, celui-là est un voleur, un brigand.

2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des moutons. 

3 Le gardien lui ouvre la porte et les moutons écoutent sa voix. Il appelle ses moutons chacun par son nom et les mène dehors.

4 Quand il les a tous fait sortir, il marche devant eux et les moutons le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix.

5 Mais ils ne suivront certainement pas un inconnu ; ils fuiront plutôt loin de lui, parce qu’ils ne connaissent pas la voix des inconnus. »

6 Jésus se servit de cette image pour leur parler, mais ses auditeurs ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

7 Jésus poursuivit : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : moi je suis la porte de l’enclos des moutons. 

8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands ; mais les moutons ne les ont pas écoutés. 

9 Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture.

10 Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire. Moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.

 

Méditation:  A la découverte de ce texte : 

soit par video: 

soit par écrit : 

  • là où ça coince : 

Nous avons partagé la lecture de ce texte à plusieurs personnes et, visiblement sur quelques aspects, ces lignes risquent rester bien fermées et difficiles à aborder. 

« L’image du troupeau est dépassée. Nous ne sommes pas de simples moutons qui trottent bêtement les uns derrière les autres. Où sont notre individualité et notre responsabilité dans cette image ? » 

« Pourquoi une seule porte ? Ceux du dedans et ceux du dehors … ? Une image clivante qui exclut. Où est la tolérance vis à vis les autres ? Que deviennent-ils ? » 

« Si Jésus est la porte, qui est le gardien ? » 

« Ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands…de qui parle-t-on? Est -ce un abandon de tout ce qui était avant, par exemple l’enseignement du Premier Testament ? Comment nous positionner avec ce texte vis à vis la communauté juive ?» 

Je résume les différents malaises de cette façon : ce passage est vite soupçonné de refléter un enfermement sectaire. En passant par la porte qui est Jésus, en devenant chrétien, je tourne  le dos au monde du dehors et aux autres qui ne suivent pas ce chemin. La porte se ferme derrière moi. 

 

  • là où c’est attirant d’entrer : 

En même temps, nous lisons des aspects qui apaisent nos craintes. La porte s’ouvre vers l’extérieur. On appelle les moutons dehors… « pour les faire sortir d’une impasse », faisait remarquer quelqu’un. 

Chacun est connu et appelé par son nom. Nous ne sommes pas des moutons perdus dans l’anonymat de la foule, mais bien reconnus, chacun individuellement. 

  • faisons le tour du terrain avant d’entrer  : 
  • l’enclos : L’expression « enclos » qu’utilise Jean, signifie ailleurs dans la traduction grecque de la bible : « Palais du Grand Prêtre » ou « temple ». La question est donc : où allez vous pratiquer votre foi ?  Par quelle porte entrez vous ? Jean écrit à ses lecteurs en poussant à faire un choix de portes de lieux de culte. 
  • les voleurs et les brigands : Si, au départ, l’enseignement de Jésus arrivait comme une voix du judaïsme, nous sommes, avec Jean, à la fin du premier siècle et un fossé de plus en plus profond se creuse entre les les différents types de fidèles.  Jean situe Jésus parmi les multiples groupes qui cherchent une certaine autorité : les pharisiens par exemple fondent leur autorité sur leur interprétation de la loi. Il y a aussi des groupes militants qui cherchent à acquérir une autorité par des attentats et de la violence. L’expression grecque « brigand » en Jean 10, 1 ressemble fortement aux noms que se donnaient des « zélotes », un groupe militant qui cherchait à convaincre le couteau  et les armes à la main. « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands » ne fait pas allusion à l’enseignement des prophètes ou à des écritures anciennes, mais cherche à donner de l’autorité à la voix de Jésus dans la cacophonie des autorités religieuses diverses du premier siècle. Oui, Jean pousse à faire un choix : parmi les propositions qui sont là, optez pour la voie que propose Jésus. C’est lui le pain, la lumière, le chemin….. 
  • les murs et les portes La nuit, on met les moutons dans un abri, entre des murs pour les protéger pendant le sommeil du berger. La porte qui mène vers l’intérieur est donc là pour protéger, pour accueillir, pour mettre à disposition un lieu sécurisé. La porte qui s’ouvre vers l’extérieur est là pour permettre de vivre, de trouver de la nourriture et de bouger. Nous allons ici juste garder en tête : protection d’un côté et ouverture, ressourcement de l’autre. Et les deux sont liés, ce sont deux pôles de la même réalité.  

 

  • mettons un peu d’huile sur la charnière qui grince et qui nous bloque l’accès au message du texte :

Parmi les premières réactions que j’ai entendues en lisant ce texte avec d’autres, c’était ce malaise devant un discours qualifié de « sectaire », de « clivant », « d’enfermant » de la part de Jean. 

Cette réaction s’explique par notre mémoire : nous vivons dans le souvenir des guerres de religions et de toutes sortes et d’abus commis nom de la foi. Nous avons vu des « gardiens de la porte » (Jean 10,  3) qui se sont servi de leur position pour dire ce que les moutons doivent faire ou pas, croire ou pas… ou peut-être même se remplir les poches au passage. Cette mémoire nous alerte, et c’est bien. Mais ce n’est pas quelque-chose qu’on pourrait reprocher à Jean. Ce n’est pas sa faute si les dérives existent. Il rappelle simplement, mais à juste titre : pour les chrétiens, Jésus, c’est comme une porte à traverser : entrer pour trouver abri auprès de lui. Sortir pour la rencontre avec d’autres et se nourrir. Oui, Jésus est notre chemin, notre pain, la lumière dans l’obscurité… mais ce que cela veut dire et comment l’interpréter, c’est à chaque croyant de le voir sans se le laisser dicter. 

 

  • « La foi qui ne trouve pas sa porte entre par la fenêtre sous forme de superstition »  (Emmanuel GEIBEL (XIXe siècle) 

En préparant cette prédication, je suis tombée sur cette phrase, et elle me parle. Malgré les siècles qui séparent l’auteur du contexte d’aujourd’hui, je partage tout à fait l’observation. Nous avons besoin de portes bien claires et identifiées pour vivre notre foi. 

Je pars du principe que nous avons tous un besoin d’une vie religieuse, d’une quête de foi, de lieux qui nous accueillent pour le faire, d’occasions de ressourcement pour les questions qui nous habitent… 

Quand on nie ce besoin, des idées confuses s’installent et des substituts prennent la place : une passion devient une religion, une conviction, une idéologie, et une certaine façon de faire, une obsession. 

J’observe que des personnes autour de moi qui sont les plus tolérantes et les plus engagées dans l’échange avec d’autres religions ou d’autres convictions, ce sont des personnes qui sont, elles mêmes, passées par une porte précise, des personnes qui pratiquent leur foi dans un lieu identifié, dans une religion concrète et qui y trouvent abri et nourriture. 

Cela leur donne un repère et une sécurité ; cet endroit donne des outils pour construire sa foi, ce qui permet ensuite de se confronter à d’autres positions, de se laisser interroger et aussi, de temps en temps, d’évoluer dans ses idées reçues.

L’aspect très moderne du passage de Jean est pour moi, que le christianisme qui est proposé ici joue à cartes sur table. Jésus ne cherche pas à se glisser dans nos vies incognito ou d’une façon subversive. Mais il s’affiche parmi d’autres, et nous appelle par nos noms : « Christina » , « Olivier », « Françoise » , «Thomas » … viens, entre, sors, entre et sors encore… mais je suis ici et je vous attends. C’est un appel, une invitation.

Un peu plus loin dans l’évangile de Jean, Jésus va dire : 

Jean 14, 2 Il y a beaucoup de lieux où demeurer dans la maison de mon Père. 

 Ce n’est pas l’image de la porte qui va contredire la diversité de nos façons de vivre notre foi. Jean 14, 2 est devenu le verset préféré pour désigner notre union œcuménique au-delà de nos différences. Derrière la porte qui est Jésus, ne se trouve pas un enclos uniforme, mais une maison pleine de chambres ou une cité pleine de demeures bien diverses.  Dans toute la diversité, nous avons en commun de passer par la même porte et de travailler, discuter, nous entraider sous le même toit à partir de la même base. 


Si nous sommes des « moutons », des individus qui franchissent le seuil vers une religion ou un lieu de culte, à la recherche d’un lieu d’abri et de ressourcement, 

n’oublions pas que nous sommes aussi les gardiens de ce lieu ( Jean 10, 3). 

Nous sommes les garde-fous contre les abus et les récupérations, 

nous sommes celles et ceux qui peuvent indiquer le chemin vers la porte,

nous sommes celles et ceux qui doivent veiller à ce que chacun et chacune y trouve sa place pour s’épanouir, 

à nous de nous y mettre pour que communion fraternelle et entraide (cf dimanche 26 avril) y règnent et qu’on n’y « broute » pas bêtement les uns à côté des autres. 


Finalement, la porte représente pour moi, une opportunité, une invitation : Jésus m’invite à découvrir ce que Dieu peut être dans ma vie. Je rends témoignage que cela m’a ouverte à plus d’horizons au lieu de m’enfermer dans quelque chose de définitif et de figé. Je suis reconnaissante envers ceux qui m’ont permis de franchir cette porte. 

 

« Je suis la porte … » dit Jésus.  

Quelqu’un d’entre vous disait : « Je suis sûr que c’est une porte battante, qui ne se referme pas à clé derrière moi. » Je suis bien d’accord avec cela. Alors, ne craignons pas de  passer la porte pour découvrir ce qui se cache derrière…     Amen 

 

musique : paroles, musique et chant Catherine Mennesier  attention : composition faite pour ce culte !!! 

 

 

Prière :   


Seigneur, 

 

nous te prions pour celles et ceux qui sont enfermés dans leurs peurs et leurs soucis, 

sois la porte qui s’ouvre vers des aides et des lieux de ressources. 


Nous teprions pour celles et ceux qui sont enfermés dans leur vérité et leurs habitudes, 

sois la porte qui s’ouvre sur d’autres horizons. 


Nous te prions pour celles et ceux qui errent dans le vide, 

exposés aux tourments de la vie, 

sois la porte qui s’ouvre pour accueillir et pour abriter. 


Nous te prions pour celles et ceux qui cherchent désespérément un sens à leur vie, 

sois la porte vers le grand trésor qui est ton amour. 


Nous te prions pour celles et ceux qui doutent, 

sois celui qui frappe à leur porte. 


Nous te prions pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, 

pour qu’ils trouvent des balisages qui mènent à ta porte. 

Et pour dire un jour , ensemble avec tous les chrétiens du monde, dans toute la diversité, d’une même voix : 


Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
pardonne-nous nos offenses 

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles.  Amen. 

 

Bénédiction ( Psaume 121, psaume dit du pèlerin) 

L’Éternel est celui qui te garde,

L’Éternel est ton ombre à ta main droite.

Pendant le jour le soleil ne te frappera pas,

Ni la lune pendant la nuit.

L’Éternel te garde de tout mal,

Il garde ton âme;

L’Éternel garde ton départ et ton arrivée,

Dès maintenant et pour toujours.

 

musique :   encore une fois avec Catherine Mennessier , cette fois ci avec l’Eden Quartet 

 

Merci à Catherine qui était inscrite pour l’animation musicale du culte aujourd’hui et qui l’a fait sous  conditions de confinement. 

 

 

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