Communiqué sur les réfugiés

Y-a-t-il dans leur vie encore un peu de place pour voir monter du sol et éclore en ce printemps un signe de vie, une vie enfouie jusque-là et pourtant ayant  toujours été cachée mais bien présente aux jours d’hiver ?

Ils sont nombreux sur les routes, dans des camps de fortune ou accueillis dans une famille à espérer rejoindre un jour un avenir meilleur, vide de bruits de guerres, de violences… utopie dans l’actualité de ce monde ? Ou réelle espérance chevillée au corps qui accompagne les longs chemins d’exil et les longues soirées d’attente, espérance qui ne demande qu’à éclore après les jours de galère et d’angoisse.

Ils, les réfugiés, les migrants, les demandeurs d’asile….

Ils, des hommes, des femmes, des enfants.

Ils, celles et ceux qui sont là et que nous ne savons pas toujours comment rencontrer, recevoir, accompagner. Leur présence nous questionne, nous dérange peut-être. Pourtant le Christ nous rappelle que c’est dans le moindre des gestes partagés avec les plus fragiles, et donc aussi avec eux, que nous partageons avec Lui et que nous Le rencontrons.

Le Conseil régional a pris le temps de la réflexion  autour de cette actualité et souhaite porter quelques échos à la connaissance de chacun.

Au sein de notre région, ils ont plusieurs visages, plusieurs histoires, plusieurs espérances car les exils et les exodes sont multiples. Mais ils ont tous les mêmes besoins, un peu de pain, un peu de chaleur, un peu d’amour, un simple regard, une main tendue, une oreille attentive…

Il y a les migrants des bords de la Manche, leur nombre est incalculable, ils sont en tant de lieux de notre littoral du Nord à la Normandie. Ils sont là dans l’espoir de passer vers l’Angleterre pour rejoindre qui un membre de sa famille, qui un avenir présenté comme meilleur… Ils tentent le passage en risquant encore une fois leur vie et parfois la perdent à quelques kilomètres de l’Eldorado espéré alors que le chemin les séparant de leurs origines en comptent des milliers.

Ils sont là de passage sans demande d’installation temporaire ou définitive, sans demande de droits particuliers si ce n’est ceux de vivre dignement et de circuler librement. Ils sont là pourtant dans des conditions inhumaines où la violence est présente, où les fragilités s’ajoutent aux fragilités, où les passeurs exercent leur pouvoir. Ils font malgré eux  la une des actualités parfois de manière caricaturale et  leur présence est souvent instrumentalisée pour exacerber les peurs. Face à eux, la Manche qui ne doit pas devenir une nouvelle Méditerranée.

Il y a aussi les réfugiés-les accueillis, ils sont peu nombreux, 2 syriens à ce jour dans notre région, à Cambrai (parmi la soixantaine d’accueillis selon la Cimade sur les 30 000 que notre pays s’est engagé à recevoir en deux ans) à résider dans un appartement et à être accompagnés par les membres d’une association œcuménique créée à cet effet. Ils ont fui Daech et demandent l’asile. Ils ont suivi les méandres des accords internationaux depuis leur entrée dans l’espace Schengen jusqu’à leur « affectation » à des bénévoles de bonne volonté s’étant fait connaitre comme accueillants potentiels. Ils ne veulent pas aller plus loin. Ils tentent de garder le contact avec leur famille encore là-bas, ils tentent d’y croire mais face aux incertitudes ils commencent à douter, à regretter peut-être le voyage… Ils sont comme sont tous les réfugiés qui fuient la guerre, la barbarie des hommes, porteurs d’images insupportables, de blessures visibles ou invisibles.

Ils sont là, de passage ou de manière plus durable, seules les conditions de vie dans leur pays le diront. Ils ont pris le risque de l’exode parce qu’ils n’avaient pas le choix comme tant de personnes  de notre région ont pu prendre ce chemin de l’exode en des temps tout aussi troubles en Europe et suite auxquels nous disons toujours « plus jamais ça ! ».

Pour ne pas rester que dans la théorie, voici quelques témoignages de vie recueillis à Calais, quelques actions mises en place à Dunkerque, quelques échos de Cambrai, autant de paroles et de gestes qui nous exhortent  à veiller sur notre prochain, à le porter dans la prière, à mettre en lumière ce dont l’Homme est capable aussi et surtout en bien.

En ce temps de Pâques où la Vie surgit du tombeau en Vie ressuscitée, ne fermons pas les yeux, osons une parole, partageons un geste !

                                                                                                                                                             Pasteur Olivier Filhol

Mars 2016

Contact