Juin 2015

Chers amis, A Pentecôte nous nous sommes rendus disponibles, dans la foi, individuellement et en communauté, au don de l’Esprit, pour nous la promesse de ce don faite par le Christ s’est réalisée. Et maintenant ?

L’Esprit-Saint est venu au secours de nos vies, de nos fragilités, de nos questionnements… L’Esprit-Saint est venu manifester la gloire de Dieu dans nos vies, a délié nos langues afin qu’elles proclament les merveilles de Dieu, Il a ouvert les oreilles afin que tous puissent en entendre le récit dans sa langue maternelle. Et aujourd’hui ?

Au lendemain de Pentecôte ce don de l’Esprit est-il du domaine du passé, de l’acquis, voir du passif ? Sommes-nous aujourd’hui toujours disponibles afin que l’Esprit porte son fruit dans nos vies, la vie de l’Eglise et la vie du monde ? Laissons-nous sa liberté première à l’Esprit de Dieu ou, sans nous en rendre compte parfois, lui dictons-nous nos bons vouloirs et les chemins que nous voudrions qu’Il prenne ?

Au lendemain de Pentecôte réentendons et méditons la parole de l’apôtre aux Galates. (Ga 5/22)

Le fruit de l’Esprit… c’est l’amour…

Comme pour une rencontre toujours possible et suscitée par un élan qui souvent ne se maîtrise pas, toujours tendue vers l’avenir sans pouvoir parfois en expliquer la genèse, toujours portée par le désir de communion sans en connaître tous les mystères. Amour qui est parole, geste, regard, présence… Amour qui est vie et projet de vie.

… c’est la joie…

Comme un éclat de vie qui résonne au cœur des jours, tout à la fois spontané et suscité par un partage qui enchante le cœur et l’esprit. Et cet éclat de vie est communicatif, récréatif, louange qui monte vers Dieu et habite la terre. Et cet éclat de vie est celui de tous les âges. Joie de celui qui découvre le monde. Joie du croyant qui découvre les signes de Dieu  déposés sur les chemins du monde. Joie de l’Eglise qui témoigne de la présence aimante de Dieu  au monde.

… c’est la paix…

Comme une caresse qui vient à la rencontre des blessures et des souffrances infligées par la vie, infligées par autrui. Caresse qui veille à ne pas réveiller les douleurs du passé et qui permet de vivre dans l’esprit des béatitudes. Paix sur les maux qui paralysent. Paix sur les mots qui aigrissent. Paix sur les gestes qui trahissent. Paix dans le creux des mains qui se tendent ouvertes au partage. Paix sur les visages qui se croisent disponibles au dialogue.

… c’est la patience…

Comme un temps ouvert pour accueillir, réfléchir, recevoir, se laisser déplacer, se convertir. Un temps pour laisser cheminer la parole entendue, pour laisser germer la parole semée, pour laisser grandir ce qui est nouveau. Un temps ouvert à la réconciliation, à la re(con)naissance. Un temps d’abandon à la confiance et à la grâce. Un temps de sagesse et de maturation nécessaire pour vivre et oser.

… c’est la bonté…

Comme un élan qui porte vers l’autre, qui le reconnaît et le rencontre là où il est, dans ce qu’il est, avec ce qu’il fait… Un élan qui permet de voir avec le cœur et donc de dépasser ce qui pourrait choquer les yeux et faire se détourner le regard. Un élan qui enrichit tout à la fois celui qui s’élance et celui vers qui on s’élance, un élan généreux qui n’attend rien en retour.

… c’est la bienveillance…

Comme une attitude  de discrétion, de respect mutuel, de compagnonnage. Une attitude qui permet de proposer sans toutefois imposer, qui permet d’être ensemble et de grandir ensemble, qui permet de penser ensemble pour pouvoir témoigner ensemble. Une attitude que nous avons toujours à travailler car elle n’est peut-être pas si naturelle dans le monde dans lequel nous vivons.

… c’est la fidélité…

Comme un engagement, un défi car elle est telle une alliance sur laquelle il faut veiller afin de pouvoir la vivre et en vivre quels que soient les contextes et les lieux. Un enjeu à relever et qui exige un vrai regard sur soi afin de pouvoir alors regarder l’autre, un vrai regard sur la communauté afin de pouvoir alors regarder le monde mais aussi un vrai regard sur le monde pour y voir la communauté, un vrai regard sur l’autre pour y voir le visage de Dieu. Fidélité et fidélités à qui ? À quoi ? Avec qui ? Pourquoi et pour quoi ?

… c’est la douceur…

Comme un baume pour calmer les tensions intérieures et relationnelles, comme un fruit sucré qui désaltère et nourri du soleil dont il s’est gorgé. Douceur dans un monde brutal. Douceur dans un quotidien parfois rugueux. Douceur au service des aridités diverses qui rendent le chemin parfois difficile. Douceur qui redonne son éclat au regard fatigué.

…c’est la  maîtrise de soi…

Comme une sécurité qui permet de ne pas se marginaliser, de ne pas être marginalisé. Qui permet de rester en contact, en dialogue, en présence en évitant de tomber dans les excès en tout genre que l’on regrette bien vite mais sur lesquels on ne peut revenir. C’est un service que l’on se rend en le rendant aux autres car là réside l’amour de soi et de son prochain, la paix pour soi et pour son prochain, car là se disent la bonté et la bienveillance, car là se jouent la fidélité et la douceur, car là s’expérimente la patience !

Chers amis, au lendemain de Pentecôte n’oublions pas que le fruit de l’Esprit c’est…la source alimentant notre communion en Christ dans laquelle nous puisons la force et la joie de vivre la communion fraternelle dans le quotidien de l’Eglise et dans un témoignage vivant qui manifeste au monde un élan de vie ressuscitée et transfigurée. Dieu est à l’origine de ce don, c’est Lui qui lui donne de porter fruit dans nos vies et de rencontrer le monde qui le reçoit alors dans sa langue maternelle, dans le quotidien de sa vie.

Au bénéfice de ce don, ne gardons pas pour nous-mêmes ce fruit de la grâce, offrons-le, partageons-le, cela ne nous appauvrira pas, bien au contraire nous en serons enrichis !

 

                                                                                              Pasteur Olivier Filhol

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