Partage en région. Février 2016

La première rencontre du conseil régional de l’année s’est déroulée comme à l’accoutumée sur trois jours, ce qui donne le temps d’une réflexion plus approfondie de certains sujets et une continuité dans l’aumônerie assurée par le Pr Olivier Filhol. Pour rebondir sur des préoccupations partagées dans toutes nos communautés et bien évidemment sous forme de questionnement dans le CRal, Olivier a choisi d’aborder le thème de l’autorité et du pouvoir dans l’Eglise, en échappant aux définitions toutes prêtes, sous l’éclairage des textes bibliques :

Dans Actes 4, on se renvoie tour à tour des questions d’autorité et de pouvoir. Suite à la guérison d’un infirme, la prédication de Pierre et Jean déclenche des conversions massives. Le sanhédrin (l’autorité judiciaire de l’époque) interroge les apôtres : « par quelle puissance (pouvoir) ou par quel nom (autorité) avez-vous fait cela ? ». Les apôtres ne se justifient pas mais répondent par l’autorité de la foi. Ils renvoient même à une accusation : « ce Jésus que vous avez crucifié…, eh bien c’est par lui ». Désarmés par la « non-justification » de ce pouvoir qui n’est pas celui des apôtres, les juges vont délibérer en l’absence des prévenus. C’est la parole qui agit. Le pouvoir n’est rien, seule l’autorité de Dieu est mise en avant.

Avec l’évangile selon Matthieu (Mt 21 : 28-46), à la suite de la parabole des deux fils, un débat aurait pu s’ouvrir sur le « faire » qui intéresse les foules, le « faire » contesté. Au lieu de cela, Jésus invite à s’interroger : qu’est-ce qui fait autorité, qu’est-ce qui sera décisif : un choix de vie ou un refus ? Entre pouvoir et autorité, Jésus n’apporte pas de réponse toute faite mais ouvre un chemin de réflexion intérieure. En vérité, celui qui a d’abord prononcé un « non », agira parce qu’il a cheminé. Un cheminement dont on ignore les méandres, mais force est de constater qu’initialement, le refus de l’autorité du père aurait pu créer une rupture. En humanité, l’important ne réside pas uniquement dans  la parole donnée mais aussi dans le choix final, la fidélité au père ; non dans la parole de rébellion de l’adolescent, mais dans  l’acquiescement de l’adulte, son agir.

Aussi, comment entendons-nous les réponses et restons-nous disponibles à l’Esprit pour discerner dans la vie, ce qui est fruit de l’Amour, de l’autorité de Dieu sur nous ? Quand nous faisons acte d’autorité sur autrui, ce doit être par et avec amour ; dans le cas inverse, on exerce un pouvoir. Dans les fonctions qui nous investissent d’un pouvoir, savons-nous l’exercer en autorité (dans l’amour du prochain). A contrario, ce qui nous permet d’accepter l’autorité de l’autre, c’est quand son pouvoir est exercé dans l’amour et accueilli comme tel.

Pouvons-nous dire que dès lors que sont maîtrisés dans une église les principes fondamentaux de l’amour et du service, les problèmes d’autorité et de soumission se résolvent d’eux-mêmes ? Et le plus souvent, ceux qui mettent trop l’accent sur ces choses cherchent plutôt à prendre eux-mêmes une place d’autorité qu’à servir les frères!

Enfin avec Luc (Lc 5 : 1-11), il est encore question d’autorité et de pouvoir. Où est le miracle ? L’Eglise retient une pêche « miraculeuse », pourtant le produit de la pêche est délaissé, comme inutile. Seule la Gloire de Dieu manifestée retient l’attention. On reconnaît dans l’évènement l’autorité de la parole de Jésus (incise à aller plus loin et à pêcher de nouveau). Cette autorité devant laquelle les disciples n’ont aucun argument pour refuser. Cette autorité qui laisse toute la liberté d’exprimer sa peur, de reconnaître que c’en est trop, de se reconnaître pécheur… jusqu’à s’abandonner au fruit de la Grâce pour suivre Jésus. Et tout cela sans que jamais aucun pouvoir ne soit revendiqué !

Jésus pouvait user de son enseignement pour asservir la foule, profiter de la barque pour imposer n’importe quoi aux pêcheurs, assurer son autorité par le miracle, et finalement, créer un schisme dans l’équipe. Mais son autorité est toute autre, loin du pouvoir dévastateur, elle est libératrice. Ainsi en est-il des signes de Dieu : ils peuvent nous apeurer, nous renvoyer à notre condition de pécheur, mais surtout ils nous entraînent à être des disciples dans l’abandon. Ainsi en est-il de notre engagement fidèle à Dieu qui garde toujours l’autorité dans nos vies, tout en nous laissant notre liberté.

 

Tour d’horizon des consistoires

Sont évoqués les mouvements pastoraux qui s’effectueront en juillet 2016. En Flandres-Artois-Littoral, les départs de François Dietz (hors région) et de Jérémy Duval (en congé pour convenance personnelle), en Haute-Normandie, le départ en retraite de Zoltan Zalay, en Hainaut-Picardie, les départs de Marie-Pierre Van den Bossche (hors région) et Marie-Laure Guttinger (retraite). Pour la Basse-Normandie, le départ d’Eric Trocmé (retraite) et de Sœur Christiane qui rejoindra sa communauté de Pomeyrol pour Pâques, marquant ainsi la fin d’une étape dans sa présence très appréciée dans l’église d’Alençon et auparavant à Maubeuge. La situation de la présence pastorale est inquiétante et fragile, le Conseil régional met tout en oeuvre pour y remédier par des interpellations multiples qu’il espère voir porter fruits. C’est en tous cas la position que défend Olivier Filhol lors des conférences des présidents et inspecteurs aux moments où celles-ci évoque les mutations et nominations au sein de l’Eglise.

Ici et là, des processus de regroupement sont en cours qui nécessitent en amont un travail de recherches concernant les titres de propriété des bâtiments. Patrick Wintrebert accompagne les associations qui font appel à lui et souligne l’intérêt de la circulaire de juillet qui simplifie les procédures en évitant désormais le passage en Conseil d’Etat dans bon nombre de situations.

De façon partagée, les pasteurs et membres des assemblées consistoriales constatent un ralentissement dans la  dynamique consistoriale : hormis les pastorales et la solidarité dans la couverture des actes pastoraux et liturgiques, les rencontres se raréfient, les chantiers spécifiques se font rares et les journées de regroupement des paroissiens s’espacent et mobilisent parfois peu de monde. Ces constats interrogent sur la façon de vivre l’Eglise et de « faire Eglise » ensemble, au-delà des frontières locales. Quand la communion fraternelle n’est vécue qu’entre soi, et ne ressent ni le besoin ni la nécessité de s’élargir au premier cercle du Consistoire, c’est toute la vision de l’universalité qui s’en trouve rétrécie.

Clôture des comptes

Selon les premiers éléments transmis par Michelle Thuillier notre comptable, le 31 décembre, 21 AC (sur 41) avaient rempli leur engagement vis-à-vis du budget régional, auxquelles se sont ajoutées 2 autres AC parmi les 10 dont le dernier versement est intervenu au-delà de cette date. Au total, sur l’exercice 2015, 1.115.537 euros ont été reçus au lieu des 1.178.230 euros attendus, soit une réalisation à hauteur de 11,36 mois (11,85 en 2014). Merci à toutes les Eglises qui ont contribué à ce résultat, parfois sans hésiter à réduire leur fonds de roulement. Le Conseil s’interroge malgré tout sur la capacité de la région à maintenir au même niveau son budget dans les prochaines années, alors que plusieurs AC demandent un gel, voire une diminution de leur participation et un grand nombre diminuent de fait, leurs versements. Dans le même temps, les versements sur les retards se raréfient.

Cependant, compte tenu des autres recettes et de l’exécution des dépenses, le résultat provisoire de l’exercice est positif de 8114 euros. Ceci nécessite encore confirmation mais permet d’envisager la participation raisonnable de la région Nord-Normandie à la vie de l’Union nationale conformément aux réflexions menées ces dernières années. Le Conseil régional donne quitus au président et à la trésorière pour veiller à ce que les capacités financières de la Région soient prises en compte lors de la prochaine conférence nationale des finances, en vue de la préparation du budget 2017 de l’union nationale qui sera soumis à l’approbation du Synode de Nancy en mai 2016.

Réflexion sur l’offrande

Suite à l’interpellation d’une église, le Conseil régional a entamé un processus de réflexion sur le sens et la place de l’offrande dominicale en tant qu’engagement du fidèle et geste liturgique de communion. Suite à quoi, l’équipe juridique a rédigé un document (voir fiche ci-jointe) dans le but d’éclairer les communautés sur le sens de l’offrande et le statut des collectes exceptionnelles ou affectées.

 

Poursuite du travail post-synodal

Les rapporteurs ont été reçus lors du conseil de décembre et le seront à nouveau en avril, une fois réalisé le travail de synthèse et défini les axes prioritaires des chantiers à mener. Les demandes en matière de formation ont été largement évoquées par les groupes : formation des conseillers presbytéraux, notamment sur le fonctionnement de l’EPUdF, formation à l’accompagnement, aux visites, aux cultes, aux actes pastoraux… Elles se sont accompagnées du souhait de connaître et d’utiliser les outils existants.

Au cours de sa rencontre, le conseil a engagé une réflexion plus large sur la mobilisation et l’engagement dans l’Eglise, sur le service et la disponibilité nécessaires pour dépasser le repli sur soi et croître en communion et dans le partage.  La communion fraternelle et la solidarité sont des piliers de l’Eglise. Comment partager la joie d’être Eglise, sans crouler sous le fonctionnement institutionnel ? Cette réflexion rejoint celle des AC en marche vers les regroupements : la sauvegarde de l’association (est-ce encore l’église visible ?) n’est sans doute pas l’essentiel, car en réalité, c’est la communion entre les membres et l’attachement à Christ qui donne sens à l’Eglise.

Le Conseil souhaite poser les bases du chantier « formation » dans la perspective du renouvellement des conseillers régionaux lors du prochain synode. C’est à eux que sera confiée la tâche de l’organisation autour d’une équipe ad-hoc d’une formation régionale envisagée probablement au cours du second semestre 2017.

Echos de l’Assemblée générale de la FPF

La Fédération a engagé lors de l’AG de janvier 2016 un travail autour du thème « communion et lien fédératif ». Elle a acté la réalisation d’un colloque théologique international à Paris et la non-réalisation du grand rassemblement initialement prévu à Lyon en 2017.

L’assemblée a réfléchi sur la question des migrants en France. Olivier Filhol fait le rapprochement avec les situations vécues dans notre région, plus particulièrement sur le littoral, depuis le Nord jusqu’à la Côte de Nacre et souhaite, dans le prolongement du synode 2015, partager une mise au point, en distinguant les migrants « en transit vers… » qui ne souhaitent pas s’installer en France (jungle de Calais,  Grande-Synthe) et ceux fuyant la guerre de Daech et la Syrie. La FEP a reçu un certains nombre de proposition d’hébergement. A Cambrai, une association interconfessionnelle s’est créée pour assurer l’accueil officiel de deux jeunes.

Intercession

Le Conseil accompagne de sa prière les familles endeuillées par les décès du Pr Raphaël Picon dont le ministère avait débuté dans la région, mais aussi les décès des papas du Pr Pascal Geoffroy, du Pr Jan Albert Roetman et de Thierry Fabian.

Il porte aussi les communautés locales en ce temps d’assemblées générales et de renouvellement, les CP élus dans l’élection de leur bureau, dans la nomination des représentants consistoriaux qui eux-mêmes éliront leur nouveau bureau, et dans le discernement de leurs délégués synodaux. Que Dieu accompagne son Eglise dans toutes ces dimensions, lui qui suscite et renouvelle sans cesse les vocations.

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