Roquefort-les-Pins 2016

Retraite spirituelle 2016, du consistoire de Côte d’Azur

Roquefort-les-Pins 2016

Les uns étaient venus pour le thème (« Péché, faute, culpabilité et jugement »), les autres pour l’orateur : Elian Cuvillier, pasteur et professeur à la faculté de théologie de Montpellier, d’autres encore pour la retraite (ah ! Le luxe de se retirer du tohu-bohu habituel au milieu des pins du Foyer de charité de Roquefort…les Pins!), ou pour « les trois, mon capitaine ! » ; cette année, la retraite a fait le plein.

Et j’aurais aussi plein de choses à vous dire (…même sur le silence, qui fait partie de l’expérience), car on « travaille » beaucoup dans ces retraites-là… Vendredi soir, samedi matin, après-midi, soir, dimanche matin. Plénières, séances de groupes. Enseignement magistral, débat, partage en groupes et moments de retour sur soi, et même heure du conte : Odette, pour ceux qui la connaissent est …inénarrable ! Il faut l’entendre !

Vous l’avez compris, je ne pourrai pas vous dire tout. Il faut choisir ! Bien choisir ! Et pas, mal choisir ! Nous y sommes . « Bien », « Mal ». A priori, la question est simple. Pour le vulgum pecus, il y a le Bien d’un côté, le Mal de l’autre, il suffit de bien choisir. Sauf que…ça ne fonctionne pas. Sans parler du « peuple à la nuque raide » qui dans la Bible ne cesse de désobéir à Dieu, l’Histoire nous a suffisamment montré que les groupes ont tendance à choisir le Mal plutôt que le Bien. Individuellement, ce n’est guère mieux. Vous avez tous en mémoire ces paroles de Paul : « Le Bien que je veux, je ne le fais pas. Le mal que je ne veux pas, je le fais quand même ». Ce qui pose le problème central de la liberté et de la responsabilité : l’homme est-il vraiment libre de choisir entre le Bien et le Mal ?

Je vous raconterais bien-ou mal : à vous de juger !- le cours sur le « péché originel », notion inventée par Saint Augustin pour des raisons tenant aussi bien à son histoire personnelle (ses rapports difficiles avec sa maman, Monique) qu’à la situation de l’Eglise d’alors (il veut défendre le christianisme contre deux hérésies : le manichéisme et le pélagianisme).

Mais je me sentirais coupable de ne pas vous faire partager les trois études bibliques de Romains 5 : 12-21 (le péché et la grâce)  Matthieu 13 : 24-30 (le bon grain et l’ivraie) ou Jean 9 : 1-41 (la guérison de l’aveugle né).

Alors, ne le prenez pas mal – et surtout, ne rejetons pas la faute à notre responsable de publication qui fait pour le mieux pour que le journal ne soit ni trop long ni trop court- vous voudrez bien vous contenter de quelques bribes, glanées çà et là (avec le secret espoir que, si ça m’a interpelée, ça vous interpellera aussi…).

 

Les trois « E » : La théologie, en général et pour chacun, cherche à faire tenir ensemble trois éléments : l’expérience personnelle (mon expérience de la foi), les Écritures, et l’Église (en tant que lieu qui recueille la tradition, la théologie, la confesssion de foi, etc.), trois éléments à voir comme les anneaux olympiques, imbriqués les uns dans les autres, ce qui les fait tenir ensemble étant un quatrième « E » : l’Esprit Saint. Il s’agit de faire en sorte que jamais l’un ne prenne le pas sur l’autre, sinon on tombe dans l’individualisme, ou le fondamentalisme (autre nom : la bibliolâtrie), ou le « magistère » (ou dogmatisme).

Si besoin était, rassurez-vous, Mesdames, vous n’êtes pas celles par qui le péché est entré dans le monde. Adam, aussi bien qu’Ève, n’a fait que laisser entrer le péché (Genèse 3), ce qui veut dire que le péché, le mal, les précède. Comme il précède tout homme- ou toute femme- depuis eux. Autrement dit encore, il n’y a pas plus de Bien sans Mal qu’il n’y a de Vie sans Mort… La dialectique, toujours la dialectique…

Comme le maître laisse pousser ensemble le bon grain et l’ivraie (de peur de ne tuer le bon grain en arrachant l’ivraie- ce que les jardiniers confirment), il est indispensable de laisser cohabiter le Bien et le Mal…jusqu’au « jour du jugement » . Si on prétend qu’on a éradiqué le Mal, c’est alors qu’on a le plus de chance d’être dans….le Mal. (Et ça, ça me parle aussi bien pour ce qui s’est passé, ou ce qui se passe dans le monde que pour ce qui s’est passé ou ce qui se passe dans l’église!).

Vous ne me jugerez pas coupable si pour une fois je ne me limite pas à trois points ? « Libre ? pas libre ? responsable, ? pas responsable ? »…il ne s’agit pas de « SAVOIR » mais de « VOIR » (« voir » Jean 9 !). En tout cas ma « guérison », c’est de devenir enfant de Dieu. Et être libre, c’est simplement acquiescer -ou non- à ce qui advient dans ma vie. Ce qui n’a rien à voir avec le fatalisme dans la mesure où je vais en faire quelque chose (de ce qui advient dans ma vie) ! La frontière est étroite… mais, «  grâce à Dieu », j’y peux quelque chose. Il s’agit de s’impliquer… (Ce n’est vraiment pas ma faute si ces propos d’Elian Cuvillier rejoignent ceux de Frédéric Rognon sur Ellul!).

Didier Meyer ne sera plus notre aumônier l’année prochaine… (sniff ! on aimait bien-entre autres- ses cantiques délicieusement régressifs…) mais il sera remplacé, et Yves Raoux (O-U-X et non O-U-L-T, les retraitants comprendront) reste -une valeur sûre! On se retrouve l’année prochaine !

Sans faute !

Anne-Marie Lutz

Pour parution dans le journal local  « Arc-en-Ciel » de l’EPU de Cannes

 

 

 

 

 

 

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